Mais, selon des congressistes, il semble d’ores et déjà certain que Marouane Barghouti, une figure charismatique du mouvement, emprisonné à vie en Israël, fera son entrée au sein du comité central du Fatah, fondé par Yasser Arafat il y a 44 ans [1].
Abbas, qui avait été réélu lui-même samedi à main levée à la présidence du mouvement - de sorte qu’il a été impossible de mesurer l’importance de son opposition interne -, est âgé de 74 ans et n’a pas de successeur désigné susceptible de régénérer le mouvement.
Discrédité par la corruption et le clientélisme, le Fatah a perdu en 2006 les élections législatives palestiniennes face au Hamas, avant d’être défait militairement par ses miliciens islamistes et chassé de Gaza l’année suivante.
Les détracteurs d’Abbas le jugent faible et ce premier congrès du Fatah depuis 20 ans - le premier aussi à se tenir en territoire palestinien occupé - était considéré comme une occasion pour rajeunir ses cadres et marginaliser sa "vieille garde".
L’entrée au comité central de Barghouti, 50 ans, ancien chef du Fatah pour la Cisjordanie, animateur charismatique de la seconde intifada et "martyr" des geôles israéliennes, pourrait s’avérer judicieux dans l’optique d’une future succession d’Abbas [2].
Le vote de Gaza retarde tout
"Barghouti pourrait être un bon leader pour le Fatah car il les qualités de dirigeant requises. Les gens l’aiment et le Fatah dépend du soutien populaire", souligne Moundhir Amira, un militant réformiste de 39 ans.
Mohamed Dahlan, ex-chef de la Sécurité préventive à Gaza, également candidat au comité central, aurait pu prétendre au rôle de numéro deux du mouvement, s’il ne passait pour avoir tenter de renverser le Hamas à Gaza après son triomphe électoral de 2006.
"Dahlan aurait pu être un leader mais c’est difficile maintenant pour lui de diriger le parti en raison de ce qui s’est passé à Gaza, même s’il possède les qualités d’un bon dirigeant", explique Amira, qui n’a pu décrocher un siège de délégués au congrès.
Quelque 2.355 délégués étaient présents à Bethléem pour choisir parmi 96 candidats, dont six femmes, les 18 sièges éligibles sur 21 au sein du comité central (exécutif). Mais seulement neuf titulaires ne se représentaient pas, pour cause de décès.
Les partisans du changement au sein d’un Fatah accusé de vivre dans le passé aimeraient voir des têtes nouvelles émerger au comité central. Mais les manoeuvres d’appareil de la "vieille garde" pour conserver ses acquis pourraient les décevoir.
Plus de 6.000 candidats, dont 50 femmes, postulaient d’autre part pour les 80 places à pourvoir au sein d’un conseil de la révolution (parlement) de 128 membres. Les chances d’y voir percer des "jeunes loups" étaient plus fortes qu’au comité central.
Les quelque 300 délégués au congrès basés à Gaza ont été empêchés par le Hamas de venir à Bethléem. Mais ils ont pu voter par téléphone et internet. C’est cette procédure peu habituelle et fastidieuse qui a encore rallongé la durée des opérations de vote, a expliqué un militant.