1. Le meurtre de Muhammad Shahin, 23 ans, qui était en train de regarder les affrontements entre les lanceurs de pierres et les forces de sécurité dans la ville de Salfit
Le mardi 12 mars 2019 après-midi, vers 15h, des soldats israéliens et des membres de la Police des Frontières sont entrés dans la ville de Salfit, qui se situe au Sud-Ouest de Naplouse. Environ 40 jeunes Palestiniens étaient en train de jeter des pierres sur quelque 10 membres des forces de sécurité, qui se cachaient derrière des conteneurs d’ordures à environ 100 mètres de là. Les forces de sécurité lançaient des grenades assourdissantes et tiraient sur les jeteurs de pierres, des grenades de gaz lacrymogènes, des balles en métal enrobé de caoutchouc et des balles réelles. Trois jeunes hommes ont été blessés par des balles en « caoutchouc » et un autre a été touché à la main par une balle réelle. Muhammad Shahin était en train de regarder les affrontements. Un témoin oculaire a déclaré qu’un ami lui avait demandé de se joindre aux jets de pierre, mais Shahin a refusé, en disant : « Non. Je suis toujours atteint même si je ne fais rien ». Il se tenait debout à environ 100 mètres des forces de sécurité, et à environ 20 mètres des lanceurs de pierres, qui étaient entre lui et les soldats. Vers 16 h 30, les forces de sécurité ont tiré une seule balle réelle, tuant Shahin.
2. Le meurtre de Ahmed Manasrah, qui était en train d’aider une famille dont la voiture était tombée en panne près d’un poste de contrôle
Le mercredi 20 mars 2019 au soir, vers 21 h, les quatre membres de la famille Ghayadah - Maysaa, ‘Alaa, et leurs deux filles, âgées de 5 et 8 ans - rentraient chez eux depuis le village de Irtas vers Nahhalin, à l’Ouest de Bethléem. Quand ils sont arrivés au poste de contrôle de Nashash/Efrat Nord, ‘Alaa Ghayadah a arrêté la voiture à cause d’un problème mécanique. Le poste de contrôle était ouvert et non gardé, mais il y avait des soldats dans une tour d’observation à environ 50 mètres. Aussitôt que Ghayadah est sorti de la voiture, les soldats qui étaient dans la tour d’observation lui ont tiré dessus et l’ont blessé à l’abdomen. Maysaa Ghayadah est sortie de la voiture et a appelé à l’aide. Une voiture qui passait s’est arrêtée et ses passagers sont venus à son aide. Trois d’entre eux ont emmené ‘Alaa Ghayadah à l’hôpital. Le quatrième, Ahmad Manasrah, 22 ans, de Wadi Fukin, à essayé d’aider la femme à faire démarrer la voiture, mais les soldats dans la tour lui ont aussi tiré dessus, le tuant. L’armée a publié plusieurs descriptions différentes sur les circonstances entourant l’incident, dont la dernière a mentionné une altercation entre les Palestiniens qui comportait des jets de pierres.
3. Le meurtre de l’ambulancier bénévole Sajed Muzhar, 17 ans, qui essayait d’aider un homme blessé
Le mercredi 27 mars 2019 au matin vers 6 h, 40 à 50 soldats et membres de la Police des Frontières ont effectué une descente au Camp de Réfugiés de Dheisheh, au Sud de Bethléem. Des affrontements ont éclaté entre les soldats et les habitants du lieu qui ont jeté des pierres. Après que trois des résidents ont été arrêtés, les forces de sécurité ont commencé à remonter une ruelle, au sommet de laquelle des véhicules militaires attendaient. Quelque 10 jeunes les ont poursuivis, en continuant à jeter des pierres. A ce moment-là, un membre des forces de sécurité a tiré sur un des habitants, M.J., 20 ans, le blessant à la jambe. Sajed Muzhar, un jeune ambulancier bénévole âgé de 17 ans, se trouvait à quelques dizaines de mètres derrière lui. Aussitôt que M.J. a été atteint, Muzhar a couru vers lui pour lui apporter des soins médicaux, en portant un gilet médical. Il a été touché à l’abdomen par le tir d’un membre des forces de sécurité et emmené à l’hôpital, où il a succombé à ses blessures.
4. Le meurtre de Muhammad Dar ’Udwan, 24 ans, de Kafr ‘Aqab, atteint par un tir de derrière alors qu’il s’enfuyait
Aux premières heures du mercredi 2 avril 2019, vers 3 h 30, plus de 10 véhicules des forces de sécurité israéliennes ont pénétré dans le quartier de Kafr ‘Aqab au Nord de Jérusalem-Est. Alors que les véhicules faisaient route, plusieurs jeunes ont lancé des pierres sur eux. Les forces de sécurité ont fait entrer leurs véhicules dans une des ruelles, et les jeunes, alors au nombre de dix, ont continué à lancer des pierres sur eux, alors que deux autres improvisaient des engins explosifs. Un autre groupe de soldats a entouré les jeunes et à tiré sur eux, en en blessant deux. Les jeunes se sont enfuis de la zone. L’un d’eux, Muhammad Dar ‘Udwan, 24 ans, a couru dans la direction opposée. Il a dépassé en courant un groupe de soldats, qui ont tiré sur lui. Il a continué à courir sous un barrage de balles tirées par les soldats. Un enregistrement vidéo pris par un habitant de l’endroit et un enregistrement pris par les caméras de sécurité d’un immeuble voisin montrent Dar ‘Udwan en train d’être abattu par derrière alors qu’il fuyait les soldats.
Ces quatre cas illustrent, une fois de plus, le peu de valeur que l’institution sécuritaire israélienne accorde à la vie des Palestiniens. Aucune des victimes ne représentait une menace pour la vie des personnels de sécurité. Pas un de ces incidents n’aurait dû se terminer par la mort. Ainsi que B’Tselem a mis en garde d’innombrables fois dans le passé, ceux-ci ne sont pas des erreurs, ou « des brebis galeuses ». Ce sont des incidents qui se produisent en tant que partie d’actions de routine de soldats et de policiers, conformément à la dangereuse politique israélienne de feu ouvert mortel.
C’est aussi la raison pour laquelle toutes les déclarations faites par le Porte-Parole des FDI [1] ou par tout autre fonctionnaire, promettant qu’une enquête de la police militaire sur l’incident a été ou sera lancée, doivent être considérées avec réserve. Les expériences passées ont montré que ces enquêtes ne sont qu’une partie du mécanisme de blanchiment utilisé par le Corps de l’Avocat Général de l’Armée, qui, peu importe le résultat, n’a aucune incidence sur la politique de feu ouvert et ne fait rien pour dissuader les forces de sécurité d’utiliser les tirs mortels sans aucune justification contre les Palestiniens.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT prisonniers de l’AFPS