Une tente de protestation a été inaugurée fin juillet comme lieu central de rassemblement local, de stratégie et de diffusion d’informations contre le Mur. Tandis que des centaines de personnes se sont rassemblées sous la tente, les Palestiniens ont lancé clairement et avec vigueur leurs messages de protestation contre les fondements politiques de la vision sioniste visant à judaïser Jérusalem.
Le réfugié palestinien est peut-être le symbole le plus révélateur de la Nakba (l’emblème tragique de la lutte palestinienne) et le testament de la résistance palestinienne immuable qui déstabilise le cœur même de l’idéologie sioniste.
Le camp de réfugiés de Shu’fat existe comme un rappel poignant aux forces d’occupation que la présence palestinienne ne peut pas être exterminée.
Avec cela, le Mur d’Apartheid est un instrument décisif qui cherche à actualiser les objectifs sionistes plus larges visant à coloniser Jérusalem en isolant le camp de réfugiés, Anata et Dahiyat Assalam [[respectivement village tout proche et quartier voisin de Shu’fat]. Ce faisant, le Mur facilitera un but sioniste plus étendu qui tend à réduire le nombre de Palestiniens à Jérusalem en leur déniant toute existence à l’intérieur de la ville. Des milliers de travailleurs venant de différents lieux en Cisjordanie se trouveront eux aussi sans travail ni ressources.
Le Mur dans cette zone de Jérusalem (où vivent plus de 30.000 Palestiniens) va encercler le camp de réfugiés de Shu’fat, Anata et Dahiyat Assalam de tous les côtés, incarcérant ces communes et les transformant en prisons ethno-raciales afin de connecter la colonie au Nord-Est de Pisgat Ze’ev à Ma’ale Adumim, via le « nouveau Anatot » ou la colonie Anatot Hadasha ainsi nommée, qui va être construite sur les terres d’Anata.
Pendant plus d’une année, les forces d’occupation ont essayé (avec l’aide de responsables des USA et d’avocats israéliens prétendant représenter les « intérêts » des personnes) de persuader le camp de négocier le tracé du Mur à travers plusieurs arrangements proposés. La proposition la plus commune a été de changer le tracé du Mur de façon à ce que le camp et Dahyat Assalam restent à Jérusalem. Cependant, dans ce cas, le Mur passerait directement au milieu d’Anata, coupant entre les maisons et à certains endroits, carrément à travers celles-ci.
Des « offres » additionnelles incluaient le fait de rajouter plus de portails d’entrée et l’achat par les forces d’occupation des terres sur lesquelles passait le Mur ainsi que celles isolées derrière ce dernier. Ces termes ont été rejétés avec fermeté par les gens de Shu’fat et de Dahyat Salam qui comprirent clairement que toutes les conditions de la prétendue négociation n’ont qu’un but : celui de légitimer l’existence du Mur. Les gens dans le Camp, à Anata et à Dahyat Assalam choisirent plutôt de cibler directement leur résistance sur la destruction totale du Mur et sur les tentatives sionistes plus larges visant à les écarter de Jérusalem.
La tente de mobilisation du camp de réfugiés de Shu’fat jette un signal fort d’unité parmi la communauté de personnes qui ont été exilées de leurs foyers et confinées de force dans un contexte socio-économique pire que celui des ghettos. Il représente une plateforme à travers laquelle les communautés locales peuvent ensemble faire du lobbying et faire savoir à la communauté internationale dans son ensemble que Jérusalem reste de prime importance pour la Palestine et qu’elle ne sera jamais consumée par l’appétit vorace des sionistes.
Des messages clairs ont également été envoyés aux responsables de l’Autorité Palestinienne qui demeurent honteusement silencieux et complices, échouant à défendre Jérusalem par des efforts et des mesures significatives contre le projet d’occupation.
Mais le message le plus poignant est peut-être la permanence de la campagne de mobilisation dans le camp de réfugiés de Shu’fat.
La Palestine est gravée pour toujours dans le paysage historique et dans la mémoire de ses villages et de ses villes, y compris de Jérusalem.
Elle est profondément entrelacée avec les routes longtemps parcourues de la ville, son ancienne architecture et son archéologie ainsi que sa continuité à travers les strates de colonisateurs et d’envahisseurs. Avec le temps, l’occupation sioniste actuelle ferait bien d’accepter sa place inévitable à l’intérieur de la poussière historique de la terre palestinienne.