Photo : Les locaux de la Cour pénale internationale, La Haye, 2016 - Source : Wikipedia
Les membres du Conseil législatif palestinien à Gaza (CLP) ont tenu une conférence de presse le lundi 26 juin pour annoncer qu’ils avaient déposé une plainte auprès du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) en raison de la crise humanitaire à Gaza, conséquence directe du blocus continu qu’Israël impose à l’enclave palestinienne depuis 17 ans.
La plainte porte sur les crimes contre l’humanité imputables au siège israélien, et notamment sur les dommages causés à la santé, l’environnement, les conditions de vie, l’économie et la vie sociale de plus de deux millions de personnes dans la bande de Gaza.
Les membres du CLP ont affirmé que le siège en cours constitue un crime contre l’humanité, une violation du Statut de Rome et un crime d’apartheid. Le CLP est l’organe législatif de l’Autorité palestinienne et comprend 132 membres élus par les Palestiniens de la Cisjordanie occupée et de la bande de Gaza. Les dernières élections du CLP ont eu lieu en 2006 et l’organe législatif a été suspendu en 2007 à la suite de la scission entre le Hamas et le Fatah.
« La Cour pénale internationale, en référence à ses principes et à ses lois, a la responsabilité de rendre justice au peuple palestinien et de mettre fin à la terreur israélienne permanente ainsi qu’aux crimes commis contre lui », a déclaré Ahmed Bahar, chef de du CLP à Gaza. Il a demandé à la CPI d’intervenir immédiatement et de contraindre l’occupation à mettre fin au siège de Gaza.
M. Bahar a également évoqué le retard pris par la CPI pour répondre à la plainte du CLP, estimant que cela revient à encourager l’occupation à poursuivre ses crimes contre les Palestiniens. Selon lui, il s’agit là d’un mépris du Statut de Rome et des principes du droit international humanitaire sur lesquels la CPI est fondée.
La plainte prévoit des réparations pour les Palestiniens de Gaza, dont les pertes économiques directes en raison du blocus sont estimées à 16,7 milliards de dollars pour la période allant de 2007 à 2018, d’après un rapport des Nations unies.
Les Palestiniens ont rejoint la CPI en 2015 et ont déposé des dizaines de plaintes contre Israël depuis lors. En 2019, la procureure de la CPI en poste à cette époque, Fatou Bensouda, a déclaré que la Cour ouvrirait une enquête approfondie sur les crimes de guerre commis par Israël contre les Palestiniens en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza.
Les Palestiniens ont salué cette décision, mais, sur le terrain, aucune mesure concrète n’a encore été prise.
La résistance, pas les négociations
Les Palestiniens considèrent que le rôle jusqu’ici inefficace de la CPI sur la Palestine illustre l’influence d’Israël sur les États-Unis et les pays européens, qui sont ses alliés, ou qui ont peur de lui demander des comptes par crainte d’être taxés d’antisémitisme.
« La CPI plie sous la pression de la communauté internationale, qui soutient Israël », a déclaré à Mondoweiss Mahmoud al-Zahar, membre du CLP et l’un des fondateurs du Hamas. « On sait que les États-Unis et l’Europe sont en mesure d’activer ou de bloquer la CPI, mais ils évitent d’entrer en confrontation avec Israël, de peur d’être accusés de racisme à l’égard des Juifs. Ces pays pensent donc qu’il est sage de ne pas s’engager dans une action contre Israël. Mais si la conscience de l’humanité était vivante, la décision de demander des comptes à l’occupation serait prise, peu importe les tensions qu’elle pourrait entrainer entre Israël et les autres pays du monde », a-t-il ajouté.
Le dirigeant du Hamas et représentant du CLP a déclaré qu’il devait y avoir un consensus international pour faire respecter les droits du peuple palestinien et prendre des mesures concrètes afin de criminaliser Israël qui viole les droits humains et se rend coupable de crimes contre l’humanité.
Tout en se félicitant des démarches juridiques entreprises par le CLP de Gaza auprès de la CPI, M. al-Zahar estime que la fin du siège ne sera possible qu’avec une résistance plus importante.
« Il est clair que l’occupant ne s’est pas retiré de Gaza par l’intermédiaire du droit international ou de négociations. La résistance l’en a chassé, et une résistance accrue mettra fin au siège », a-t-il déclaré à Mondoweiss.
Traduit par : AFPS