[1] voir aussi PNN :
Des intellectuels israéliens dénoncent les dérives fascistes du gouvernement
Alors que dimanche le gouvernement israélien adoptait l’amendement sur l’obligation d’allégeance à l’Etat d’Israël comme Etat juif, des intellectuels israéliens ont protesté contre les dérives "fasciste" d’Israël.
"Tous ceux qui veulent devenir des citoyens israéliens naturalisés devront déclarer qu’ils seront des citoyens loyaux de l’État d’Israël comme État juif et démocratique", expliquait le premier ministre israélien Netanyahu dimanche dernier avant le vote. L’amendement a été adopté par une majorité de 22 ministres contre huit. Avant d’être officialisé, l’amendement doit encore passer devant la Knesset [Parlement], mais celle ci étant majoritairement à droite, la loi devrait être promue très prochainement.
Les différents partis palestiniens ont immédiatement condamné cette loi, qui signifierait l’abandon pour les exilés et leurs descendants du droit au retour. Pour l’Autorité palestinienne de Ramalah, cette loi est raciste et ne fera qu’augmenter les clivages qui existe déjà entre les pratiquants des différentes religions.
Lundi, une manifestation s’est tenue à Tel Aviv, devant la maison où, en 1948, Ben Gourion avait lu la déclaration d’indépendance d’Israël. Plus de 60 ans après, à l’initiative d’intellectuels et artistes israéliens, une "déclaration d’indépendance par rapport au fascisme" a été signée.
"Nous sommes les citoyens de l’Israël qui a été dépeint dans la déclaration d’indépendance, un pays recherchant la paix sur la base des principes d’égalité et des libertés civiles. Nous ne comptons pas être les citoyens d’un État se faisant passer pour Israël qui cesse d’être démocratique et emprunte la voie vers le fascisme" ont proclamé les manifestants présents lors de l’évènement.
L’actrice israélienne Hanna Meron a également lu le passage suivant de la déclaration d’indépendance de Ben Gourion : " l’État d’Israël sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix enseignés par les prophètes d’Israël ; il assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ; il garantira la pleine liberté de conscience, de culte, d’éducation et de culture ; il assurera la sauvegarde et l’inviolabilité des Lieux saints et des sanctuaires de toutes les religions et respectera les principes de la Charte des Nations unies."
Pour l’intellectuel Gidéon Levy, ce jour [où a été voté le projet de loi] est un jour funeste qui pourra marquer l’avènement de "la République juive d’Israël", État théocratique peut l’être l’Arabie Saoudite. Comme il l’écrit dans le quotidien Haaretz, Israël dérive vers une forme de "maccarthysme", et la notion même de démocratie est remise en question. Car comme il l’explique, la loi d’allégeance n’est pas la seule loi anti-démocratique qui sera débattue à la prochaine session de la Knesset. Seront également débattue, une loi de fidélité pour les débutés de la Knesset, une loi de fidélité pour la production cinématographique, une loi interdisant l’évocation de la Nakba [catastrophe de 1948 pour les palestiniens], une loi interdisant l’appel au boycott ainsi qu’un projet de loi pour la révocation de la citoyenneté.
Gidéon Levy explique que cette loi aura un impact sur tous les citoyens d’Israël, car le monde ne verra plus, pense-t-il, Israël comme une démocratie après cela. Il manifeste également son inquiétude face à l’apathie de cette "majorité silencieuse", qui aurait du selon lui remplir les rues et les places publiques pour manifester contre cette attaque aux libertés des minorités en Israël.
Cet article a été publié lundi dernier dans le quotidien Haaretz. Seulement voila, la réactions du reste du monde, des États-Unis en fait, n’est pas ce que pouvait espérer M. Levy. En effet, mardi, P.J. Crowley, porte parole du ministère des affaires étrangères américain déclarait reconnaitre "l’aspiration du peuple d’Israël" à être considéré en tant qu’ État juif. Il ajoute que les États-Unis reconnaissent "le caractère spécifique de l’État d’Israël. Israël est la patrie du peuple juif" ajoutant qu’il pouvait être également "un État pour des citoyens d’autres confessions."
La réponse de l’Union Européenne est plus nuancée, mais ne condamne pas pour autant la décision israélienne. L’UE a appelé Israël à garantir les droits de tous ses citoyens. Cité par l’AFP, Maja Kocijancik, porte parole de Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, a déclaré que l’UE soutenait la solution de "deux États démocratiques vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité" et que ces États devraient garantir "pleinement l’égalité de tous leurs citoyens" précisant que "dans le cas d’Israël cela veut dire qu’ils soient juifs ou pas."
Seule la Syrie et la Turquie ont condamné la décision d’Israël d’obliger les candidats à la citoyenneté de prêter allégeance à "l’État juif et démocratique". Les deux pays ont condamné le caractère raciste et fasciste d’une telle loi. Le président syrien Bachar al-Bassad a déclaré "Il est désormais prouvé qu’Israël, qui se présente comme le seul pays démocratique au milieu du monde arabe et musulman, est un pays raciste." Pour le chef d’État syrien, les décisions récentes d’Israël ne montrent aucune volonté sérieuse de s’engager plus en avant dans les négociations de paix avec les palestiniens.
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