Sous forte pression américaine, Israël a accepté de retirer près de 50 barrages routiers en Cisjordanie. Une décision qualifiée par la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, de « très bon début » pour améliorer la vie quotidienne des Palestiniens. « Israël va retirer près de 50 barrages pour permettre les mouvements de véhicules entre les villes de Jénine, Tulkarem, Qalqilya et Ramallah », a indiqué le ministère israélien de la Défense dans un communiqué. L’Etat hébreu a également annoncé qu’il étudierait la possibilité de lever d’ici le mois de mai des barrages supplémentaires, sur les quelque 500 barricades et points de contrôle déployés en Cisjordanie. Commentant cette décision, le premier ministre palestinien Salam Fayyad a déclaré : « Nous acceptons ces mesures comme autant d’actes visant à améliorer la vie du peuple et à renforcer la possibilité de travailler et de construire notre Etat ».
Pour sa part, le président Mahmoud Abbass a accusé samedi dernier Israël, à l’ouverture du sommet arabe de Damas, de morceler les territoires palestiniens en cantons isolés pour empêcher la création d’un Etat. « Les négociations ne peuvent pas progresser, et ne peuvent même pas continuer, si les bulldozers israéliens continuent de spolier nos terres pour y construire des colonies ou si les opérations militaires israéliennes se poursuivent ». La communauté internationale doit assumer ses responsabilités et sauver le processus de paix et réaliser que si Israël continue à saper les négociations, cela aura des conséquences catastrophiques sur la région et la paix mondiale. « Les prochains mois seront décisifs. Arriver à la fin de l’année sans parvenir à un accord de paix augurera une nouvelle ère de tensions dans la région », a jugé Mahmoud Abbass.
Par ailleurs, le communiqué du ministère israélien a indiqué que les forces de sécurité palestiniennes fidèles au président Mahmoud Abbass déploieraient 700 policiers dans la zone de Jénine (nord-est de la Cisjordanie), précisant toutefois que la responsabilité globale de la sécurité resterait entre les mains d’Israël. L’Etat hébreu a également accepté d’atténuer les restrictions de déplacement imposées à 1 500 Palestiniens et d’augmenter le nombre de permis de travail pour les Palestiniens en Israël, afin de rééquilibrer l’économie palestinienne. Le ministre israélien de la défense, Ehud Barak, a également annoncé son intention d’autoriser la livraison de 25 véhicules blindés russes à l’Autorité palestinienne, pour renforcer les services de sécurité du président Mahmoud Abbass face aux islamistes du Hamas, qui ont pris le pouvoir par la force en juin 2007 dans la bande de Gaza. Les habitants de cette bande sont soumis depuis la mi-janvier à un blocus d’Israël, en représailles aux tirs de roquettes sur l’Etat hébreu. A cet égard, Mme Rice avait indiqué avant son arrivée en Israël qu’elle souhaitait cette fois-ci faciliter la circulation de marchandises et de personnes en Cisjordanie pour y améliorer la situation économique, au moment où de récents sondages montrent que le soutien au processus de paix s’affaiblit aussi bien dans la population palestinienne que parmi les Israéliens.
En effet, la secrétaire d’Etat américaine Rice est arrivée en Israël pour sa seconde visite depuis le début du mois de mars afin de relancer la roue des négociations entre le premier ministre israélien, Ehud Olmert, et le président palestinien, Mahmoud Abbass, suspendues depuis le début du mois de mars. « Je suis convaincue que ce qu’il nous faut, ce sont des progrès tangibles vers une vie meilleure pour les Palestiniens, au moment même où nous avançons vers la création d’un Etat », a affirmé Mme Rice.
Mais les décisions israéliennes ont donné un faible espoir pour relancer les négociations. D’autant plus que se poursuit la construction dans les colonies juives en Cisjordanie occupée, qui constitue la principale pierre d’achoppement des négociations relancées fin novembre à la conférence internationale d’Annapolis aux Etats-Unis. Ces négociations font du sur-place également en raison des violences meurtrières israélo-palestiniennes fin février et en mars. L’Europe et les Etats-Unis ont pressé Israël d’ordonner un gel de la colonisation durant ces négociations, ce que M. Olmert a refusé.