L’ironie de l’histoire est que l’artisan palestinien d’Oslo (qui goûta fort peu de voir Yasser Arafat récolter seul les fruits de ses efforts), Mahmoud Abbas, est celui qui semble le plus déterminé aujourd’hui à jeter au panier cet accord (1993) et ceux qui en découlent (Gaza-Jéricho, 1994 ; Olso II, 1995). Thomas Friedman a bien résumé dans le New York Times, encore lui, (on y revient avec un peu de retard) l’exaspération devant un processus vicié, à la réserve près que la dérive d’Oslo ne date pas d’hier.
Que peut faire aujourd’hui Mahmoud Abbas ? Après un tel coup d’éclat et compte tenu de son état d’esprit si on lit ces confidences de Menahem Klein qui recoupent les “fuites” palestiniennes, il peut difficilement revenir aujourd’hui sur sa revendication de la nécessité d’un “gel” de la colonisation. Mais il est tout aussi peu probable que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, cède sur toute la ligne sur ce point. Peut-il reconsidérer à la marge ses propositions de gel limité dans le temps et dans l’espace (hors les “blocs” et Jérusalem-Est) ? M. Abbas peut-il alors accepter un “meilleur” marché ? Ce genre de pratiques a pu fonctionner pendant les cinq premières années d’Oslo. On doute aujourd’hui que cela soit encore possible [1].
Ce qui frappe donc dans cette séquence, c’est combien elle dévoile l’absence d’alternatives des principaux acteurs. Côté palestinien, M. Abbas compte dans le gouvernement de Salam Fayyad un théoricien de l’auto-dissolution de l’Autorité palestinienne, Ali Jarbaoui, ancien professeur de sciences politiques à Bir Zeit. Mais cette dissolution était alors conçue pour provoquer un réengagement américain, alors qu’aujourd’hui elle solderait précisément une initiative américaine ratée.
La dissolution de l’Autorité placerait également Israël, principal bénéficiaire du statu quo jusqu’à présent, dans une situation totalement inédite. Il est peu probable, compte tenu de la clarté des résultats des élections de février, que ce coup de boutoir entraînerait une redistribution des cartes politiques, mais que ferait Israël d’une Cisjordanie sans Autorité ? [2]
La question se poserait également pour les Occidentaux, car cette dissolution marquerait la fin de leur tactique dite “la Cisjordanie d’abord” mise au point après la prise de contrôle de Gaza par le Hamas. Elle signerait la fin d’un modèle expérimental d’Etat virtuel, hors-sol, perfusé à grand frais, opposé au chaos et à la misère de Gaza.
PS : verve diplomatique, suite, avec le communiqué de l’Elysée suite à la rencontre entre M. Nétanyahou et Nicolas Sarkozy :
“Le Président de la République et le Premier ministre de l’Etat d’Israël, M. Benjamin NETANYAHOU, se sont entretenus aujourd’hui au Palais de l’Élysée.
Les deux dirigeants ont évoqué les principales questions internationales et notamment les moyens de relancer sans délai le processus de paix au Moyen Orient. Le Président de la République et le Premier ministre israélien ont marqué leur accord pour déployer tous les efforts dans ce but et rester en contact étroit sur cette question. Le dossier nucléaire iranien a également été évoqué à la lumière des dernières évolutions.
Le chef de l’Etat et le Premier ministre ont par ailleurs exprimé leur satisfaction concernant l’excellente relation bilatérale entre la France et Israël et le développement de la coopération entre les deux pays.”