La Syrie a transmis à Israël via le médiateur turc un document délimitant précisément les frontières du Golan occupé, dont elle réclame l’évacuation en échange de la paix avec l’État juif, a-t-on appris hier de source proche de ces pourparlers indirects. La Syrie attend désormais la réponse israélienne par le biais de la Turquie, où ces pourparlers indirects ont été engagés cette année après huit ans d’interruption avant d’être à nouveau suspendus il y a trois mois par la démission du Premier ministre israélien Ehud Olmert.
Le président Bachar el-Assad a confié récemment à des visiteurs occidentaux que la Syrie voulait qu’Israël se prononce clairement sur les contours du problème territorial entre les deux pays avant d’accepter que les pourparlers passent à une vitesse supérieure.
Même démissionnaire, Ehud Olmert s’est dit prêt à accéder au stade des pourparlers directs et la Turquie le souhaite aussi, mais le chef de l’État syrien veut auparavant « connaître ce qui constitue le territoire syrien occupé dans l’esprit d’Israël », souligne-t-on de source proche des pourparlers.
On précise, de même source, que le document syrien fixe six lieux géographiques de référence sur les rives du lac de Tibériade qui, s’ils étaient acceptés par Israël, faciliteraient la conclusion d’un accord dès l’an prochain, une fois passées les législatives israéliennes de février. « Mais Israël pourrait ne pas être en mesure de fournir une réponse dans un avenir proche au vu de l’ébullition politique qu’il connaît », ajoute-t-on.
Le plateau du Golan a été conquis par l’armée israélienne lors de la guerre de 1967 puis annexé en 1981 – une initiative unanimement rejetée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Dans les années 1990, les négociations sous l’égide de l’ONU pour sa restitution ont buté sur l’ampleur du retrait israélien du Golan. Le défunt président Hafez el-Assad, père du chef de l’État syrien actuel, avait refusé de conclure un accord ne restituant pas à son pays l’accès dont il disposait avant juin 1967 au lac de Tibériade, stratégique réservoir d’eau régional. Bachar el-Assad s’en est tenu à la position de son père alors que l’État juif, qui a pris le contrôle de toute la rive nord-est du lac lors de la guerre, a proposé à la Syrie de ne se retirer que sur une ligne excluant un accès direct à la nappe d’eau en raison de sa rétractation depuis des décennies.
Le document syrien transmis à Israël via la Turquie « nous positionne sur l’eau », a déclaré un responsable syrien. « La définition syrienne de la ligne du 4 juin (1967) implique la restitution de la rive nord-est du lac à la Syrie », avait déjà fait savoir le mois dernier le vice-président syrien Farouk el Chareh, estimant non pertinents les arguments israéliens sur la rétraction de l’étendue d’eau.
Même si les deux parties réglaient ce litige territorial, on estime dans les milieux diplomatiques qu’un traité de paix ne sera pas facile à conclure car Israël a ajouté trois conditions depuis 2000 : que la Syrie renonce à son alliance stratégique avec Téhéran et qu’elle réduise son soutien au Hezbollah libanais et au Hamas palestinien. M. Assad a confié à des visiteurs que la Syrie avait reçu via la Turquie un document portant sur ses relations avec ses États voisins après l’accord de paix envisagé. « Le président a dit y avoir répondu, mais il n’a pas dit comment », a rapporté l’un d’eux.
De source autorisée syrienne, on souligne qu’Israël n’a pas à poser de conditions à la Syrie concernant sa politique étrangère, mais on reconnaît que la carte politique de la région serait notablement modifiée si les deux pays parvenaient à conclure un traité de paix.