Monsieur le Ministre,
Lundi 29 juin, la France aura à examiner le rapport du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies du 23 juin dernier concernant les violations de ces droits en Palestine occupée (Cisjordanie, Jérusalem-Est et particulièrement bande de Gaza) ainsi qu’en Israël durant l’offensive militaire israélienne du 13 juin au 26 août derniers.
Plus de 2100 Palestiniens, majoritairement civils, et 73 Israéliens, majoritairement des soldats, y ont été tués tandis que le territoire de Gaza, sous blocus inhumain depuis 2007, a une nouvelle fois été ravagé et demeure en ruines.
Ce rapport s’avère particulièrement documenté et précis. Le gouvernement et les institutions de Palestine ont contribué au travail de la commission d’enquête de l’ONU, ce qui n’est pas le cas, vous l’aurez noté, des autorités israéliennes.
Il apporte des informations substantielles mettant en évidence de possibles crimes de guerre israéliens et donc des dirigeants politiques et militaires de l’Etat d’Israël. Il relève de même, bien que dans une moindre proportion, de possibles crimes de guerre de groupes de résistance palestiniens, sans toutefois les replacer dans le contexte de la résistance à une occupation qui dure depuis 48 années.
Le rapport met aussi une nouvelle fois en lumière, comme l’avait fait la commission d’enquête présidée par le juge Goldstone à l’issue de l’offensive israélienne de l’hiver 2008-2009, les effets mortels de l’impunité dans ce conflit qui n’a que trop duré depuis des décennies. C’est de facto un appel à la communauté internationale à y mettre un terme dans l’intérêt des deux peuples, palestinien et israélien.
Les paramètres d’une solution politique sont connus, c’est le droit international.
Son application ne peut continuer à être soumise à l’approbation ou au refus de l’une des parties, en l’occurrence à l’Etat d’Israël qui le refuse ostensiblement.
Monsieur le Ministre, conformément aux principes de sa diplomatie fondée sur le respect du droit international et la défense des droits humains, la France se doit d’adopter ce rapport et ses recommandations. Elle signifiera ainsi que l’impunité dont jouissent les dirigeants de l’Etat d’Israël ne peut indéfiniment perdurer. Nul doute qu’elle entraînera ses partenaires, en particulier au sein de l’Union européenne, à suivre cette voie de la raison et de la paix.
S’engageant pour que justice soit rendue aux victimes, la France, dans le même temps, ne peut manquer de soutenir activement les démarches palestiniennes auprès de la Cour pénale internationale. La France doit également fournir à la Cour les éléments dont elle dispose comme elle l’a fait dans les cas de la Côte d’Ivoire et de la République démocratique du Congo.
Je vous prie de croire, monsieur le Ministre, en ma profonde considération
Taoufiq Tahani
Président de l’AFPS