Ils me disent souvent - est ce si grandiloquent comme penseront certains ? - « que le monde doit savoir ». J’entends bien essayer humblement de leur donner voix au chapitre. C’est à Hébron (Al Khalil) que je me suis installé. Grande ville palestinienne où des colons se sont installés au cœur même de la vieille ville, elle est un symbole du conflit. Ainsi je préviens le lecteur : je ne serai pas objectif. Ni représentative ni fictive, ni exhaustive ni concise, ma chronique ne sera qu’une modeste tentative de vous y emmener, en Palestine, l’espace d’un instant.C’est l’heure des premiers pas, des premiers contacts, des premiers check point. J’avais beaucoup imaginé par mes lectures la Palestine mais la surprise fut totale. La foule qui fréquente la vieille ville d’Al Khalil peine à compenser le vide des ruelles où les magasins fermés se suivent les uns après les autres. Pourtant, la vie continue et les sourires fleurissent. Les palestiniens ne font même plus attention aux drapeaux israéliens qui flottent aux étages des bâtiments où se sont installés les colons tandis que je semble être le seul à être étonné du vrombissement des avions le soir. En dehors de la vieille ville sous contrôle israélien, Al Khalil dépend de l’Autorité Palestinienne, le conflit s’il peut l’être semble moins pesant ou plutôt moins visible. Le contact est facile. En tant qu’Européen, je suis salué dans la rue et assené de « bienvenue ! » en toutes les langues. Les palestiniens sont très fiers de nous voir passer le mur qui les sépare d’Israël. Dans la journée, la chaleur et le jeûne du ramadan dissuadent toute activité. D’ailleurs, les restaurants et autres échoppes sont pratiquement fermés. Seul le souk et ces multiples opportunités offre un plaisir certains par sa chaleur humaine et ces couleurs pittoresques et fait presque oublier les odeurs désagréables qui émanent de ces lieux historiques et précaires que certaines associations tentent malgré bon gré de réhabiliter.
Balbutiant quelques mots d’arabe, j’arrive très vite à être invité le soir pour boire un thé ici et là. La gentillesse des intéressés est sans limite. A tel point qu’il peut paraitre pénible d’être l’invité permanent, ne payant rien mais toujours au centre des attentions. Pour autant, les rencontres ne s’épanchent pas en banalités. Très vite, les histoires fusent. Ici c’est un cousin en prison, là bas c’est un ami humilié, la liste est longue… Ce qui pourrait sembler comme du ressentiment ne l’est point forcément car toutes ces histoires finissent cependant par deux idées, l’envie d’une paix mais pour cela d’un pays. C’est cela que je vais vous raconter.