20 juin 2004
Pour les résidents de Jérusalem la semaine a été dominée par le début de la construction d’un mur de béton qui va couper par le milieu les quartiers de Dahiet Al Barid et Al Ram et les isoler de Jérusalem. Selon une estimation, 80 000 résidents vont être isolés des services médicaux et éducatifs de Jérusalem, de même que de leurs lieux de travail et de culte. En deux jours tout un côté de la route qui relie le point de contrôle de Kalandia à Jérusalem, celui qui va dans la direction de Jérusalem, a été éventré, jusqu’à Dahiet Al Barid. 3 à 4 kilomètres de macadam ont été détruits.
Les résidents de ces quartiers ont combattu la construction du mur devant les tribunaux israéliens. Le 10 juin, la Haute Cour a décidé de se réunir en session extraordinaire à la suite d’une requête des habitants : ils n’avaient pas été prévenus à temps et ils n’avaient pas eu d’information sur la construction ni de cartes sur le tracé. Le 13 juin, la Haute Cour a déclaré que les travaux d’infrastructure du mur pouvaient continuer -nivelage des chaussées et trottoirs- mais que l’érection de murs de béton hauts de 8 mètres devrait attendre.
Le 11 juin à Al Ram, des centaines de personnes ont prié à midi sur ce qui est maintenant un chemin de terre, pour protester contre la construction du mur. « Quiconque aide à construire ce maudit mur raciste, ou amène des matériaux pour le construire est un traître, un pécheur, et devra être rejeté, ou forcé à quitter notre pays » a dit le Sheikh Tayseer Al Tamimi, dans le sermon de vendredi.
Le même jour, le grand Mufti de Jérusalem, Sabri Ikrima, a lancé une « fadwa » contre tous les Palestiniens qui aident Israël à construire le mur, des traîtres, a-t-il dit.
Mais le début de construction de cette portion du mur israélien en Cisjordanie a été quasiment occulté par la construction qui commence dans une autre partie, autour de la colonie d’Ariel, au cœur de la Cisjordanie. La construction du segment d’Ariel a commencé la semaine dernière. Les habitants du village d’Azzawiya ont été informés que 4500 acres de leur terres sont confisqués par les autorités d’occupation israéliennes. Cette partie de la barrière fera 3.5 km de long sur 100 m de large et ira d’Ariel à Salfit.
Les protestations se sont développées dans la région depuis que les habitants ont manifesté le 10 juin. Ce jour là, d’après le journal Al Quds, plus de 120 habitants ont été victimes de suffocation due aux gaz lacrymogènes alors que l’armée israélienne tentait de briser la manifestation.
Ces événements se sont répétés les jours suivants et en 5 jours de manifestations au moins 200 personnes ont été blessées et des dizaines arrêtées, dont un militant pacifiste américain.
Le 12 juin ont paru les premières accusations qu’Israël utilise un gaz innervant illégal. Le 14 juin, les responsables de la ville ont déclaré au journal Al Ayyam que les troupes d’occupation israéliennes utilisaient une substance illégale qui entraîne des spasmes nerveux. Ils ont indiqué que plusieurs victimes avaient été transportées dans les hôpitaux de Naplouse.
La construction près des colonies a aussi entraîné des protestations internationales, même des Etats-Unis. L’administration de George Bush a indiqué que s’ils ne s’opposaient pas à la barrière sur le principe, ils considéraient qu’elle devait se trouver sur ou très près de la Ligne Verte.
« Nous reconnaissons le droit d’Israël de construire une barrière pour sa sécurité, mais quand le tracé s’enfonce profondément en Cisjordanie, cela a des dimensions politiques et ceci nous pose problème » a dit Paul Patin, porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis, dans le New York Times du 15 juin.
Le 15 juin encore, Richard Boucher, porte-parole du Département d’Etat américain, a indiqué que la position américaine est très claire : la barrière pose problème parce qu’elle définit des frontières permanentes, qu’elle confisque des terres palestiniennes et qu’elle rend la vie plus difficile pour les civils. Selon Boucher, cette position a été présentée à Israël.
Quelles que soient les protestations américaines cependant, d’après les rapports de presse israéliens du 16 juin, la construction de cette portion de la barrière est une promesse que le Premier Ministre israélien Ariel Sharon a faite au Ministre des finances Netanyahou, contre son soutien au plan unilatéral de désengagement de Gaza. La construction autour d’Ariel et aussi des colonies de Immanuel et Kadumim, doit être terminée avant mai 2005, bien avant tout désengagement de Gaza.
En réalité, selon le quotidien israélien Maariv daté du 15 juin, Israël prévoit de transporter les colons dont l’évacuation de Gaza est programmée, vers des colonies agrandies en Cisjordanie, malgré les objections des Etats-Unis. Le journal dit que le Ministre de la Défense Shaul Mofaz a ordonné que des plans soient élaborés pour des centaines de nouvelles maisons dans le bloc de colonies de Guszh Etzion, à l’usage de 7 500 colons de Gaza. Un responsable important de la sécurité israélienne a confirmé au journal que l’option Gush Etzion « était étudiée » mais a indiqué que le feu vert n’avait pas encore été donné..
Le 14 juin, l’armée israélienne a commencé à enlever des barrages en Cisjordanie, une réévaluation de la sécurité l’ayant rendu possible, selon elle. Une quarantaine de barrages de terre ont été démolis et la barrière de fer sur la route Tulkarem/Naplouse a également été enlevée. Cependant la « réévaluation » n’a pas mis fin à la violence.
Une personne a été tuée par une incursion de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Balata à Naplouse.
4 heures auparavant une autre incursion avait blessé 3 personnes qui assistaient aux funérailles du commandant de la branche militaire du Fatah, les Brigades Al Aqsa, Khalil Abu Marshoud et a celles de Awad Abu Zeid, qui n’appartenait à aucune organisation. Ils ont été tués le 14 juin quand des missiles tirés par des hélicoptères israéliens ont fait exploser le taxi dans lequel ils se trouvaient…
3 personnes ont été tuées le 10 juin dont un garçon de 14 ans…………………… à Naplouse et un jeune qui jetait des pierres à Beit Fajjar. Un militant des Brigades des Martyrs d’Al Aqsa a été tué à Jénine.
Selon un rapport du PCHR publié le 12 juin, depuis le début de l’Intifada 177 assassinats ciblés ont été commis qui ont entraîné la mort de 374 personnes, dont seules 239 étaient les cibles désignées. Sur les 135 autres, il y avait 45 enfants, 14 femmes et 18 vieillards. 787 personnes ont été blessées dans ces attaques.