28 mars
Ils se sont retrouvés ce dimanche (28 mars) matin à Jérusalem.
La journée debute par une mise au point, avec Bahia (GIPP), du programme théorique de la semaine. Espérons que les conditions de déplacements nous permettent de le réaliser.
Cet après-midi, visite en bus à Abou-Dis en contournant Jérusalem pour arriver côté palestinien du mur.
L’ arrêt à l’université Al-Quds où le mur est en construction et au passge d’Abu Abe où les palestiniens font la file pour passer, nous font prendre conscience de son caractère infranchissable et de ses conséquences sur la vie quotidienne des palestiniens.
Nous découvrons aussi l’extrême rapidité de sa construction.
Au passage, nous constatons la rapide extension des colonies, notamment Ma’ale Adoumim dans le but de couper la Cisjordanie entre Jérusalem et Jéricho.
A Anata ( Nord-Est de Jerusalem) , nous découvrons la maison de Salim et Arebiya, Shawamreh qui a été détruite 4 fois, reconstruite 5 fois avec l’aide de l’ICAHD est actuellement sous le coup d’un ordre de démolition. Elle est aujourd’hui transformée en centre de la paix à la mémoire de Rachel Corrie (ISM americaine) et Noha Sweedan (habitante de Gaza).
De l’autre côté de la vallée cette maison est surplombée par la nouvelle prison de Jérusalem et au dessus se trouve le campement d’une famille Bedouine de la tribu Jahalin.
Nous sommes surpris par l’état de la voirie et les ordures : les services collectifs ne semblent pas assurés.
La journée se termine avec Valérie Feron, journaliste à l’Humanité, qui vient nous rencontrer pour une discussion de plus d’une heure et nous fait partager sa connaissance du conflit.
Lundi 29 mars 2004
Le matin tout le groupe a ete recu par Monsieur Koestchet, consul général de France à Jérusalem.
Accueil chaleureux, il nous a fait un rapide exposé montrant une implication personelle réelle et une appréciation positive sur les partenaires palestiniens.
Il a souligné la gravité de la situation actuelle, parlant de population epuisée et a clairement soutenu notre mission.
Le groupe s’est ensuite rendu sans incident à Ramallah par mini-bus. Une rencontre avec le PARC (Palestinian Agricultura Relief Committee ) avec des responsables du PNGO qui regroupe une centaine d’ ONG palestiniennes dont plusieurs étaient représentées nous a permis un échange d’informations.
Nos interlocuteurs ont souligné leur inquiétude sur le fait que les décisions les concernant semblent de plus en plus leur échapper, ce qui tend à les mettre hors jeu.
– Ils préparent une campagne d’informations sur les punitions collectives.
– Ils ont encore fait appel à l’intervention internationale urgente.
Il faut rappeler le rôle fondamental que jouent les ONG palestiniennes sur le plan social et économique dans la société.
Le PNGO à 2 objectifs :
– Transformer la société civile palestinienne dans le sens de la démocratie, des droits humains, d’une bonne gouvernance.
– Combattre l’occupation.
Ensuite, visite au comité pour la libération de Marwan Barghouti avec un exposé particulièrement clair et brillant de son président.
Rappelons seulement que depuis 1967, 750 000 Palestiniens ont connu les prisons israéliennes, ce qui fait 25% de la population totale, 50% de la population masculine de 16 a 45 ans.
Actuellement on dénombre 7 500 prisonniers dont 360 ont moins de 16 ans. Le 15 avril marquera le deuxième anniversaire de l’enlèvement de Marwan Barghouti à Ramallah et devrait être marqué par des initiatives partout sur les prisonniers palestiniens.
Ce tour d’horizon associatif s’est terminé par la rapide visite d’un centre de jeunes frequenté par 500 jeunes, garçons et filles, ouvert tous les jours.
En fin de journée la délégation a été recu par le Président Arafat à la Muqataa.
On peut souligner la chaleur de l’accueil dûe notamment à l’action de Claude Leostic et de la trentaine de membres de l’AFPS et CCIPPP qui ont accompagné le siège de la Muqataa en avril 2002.
Paysage desolé, impression générale de fragilité et de menaces permanentes.
Le President a montré une extrême amertume devant tous les accords non respectés alors qu’ils avaient été signés sous l’égide des garants les plus puissants du monde chefs d’Etats, ONU, UE. Il considère que les 7 mois qui viennent sont ceux de tous les dangers et n’attend plus que le salut de l’Europe.
Mardi 30 mars 2004
Journée a Qalqilia. Réception à la mairie par le Maire. Celui-ci nous fait un exposé très détaillé sur l’enfermement complet de
Qalqilia par le mur, et les conséquences sur la population.
Les paysans ne peuvent plus cultiver leurs champs, les terres sont volées. La pauvreté grandit dans cette ville auparavant prospère qui commercait avec les Israéliens. Il existe même des accords de coopération avec la ville israélienne voisine, Kefar-Sava. A présent le chômage est énorme, 70%, la population fuit, la violence grandit, la societe est destructurée.
La ville de Qalqilia coopère avec la Seine Saint-Denis et le Val de Marne. Visite du centre de santé du Medical Relief Committee. Il s’agit d’un dispensaire financé par les ONG et par le département du Val de Marne.
L’état de santé de la population est préoccupant en particulier pour les femmes enceintes. Il est difficile d’avoir accès au spécialités. Le personnel se déplace dans les villages qui n’ont plus accès à Qalqilia à cause du mur.
Nous allons voir le mur avec Souad, notre guide. Souad nous montre l’étendue des terres les plus fertiles volées par le mur,
l’autoroute, la quasi impossibilité pour les paysans d’accéder à leur terre. Nous voyons d’abord les barbelés et la route puis l’énorme mur de 8 mètres, avec ses tours et ses caméras.
Au retour nous voyons la grande rue autrefois très active avec ses artisants et ses commercants, à présent désertée.
Un forage côté israélien pompe la nappe phréatique sous Qalqilia.
Souad nous demande de faire tout ce qui est possible pour que ce mur soit démantelé.
Mardi 31 mars 2004
Le groupe est parti à Bethleem en passant par le check-point de la tombe de Rachel où nous avons vu une fois de plus la volonté des Israéliens de pourrir la vie quotidienne des Palestiniens. A cet endroit le mur avance à grands pas.
C’est Edmund Shehadeh qui nous accueille et nous accompagne tout au long de cette journée.
Edmund est kinésithérapeute et directeur du BASR (Societe Arabe de Readaptation de Bethleem), organisme qui travaille avec 8 dispensaires répartis dans des camps et la ville sur des bases laïques, apolitiques et avec une triple mixte (garcons-filles, chretiens-musulmans,adultes-enfants) pour permettre à tous d’y venir.
Avant de visiter le centre de rééducation nous avons vu le dispensaire de Deisheh et celui d’Al Khader où nous avons rencontré des enfants handicapés que les équipes soignantes cherchent à insérer. Nous avons également vu le centre culturel.
Ensuite nous rejoignons l’hopital où nous pouvons voir le remarquable travail d’Edmund Shehadeh et toute son équipe.
Nous apprécions la modernité, le fonctionnement et la propreté des locaux. Grâce à la création de cet hopital les adultes handicapés sont pris en charge. Edmund considère qu’il faut aider les adultes comme les enfants : ce sont des Hommes.
Dans l’hopital, des soignants palestiniens sont formés pour la pérénite des projets. Ce centre est un centre national, les blessés et les handicapés viennent de toute la Palestine.
Edmund a souligné la difficulté de trouver des fonds pour le fonctionnement et la nécessité de la creation d’une sécurité sociale en Palestine (40% des patients du centre ne peuvent pas payer).
Dans l’apres-midi nous avons visité 3 centres culturels dans les camps. Dans 2 d’entre eux, nous avons vu de nombreux projets et des nécessités de financement. Dans ces 2 centres, à Deisheh et à Aida (où se trouve la troupe Al Rowwad), les responsables nous ont souligné les conditions très difficiles de vie et le besoin pour les enfants de trouver des lieux où ils peuvent s’exprimer dans le domaine artistique pour évacuer les troubles psychiques dûs à l’enfermement et aux violences imposées par l’armée d’occupation.
L’informatique et Internet y ont une place importante.
L’AFPS doit étudier l’aide à ces projets.
Notre retour s’est fait par un passage à pied pour eviter le check-point ce qui démontre bien l’inutilité de ces systèmes pour la sécurité.
Un compte-rendu détaillé sera disponible dans les prochains jours.