Le bouclage militaire interdit à tout Palestinien qui n’a pas une carte d’identité de Jérusalem d’entrer dans Jérusalem et en Israël, sauf pour les personnes qui travaillent dans les hôpitaux et les écoles et pour les « cas humanitaires ». Cela fait deux ans qu’il n’y a pas eu d’attentat à Jérusalem, pourtant la police israélienne a décrété un niveau d’alerte élevé pendant cette fête juive, et elle a effectivement interdit aux Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie de pénétrer dans Jérusalem.
Aujourd’hui (13 septembre) c’est aussi le début du ramadan. Alors qu’en Israël les gens se souhaitent ostensiblement “Shana Tova,” Bonne année, la salutation des musulmans, “Ramadan Kareem,” est proférée d’une voix contenue et pleine de sous-entendus.
Le bouclage militaire des territoires palestiniens occupés (TPO) cette semaine empêche également tout Palestinien qui n’a pas une carte d’identité de Jérusalem de participer aux cérémonies religieuses et aux célébrations dans les sites sacrés d’Al-Qods. Les Palestiniens ont réagi avec colère mais sans surprise à cette violation évidente du droit humain internationalement reconnu à pratiquer leur religion. Les violations et les limitations de leur liberté de mouvement font partie de la réalité quotidienne dans les territoires palestiniens occupés.
Les TPO sont divisés en zones A, B, et C. La zone A, qui comporte 10.8% de la Cisjordanie, est officiellement sous le contrôle législatif et sécuritaire de l’Autorité palestinienne. La zone B qui couvre 28 % de la Cisjordanie est sous administration civile palestinienne mais sous contrôle sécuritaire israélien. Les 61.2 de la Cisjordanie qui restent plus 20 % de la bande de Gaza sont appelés zone C et sont sous le contrôle exclusif d’Israël.
Selon des sources militaires israéliennes officielles, il y a 512 points de contrôle fixes plus 200 à 400 « check-points volants » temporaires répartis en Cisjordanie. Par le biais d’un système étendu de permis d’identité dont les Palestiniens n’ont jamais le droit de connaître les règles et les pratiques, l’Etat israélien donne à tous les Palestiniens une carte d’identité qui peut, ou non, leur permettre de passer certains check-points. En pratique cela signifie qu’il n’y a aucune liberté de mouvement pour les Palestiniens : ni entre Israël et la Palestine, ni entre les différentes zones et même pas entre les villages palestiniens.
Les personnes qui ont l’identité de Bethléem par exemple, ne peuvent pénétrer dans Jérusalem pour étudier, travailler ou prier. En même temps, Nahla, mère de cinq enfants, a peur de quitter sa ville natale de Qalqiliya, parce qu’on pourrait bien lui interdire d’y retourner. Dans l’ensemble des TPO les étudiants sont séparés de leurs familles, les pères doivent vivre loin de chez eux afin d’être près de leur travail et les gens qui rentrent dans le cadre de ce qu’Israël appelle la « menace sécuritaire » sont contraints à rester dans leur district de résidence spécifique.
Ahmad, 28 ans, ingénieur à Jénine, n’a pas le droit de se rendre à Ramallah pour rencontrer ses amis. Jénine est une ville et un camp de réfugié au nord de la Cisjordanie où les habitants vivent au rythme des incursion militaires et de la résistance palestinienne armée.
Depuis le début de la deuxième Intifada, en 2000, aucun des hommes de Jénine entre 20 et 40 ans n’a été autorisé à traverser le check-point principal qui sépare Jénine de Ramallah. La seule façon pour ces jeunes hommes d’aller de leur ville à d’autres parties de Cisjordanie, à Jérusalem et peut-être à Gaza, est de se soumettre à une procédure de permission spéciale qui prend de trois à sept semaines et est souvent rejetée sans explication. Depuis peu les déplacements entre Jénine et Ramallah sont devenus plus faciles, mais cette règle s’applique toujours.
Mais la restriction de mouvement la plus visible impose par Israël aux Palestiniens est le mur de 730 kilomètres de long qui sinue dans la Cisjordanie, déviant ostensiblement de la Ligne verte de 1967. Bien qu’officiellement il soit érigé pour protéger les citoyens israéliens des attaques suicide, la réalité quotidienne de ce mur de 8 mètres de haut, c’est la séparation, les limitations et le contrôle.
Dans la région du Grand Jérusalem, le mur et 9 check-points alentour empêchent de nombreux étudiants de Cisjordanie de venir à l’université al-Qods. Pour les Palestiniens qui ont une carte de Jérusalem ou de Gaza, il est impossible d’intégrer la prestigieuse université de Bir Zeit University près de Ramallah sans risque d’ arrestation. Amal, 19 ans, va à l’université al-Qods, mais elle en paie le prix. Pendant toute la durée de ses études elle ne pourra pas voir sa famille à Gaza parce que, ayant un permis temporaire pour Jérusalem, elle ne pourrait pas y revenir.
Le mois dernier, les soldats qui contrôlent Erez, le point de passage vers le nord de Gaza, ont refusé d’autoriser l’entrée de 8 camions chargés de papier pour imprimer des manuels scolaires, mettant ainsi en danger la rentrée scolaire dans la bande de Gaza.
Le siège de la Cisjordanie et de Gaza pendant Rosh Hashanah est une violation évidente du droit à pratiquer sa religion. Ceci n’est pas une mesure militaire temporaire pour les vacances juives, cela fait partie d’un système structurel d’identification basé sur l’âge, le sexe et l’appartenance ethnique, partie stratégique intégrante de l’occupation militaire de la Palestine. Ce bouclage n’est pas une exception. C’est la règle et la réalité de la vie sous occupation.