Barack Obama a déclaré, dimanche 11 janvier lors d’un entretien accordé à la chaîne ABC, qu’il mettait actuellement en place une équipe qui puisse s’engager "immédiatement" dans le processus de paix au Proche-Orient, dès son investiture le 20 janvier. "Ce que je suis en train de faire en ce moment, c’est mettre en place une équipe pour que dès le premier jour, nous disposions des meilleures personnes possibles qui pourront s’engager immédiatement dans le processus de paix au Proche-Orient dans son ensemble", a-t-il affirmé. M. Obama ne s’est guère exprimé sur l’offensive israélienne à Gaza depuis son lancement, fin décembre, estimant que cette question relevait encore de l’administration sortante du président George W. Bush.
Il est néanmoins resté vague sur la manière dont il compte aborder le processus de paix, expliquant que son équipe "s’adressera à toutes les parties prenantes". "Elle travaillera à mettre sur pied une approche stratégique qui garantisse que les Israéliens et les Palestiniens puissent satisfaire leurs aspirations", a ajouté le futur président, réaffirmant qu’il continuait à penser qu’Israël avait le droit de défendre ses citoyens, comme il l’avait dit en juillet lors d’un voyage dans la région.
Le Guardian rapportait, jeudi, que la future administration de Barack Obama serait prête à envisager des discussions indirectes avec le Hamas, ce qui représenterait un revirement total de la politique menée depuis huit ans par George W. Bush. Citant de multiple sources "proches des discussions qui ont lieu dans le camp Obama", le quotidien britannique affirmait que les contacts, qui ne seraient en aucun cas des négociations diplomatiques directes, pourraient avoir lieu à travers les services secrets américains, un processus "similaire à celui mené avec l’OLP dans les années 1970" [1].
voir aussi sur le blog de Vincent Jauvert publié par le NouvelObs :
Comment Obama pourrait faire plier Israël
Ce n’est un secret pour personne.
L’Amérique détient un pouvoir d’influence considérable sur Israël.
Comment ?
D’abord et avant tout par ses livraisons d’armes à Tsahal.
Il faut lire à ce sujet un rapport publié en décembre à par un think tank proche des démocrate (la "New America Foundation"), dont la correspondante du Monde à Washington, Corine Lesnes, a parlé hier la première dans son excellent blog.
Ce document américain est éloquent.
William Hartung, le meilleur spécialiste du complexe militaro-industriel américain, écrit que :
– Depuis le début des années 70, Israël est le premier récipiendaire de l’aide militaire américaine à l’étranger.
– Sous Bush, cette assistance s’est élevée à 21 milliards de dollars soit 2,7 milliards par an en moyenne. Il est prévu qu’elle augmente pour atteindre 3 milliards par an dans les dix ans à venir.
– Au total, "l’essentiel de l’arsenal d’Israël est composé d’armes fournies par les Etats-Unis, des F-15 ou F-16, aux chars M1, aux hélicoptères d’attaque, aux bombes et aux munitions".
– "Donc quand les forces israéliennes engagent le combat à Gaza ou en Cisjordanie, elles utilisent des systèmes conçus aux Etats-Unis qui soit ont été produits en Amérique soit ont été fabriqués sous licence américaine."
Autrement dit, la nouvelle administration dispose d’un levier formidable sur l’Etat hébreu.
En menaçant d’interrompre ou de réduire son assistance militaire (ou au moins de ne pas l’accroître), la Maison Blanche pourrait contraindre Israël à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unies et notamment la dernière qui appelle à un cessez le feu immédiat.
Mais Barack Obama est-il prêt à aller jusque là ? [2]