Sept Palestiniens, dont deux garçons de 12 et 14 ans, ont été tués vendredi par des tirs de soldats israéliens lors de manifestations et de heurts à la frontière entre Gaza et Israël. Depuis le 30 mars, des manifestations ont lieu pour réclamer la levée du blocus imposé depuis plus de dix ans par Israël à Gaza et le droit au retour des Palestiniens sur les terres dont ils ont été chassés ou qu’ils ont fuies à la création d’Israël en 1948.
Selon le ministère palestinien de la Santé, il s’agit de la journée la plus sanglante depuis le 14 mai qui avait vu la mort de plus de 60 Palestiniens lors de violences coïncidant avec l’inauguration de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, un motif d’indignation pour les Palestiniens.
Après plusieurs semaines de relative accalmie, ces affrontements rappellent combien la situation demeure précaire dans et autour de la bande de Gaza, un territoire palestinien appauvri et reclus dirigé sans partage par le mouvement islamiste Hamas.
Nasser Mossabeh, 12 ans, a été atteint d’une balle dans la tête à l’est de Khan Younès, a dit le porte-parole du ministère de la Santé à Gaza, Achraf al-Qodra. Mohammed al-Houm, 14 ans, et Iyad Al-Shaer, 18 ans, ont été tués lors d’affrontements distincts dans le centre et le nord du territoire, selon lui.
Il a fait état de la mort de quatre autres Palestiniens d’une vingtaine d’années le long de la barrière de sécurité israélienne séparant la bande de Gaza du territoire israélien.
« Des tirs à balles réelles »
Les sept Palestiniens « ont été tués par les tirs à balles réelles des forces israéliennes », a affirmé Achraf al-Qodra, en faisant état de plus de 200 blessés, par balle ou par inhalation de gaz lacrymogènes.
L’armée israélienne a fait état de manifestations et de heurts auxquels ont pris part selon elle plus de 20 000 Palestiniens en différents points de l’enclave le long de la barrière de sécurité lourdement gardée.
L’armée a dit que les soldats postés à la barrière avaient ouvert le feu pour riposter à des jets d’engins explosifs et de pierres. Mais elle ne s’est pas exprimée sur les cas particuliers des Palestiniens tués. L’armée a ajouté avoir identifié l’infiltration sur son territoire de plusieurs Palestiniens qui ont ensuite rebroussé chemin.
La mobilisation palestinienne est allée de pair avec plusieurs épisodes de tensions entre les groupes armés palestiniens, dont le Hamas, et l’armée israélienne. Les tirs de roquettes et d’obus palestiniens et les frappes de riposte israéliennes ont ravivé le spectre d’une nouvelle guerre, qui serait la quatrième dans le territoire depuis 2008.
Peu d’espoir
Le 20 septembre, l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, a estimé devant le Conseil de sécurité que la bande de Gaza, coincée entre Israël, l’Egypte et la Méditerranée, pouvait « exploser d’une minute à l’autre ».
L’horizon politique paraît bouché. L’ONU et l’Egypte, l’un des deux seuls pays arabes à avoir fait la paix avec Israël, s’emploient depuis des semaines à tenter de forger une trêve durable entre l’Etat hébreu et le Hamas. En échange du calme, le blocus pourrait être allégé.
L’issue de cette entreprise reste cependant très aléatoire, comme l’effort pour mettre fin à des années de dissensions entre groupes rivaux palestiniens, sans quoi les perspectives à Gaza demeurent très sombres.
L’enclave risque encore d’être affectée par les coupes dans l’aide des Etats-Unis et l’arrêt par l’administration Trump du financement à l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens. L’Unrwa est un acteur primordial à Gaza, où 80 % des deux millions d’habitants sont tributaires de l’assistance étrangère.