Jeudi soir, après l’annonce de l’attentat qui a coûté la vie à huit élèves d’un séminaire talmudique fusillés par un Palestinien, les rues de Gaza ont vu des centaines d’enfants et d’adultes tenant à bout de bras des drapeaux du Hamas et du Jihad islamique manifester leur joie en scandant des slogans à la gloire de la « résistance », au milieu des tirs d’armes automatiques.
« Regardez comment on vit, pas de courant, pas de réels soins de santé et pas d’économie. Alors, la vengeance des Israéliens n’est qu’une routine pour nous », lance Abou Bilal, un commerçant de 50 ans.
Et de s’exclamer, en pointant du doigt son fils de cinq ans : « Ce matin, après avoir joué dehors avec ses copains, il m’a choqué en venant me demander de lui donner une arme pour tirer, lui aussi, sur les juifs. Vous trouvez que ce sont des mots pour un enfant ! ».
Plus de 130 Palestiniens, des activistes mais aussi des femmes et des enfants, ont été tués dans la bande de Gaza depuis le 27 février dans des raids israéliens menés en représailles à des tirs de roquettes palestiniennes.
Un blocus israélien, qui a entraîné une sérieuse dégradation de la situation humanitaire, est en vigueur depuis 17 janvier.
Plus loin sur un trottoir, deux hommes armés du Hamas ne décolèrent pas : « la communauté internationale, et même des pays arabes, ont condamné cette attaque à Jérusalem (...) alors qu’ils ont tardé pour nos 130 morts de la semaine dernière. Et même Mahmoud Abbas (le président palestinien) s’élève contre cette opération ! » de Jérusalem, proteste l’un d’eux.
« Nous ne faisons que nous défendre face aux attaques quotidiennes des Israéliens », poursuit-il. « Eux tuent nos enfants et on devrait rester là sans réagir ? Nous n’avons pas peur, contrairement à eux, et sommes prêts à mourir pour défendre notre terre. Chaque Palestinien prie Allah pour tomber en martyr ».
Sous une tente improvisée en restaurant, Moukhtar, 70 ans, est assis sur le rebord d’une table devant ses six fils : « A force de vivre dans la peur en permanence », on perd l’appétit, assure-t-il.
L’un de ses fils, Rami, se lève de sa chaise : « les Palestiniens aiment la France de Chirac, mais entendre Sarkozy dénoncer l’attentat de Jérusalem sans avoir fait la même chose pour nos centaines de morts en quatre jours, c’est fou. Nous sommes seuls face à nos problèmes et tout le monde se lave les mains de notre quotidien ».
« On veut seulement vivre avec dignité et ne pas attendre que les Israéliens nous ouvrent de temps en temps la frontière pour laisser entrer un peu de nourriture », dit Rami.
Il est soudain interrompu par l’arrivée d’une femme voilée à l’entrée de la tente : « Pouvez-vous m’aider pour donner à manger à mes enfants », supplie-t-elle, la main tendue.