« Mon rôle consiste à convaincre les investisseurs d’exploiter le formidable potentiel que concentre Israël sur le plan de la recherche ». Ces propos ne sont pas ceux de l’ambassadeur d’Israël en France. Ni de son attaché économique. C’est tout simplement la réponse de Christophe Bigot à un entretien accordé en juillet dernier à Maxime Perez et publié sur le site de la chambre de commerce franco-israélienne. Laquelle lui prête l’intention de défendre la « Silicon Vallée » israélienne auprès du Medef lors d’une rencontre annoncée pour février.
Confusion des mandats ? Tournis géopolitique ? Jusqu’à ce jour, Christophe Bigot est pourtant encore ambassadeur de France en Israël.
Théoriquement, son rôle consiste donc à faire valoir les positions de la France auprès de Tel-Aviv. Pas à faire miroiter dans l’hexagone le potentiel économique ou scientifique israélien.
Ce désordre suscite en tout cas une question : se faisant l’avocat des intérêts israéliens, Christophe Bigot est-il l’interprète de la diplomatie officielle de la France ?
En vérité, on cherchera vainement une quelconque référence au droit international dans cet entretien. Christophe Bigot prône la nécessaire création d’un Etat palestinien, admise dorénavant par l’ensemble des Etats, mais plaide pour des négociations directes –ce qui signifie donc entre occupant et occupé- dont chacun sait, enseigné par l’histoire récente, qu’elles n’aboutissent qu’à l’impasse. Quant à l’occupation elle-même, Christophe Bigot se contente d’en proposer un lifting : « En même temps qu’une reprise des négociations de paix, il est indispensable que la situation des Palestiniens s’améliore en Cisjordanie. Cela passe par des mesures d’allégements sur le terrain, comme la levée des barrages ». Pas un mot de la colonisation. Pas un mot du siège imposé à la population de Gaza.
Quant à la France, a-t-elle un rôle à jouer pour la paix ? La réponse, au choix, est insolite ou édifiante : « Au Moyen-Orient, la France dispose de relations particulières avec l’Autorité palestinienne comme avec des pays comme l’Egypte et le Liban. Nous avons également des contacts avec la Syrie. Tout cela peut être profitable à Israël. » On attend la réaction officielle de Paris.
I.A.
31 décembre 2010.