Photo : Les avions de guerre israéliens ont bombardé une maison dans le quartier de Sheikh Radwan à Gaza le 23 octobre 2023. Crédit : Motasem Mortaja
Alors que l’attention mondiale se concentre sur Israël et Gaza, les autorités israéliennes durcissent leur répression en Cisjordanie et les attaques des colons israéliens contre les Palestiniens se multiplient. Cette répression avait déjà atteint son paroxysme avant l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas, qui a tué quelque 1 200 personnes, pour la plupart des civils, en Israël, mais elle s’est encore aggravée depuis.
Entre le 1er janvier et le 6 octobre, les forces de sécurité israéliennes ont tué plus de Palestiniens en Cisjordanie - 192, dont 40 enfants - qu’au cours de toute autre année depuis 2005, année où les Nations unies ont commencé à enregistrer systématiquement les décès. Depuis le 7 octobre, selon les Nations unies, elles ont tué 201 autres Palestiniens, dont 52 enfants, ce qui signifie qu’elles ont tué plus de Palestiniens en Cisjordanie au cours des six dernières semaines que pendant toute une année depuis 2005. Au 16 novembre, les Palestiniens avaient tué 24 civils israéliens et 4 membres des forces de sécurité en 2023 en Cisjordanie, soit le nombre le plus élevé depuis plus de 15 ans.
Les colons ont tué 15 Palestiniens au 17 novembre. Au cours des huit premiers mois de 2023, la violence des colons a atteint son niveau le plus élevé depuis que l’ONU a commencé à enregistrer ces données en 2006 : trois incidents par jour en moyenne, contre deux en 2022 et un en 2021. Ce taux a presque doublé depuis le 7 octobre.
Selon l’organisation israélienne de défense des droits de l’Homme HaMoked, au 1er octobre, Israël détenait 1 264 Palestiniens en détention administrative sans procès ni inculpation sur la base d’informations secrètes, soit le nombre le plus élevé depuis plus de 30 ans. Au 1er novembre, ce nombre était passé à 2 070, sans compter les 105 "combattants illégaux" que l’armée israélienne dit détenir.
Au cours de l’année 2022 et des huit premiers mois de l’année 2023, 1 105 Palestiniens, dont quatre communautés entières, ont été contraints de quitter leur domicile. Les Palestiniens ont cité la violence des colons et l’interdiction d’accès aux pâturages comme la principale raison de leur déplacement. Presque le même nombre - 1 014 personnes - a été déplacé depuis le 7 octobre. Le groupe israélien de défense des droits de l’Homme Yesh Din a constaté que les colons ont attaqué 92 communautés palestiniennes au cours de cette période. L’impunité alimente la violence des colons qui, comme l’a signalé le groupe israélien de défense des droits de l’Homme B’Tselem, "sert d’outil informel majeur aux mains de l’État pour s’approprier de plus en plus de terres en Cisjordanie".
Ces abus font partie des crimes contre l’humanité commis par les autorités israéliennes dans le cadre de l’apartheid et de la persécution, comme l’ont démontré Human Rights Watch et d’autres organisations israéliennes, palestiniennes et internationales de défense des droits de l’Homme. Les racines de la violence en Israël-Palestine sont multiples et profondes ; pour mettre fin à la violence, il faut démanteler les systèmes d’oppression qui l’alimentent, y compris en Cisjordanie.
Par Omar Shakir, Human Rights Watch
Directeur Israël et Palestine, Division Moyen-Orient et Afrique du Nord
Traduction : AFPS