Face aux menaces de tension et d’insécurité, il faut que la communauté internationale réagisse avec les instruments de la diplomatie et du droit sans produire de nouvelles menaces contre la paix et la coexistence entre les peuples.
Tout acte et toute déclaration visant à nier l’existence ou à détruire un peuple ou un Etat sont contraires à l’esprit et à la lettre des instruments internationaux et constituent une menace pour la paix mondiale. La diffusion partout dans le monde occidental et oriental d’idéologies, de cultures politiques et religieuses qui se fondent sur la négation de l’autre est très inquiétante.
Ainsi la déclaration du président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui souhaite qu’Israël soit « rayé » ou « annulé » des cartes géographiques du monde est contraire à ces principes et à la morale internationale. Officiellement faite en soutien à la lutte du peuple palestinien, elle ne fait qu’instrumentaliser cette question en contradiction avec les objectifs que s’est démocratiquement donné le mouvement de libération palestinien. Cela est si vrai qu’en cas de destruction d’Israël, la Palestine serait en même temps détruite. Cette déclaration est inacceptable comme étaient inacceptables les déclarations de Golda Meir , ex-premier ministre travailliste israélien, qui d’une part a nié l’existence du peuple palestinien et d’autre part a déclaré que « les Palestiniens sont des cafards » et qu’ils devaient être écrasés. A ce moment là, les réactions indignées ont été trop rares.
Aujourd’hui, dans le contexte mondial, la déclaration iranienne fournit aux partisans de la guerre des civilisations un formidable prétexte et renforce la probabilité de la mise en place au Moyen Orient d’un scénario de guerre nucléaire qui ne laissera indemne aucun peuple de la région.
Aujourd’hui, ce n’est pas l’existence d’Israël qui est en danger du fait de cette menace symbolique. Par contre, la politique concrète quotidienne du gouvernement israélien d’occupation militaire brutale crée les conditions pratiques pour que le peuple palestinien et son Etat n’existent pas sur la carte du monde.
De fait, le monde arabe, à commencer par les Palestiniens, reconnaît l’existence de l’Etat d’Israël et que c’est le gouvernement israélien qui ne reconnaît pas le droit des Palestiniens à avoir leur Etat souverain sur 22% seulement de leur Terre historique.
Aujourd’hui le gouvernement israélien demande de chasser Téhéran de l’ONU. N’est-ce pas indécent de la part du pays qui a violé le plus grand nombre des résolutions de l’ONU, et jusqu’à l’avis de la Cour Internationale de Justice sur le mur, et qui n’a cessé de dénigrer l’organisation internationale ? Est-ce Israël qui dictera bientôt à la communauté internationale ce qu’est le droit international uniquement en fonction de ce qu’il considère comme son intérêt ?
Aujourd’hui, même si l’AIEA peut jouer un rôle utile pour vérifier que l’Iran ne produise pas des armes nucléaires (qui pourraient détruire Israël et avec lui les Palestiniens), pourquoi personne n’ose proposer une simple inspection de la centrale nucléaire israélienne de Dimona, qui a déjà permis la production de plusieurs centaines de bombes nucléaires, destinées à l’environnement régional dont l’Iran ?
Pourquoi l’Europe ne se rappelle-t-elle pas son engagement à faire en sorte que le Moyen-Orient devienne une zone libre d’armes nucléaires ?