Près de 12 000 personnes, selon la police, et 20 000 selon les organisateurs, ont défilé samedi 2 août sous le soleil entre Denfert-Rochereau et Invalides à l’appel du collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.
Ce collectif composé d’une cinquantaine d’organisations comme le Parti communiste ou l’Association France Palestine Solidarité est à l’origine de la manifestation. Des mouvements de soutien à la Palestine comme le Parti des indigènes de la République ou le PYM (Palestinian Youth mouvement), à l’origine des manifestations interdites des 19 et 26 juillet se sont aussi joints à l’appel, de manière à former un collectif unitaire.
Le défilé, que la préfecture de police n’a cette fois pas interdit, a été encadré par une forte présence policière, et par un service d’ordre mis en place par les organisateurs afin de canaliser les éventuels débordements.
« HUMAINS AVANT TOUT »
Les vacances d’été n’ont pas porté préjudice à la mobilisation. Certains viennent même manifester pour la première fois.
C’est le cas d’Amar, 41 ans, qui travaille dans la restauration. Il a choisi de marquer les esprits et d’attirer l’attention sur les morts gazaouis en confectionnant un mannequin enveloppé dans un drap blanc figurant un linceul et badigeonné de peinture rouge, pour le sang. Le tout est ceint d’un drapeau palestinien. Il explique :
« Ce qui m’a touché vraiment c’est l’histoire de cette femme qui a accouché à Gaza et qui est morte juste après. C’est pour ça que je suis venu. Je ne souhaite aucune guerre, la terre est assez grande pour tout le monde, il faut qu’on apprenne à partager. »
Myriam, 45 ans, femme au foyer venue de l’Essonne est accompagnée de ses deux enfants de 10 et 7 ans. Ils portent des pancartes, confectionnées par leur mère, qui disent « Palestine sous guillotine car Israël l’opprime » ou « Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens ». L’aîné porte un turban aux couleurs de la Palestine ainsi qu’un drapeau français autour des épaules.
Cette maman dit être venue soutenir des « humains avant tout », dénonce une « boucherie » et espère que sa présence permettra de « réveiller les politiques qui dorment ».
« On est français on a notre mot à dire en 2017. On aurait bien besoin d’un Chirac qui lui ne s’est pas engagé dans des boucheries. »
La solidarité envers les victimes palestiniennes est l’argument qui revient le plus. Aysegul, 34 ans auxiliaire de puériculture se sent particulièrement touchée de par sa profession, raconte-t-elle. C’est la première fois qu’elle participe à un défilé :
« Je me suis dit qu’il fallait me bouger, les tweets ça ne suffit plus. Même si c’est symbolique on montre qu’on est là. Je suis là en tant que musulmane mais surtout en tant qu’humaine. »
Un peu plus loin, Ylhem, 24 ans, keffieh autour du cou et cheveux longs au vent participe pour la seconde fois à cette mobilisation. Elle est ici pour dénoncer ce qu’elle qualifie de « génocide ». Habituée des manifestations pro palestiniennes auxquelles elle participé depuis ses 18 ans, elle reste persuadée que sa présence est utile : « la preuve la foule est nombreuse ».
PAS D’INCIDENTS
L’ensemble du défilé se déroule dans le calme et chaque cortège chemine à son rythme vers la place des Invalides. Au milieu, un petit groupe d’une cinquantaine de personnes se fait remarquer. Ils appartiennent à la Gaza firm.
D’abord plutôt discrets, ces jeunes adultes, keffieh autour du cou, visage dissimulé pour certains, se mêlent au reste des manifestants. Indésirables pour les organisateurs en raison de leur propension à faire dégénérer les manifestations en affrontements, ils n’ont pas apporté leur drapeau contrairement au précédent rassemblement.
Mais, anciens du virage Auteuil du PSG, ils ont conservé les codes des supporters de foot, et répètent Gaza Firm en tapant des mains en rythme en chantant : « Nous sommes la Gaza firm, fiers de nos couleurs ».
Plus loin, le cortège du controversé Collectif Cheikh Yassine, du nom de ce dirigeant du Hamas assassiné par Israël il y a dix ans, arrive en fin de manifestation. La foule reprend les slogans lancés du char tel « sionistes, fascistes c’est vous les terroristes » ou « Djihad résistance ». Une affiche représentant Barack Obama détourne son slogan emblématique « Yes we can » en « Yes we kill » (Oui nous tuons).
A l’arrivée à Invalides, une averse surprend tout le monde, précipitant la dispersion. Plusieurs jeunes courent. Certains croient à des incidents avec les forces de l’ordre et courent à leur tour sans bien connaître le motif de l’agitation. Mais la fin de la manifestation se déroule dans le calme. Le seul défi des organisateurs et des CRS est de réguler la foule qui se dirige en masse vers le métro dans l’espoir de ne pas être trempée par la pluie diluvienne.