Pour la deuxième fois en moins d’une semaine, des roquettes ont été tirées samedi soir sur le sud d’Israël à partir de la bande de Gaza. L’armée de l’Etat hébreu a aussitôt riposté par un raid aérien sur les installations du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle Gaza.
A quelques semaines du premier anniversaire du déclenchement de l’opération « Bordure protectrice », la guerre de cinquante jours qui a opposé Israël aux factions palestiniennes de Gaza durant l’été 2014, cette nouvelle bouffée de violence ne laisse rien présager de bon. Sauf que cette fois, le scénario diffère des précédents.
En effet, les tirs de roquettes sont revendiqués par les partisans gazaouis de l’Etat islamique, qui contrôle un large territoire à cheval sur l’Irak et la Syrie. Regroupés au sein des « Brigades Omar-Etat islamique en Palestine-Bayit Al Makdass », ils sont environ un millier. Il s’agit de dissidents du Hamas et du Djihad islamique alliés à une série de petits groupes salafistes.
Les porte-parole des « Brigades Omar » ne cachent en tout cas pas qu’en tirant, comme ils l’ont fait samedi, une roquette en direction de la ville israélienne d’Ashkelon, c’est d’abord le Hamas qu’ils tentent de déstabiliser. Le mouvement islamiste redoute de voir naître un puissant concurrent propulsé par la mauvaise situation économique de l’enclave palestinienne. La population n’a aussi rien vu des 4 milliards de dollars de l’aide internationale annoncée pour permettre la reconstruction des parties de l’enclave détruites durant les bombardements israéliens de l’été 2014.
Le Hamas réprime
La répression des salafistes par le Hamas est vigoureuse. Elle l’est d’autant plus que Daech massacre impunément des Palestiniens dans le camp de réfugiés de Yarmouk, dans la banlieue de Damas, en Syrie. La semaine dernière, les services de sécurité du « gouvernement » de Gaza ont ainsi rasé au bulldozer une mosquée de Deir el-Balah où se réunissaient les partisans de Daech. Des dizaines d’entre eux ont été arrêtés dans le courant du mois de mai et, mardi dernier, l’un des salafistes qui refusait de se rendre – le fils d’un ancien cadre du Hamas – a été abattu les armes à la main. Dans son domicile du quartier de Sheik Radjwan, les hommes du Hamas ont trouvé des roquettes, ainsi que des bombes et des ceintures explosives prêtes à l’emploi.
Voilà déjà plusieurs mois que les salafistes défient ouvertement le pouvoir en place dans l’enclave palestinienne. Trois semaines après l’attentat à la bombe du 18 décembre 2014 contre le centre culturel français de Gaza-City, le Hamas avait ainsi lancé une série de rafles sur tout son territoire. Les salafistes y avaient riposté par des tirs devant le siège gazaoui de l’Autorité palestinienne ainsi que dans l’entrée des bureaux du procureur général, deux sites pourtant fortement protégés.
« Face à la répression puante des services hamssawi (terme méprisant pour Hamas, ndlr) aux ordres des mécréants, nous continuerons à combattre jusqu’à ce que tous nos frères aient été libérés », avait ensuite proclamé un tract salafiste diffusé au début mai à Rafah, dans le sud de l’enclave.
A Jérusalem, où il continue à considérer le Hamas « comme seul responsable de ce qui se passe dans la zone qu’il contrôle », le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a promis dimanche qu’il ne laisserait pas impunis les tirs de roquettes sur le sud de son pays, quels que soient leurs auteurs. A titre dissuasif, des unités de l’armée ont d’ailleurs entamé des manœuvres à quelques kilomètres de la barrière de sécurité marquant la frontière avec l’enclave palestinienne.