« La tâche est énorme », prévient Salvatore Lombardo, porte-parole à Jérusalem de l’UNRWA, l’office de secours et de travaux des Nations unies. En 50 jours, les frappes israéliennes ont fait cinq fois plus de dégâts que lors du dernier conflit de 2009. La grande urgence pour l’instant est de reconstruire les 60 000 maisons endommagées pour permettre à un demi-million de déplacés de retrouver un toit. Mais aussi de déminer des lieux encore infestés d’explosifs.
Or pour rebâtir ces murs délabrés, il faut du matériel de construction. Et Israël en interdit toujours l’importation d’un certain nombre. Pour Salvatore Lombardo, la question de ces importations est un point crucial des prochains pourparlers qui auront lieu au Caire d’ici un mois. « Si les conditions restent telles qu’elles étaient lors du blocus, nous avons calculé qu’il faudrait 20 ans pour la reconstruction de Gaza. Il faut donc voir dans le détail quelles seront les conditions, surtout dans la rentrée du matériel de construction à Gaza », explique-t-il.
Les Nations unies pointent également le difficile accès à l’eau potable et à l’électricité. Un problème qui, selon Salvatore Lombardo, ne doit pas seulement être réglé à court terme :
« L’électricité à Gaza, c’était six heures par jour. Si le réseau électrique peut être rétabli, il y a une chance que dans un temps assez bref on puisse passer de six à neuf heures, puis à dix heures… Mais le vrai problème est celui de la reconstruction de la centrale électrique qui a été très endommagée par cette guerre. Pour l’eau, c’est la même chose. Dans certaines parties de Gaza, il faut entièrement reconstruire le réseau. Et cela prendra certainement quelques semaines. Mais d’après les pronostics, Gaza se retrouvera sans eau dans quatre-cinq ans. Il faudra donc trouver une façon différente pour l’approvisionner en eau. »
Plus de la moitié des Gazaouis sans maison sont actuellement logés dans les écoles de l’ONU, ce qui retarde la rentrée des classes qui devait avoir lieu dimanche dernier. La reconstruction sera longue, mais aussi coûteuse. Les Nations unies comptent sur les pays voisins et l’Union européenne pour régler la facture, évaluée pour l’instant entre 4 et 6 milliards d’euros.