Un « boys band de résistance » : voilà comment le percussionniste Walaa Sbait présente 47Soul, quatuor palestinien formé à Amman en 2013. Walaa, Tareq, Ramzy et Hamza, sweat à capuche et keffieh bédouin, se sont rencontrés sur Internet dans l’effervescence révolutionnaire des printemps arabes. L’« âme de 1947 » (47Soul, leur nom) est celle de la période pré-Nakba (la « catastrophe » de 1948), mythifiée dans la région, quand on pouvait encore y circuler librement.
Dabke frénétique et hip-hop guttural
« Au-delà de la Palestine, nous luttons contre l’esprit même de la partition décidée par les colons. Arabe, je veux pouvoir manger un sandwich à Ramallah, boire un café à Beyrouth et me faire un ciné à Bagdad », s’indigne Walaa. Du fait de problèmes de visa des uns et des autres, ils n’ont d’ailleurs que peu joué dans les territoires occupés.
Ils rayonnent désormais en Europe, depuis Londres. Le hasard a voulu qu’ils y habitent la Balfron Tower, dans un quartier populaire, qui leur a inspiré l’album Balfron Promise : « Nos voisins étaient arabes, colombiens, somaliens… Certains vivaient là depuis vingt ans. Mais des promoteurs nous ont tous expulsés pour construire un immeuble de luxe. C’est un peu comparable à ce qu’ont vécu les Palestiniens. »
Sur scène, leurs textes militants explosent dans un mélange allumé de dabke frénétique et de hip-hop guttural, avec des synthés stridents pour imiter l’emblématique clarinette de roseau. Avec 47Soul, la liberté est invoquée dans une transe aussi kitsch qu’explosive.
Le 25 juin, 19h, au Cabaret sauvage, 59, bd Macdonald, Paris 19e (22 €).