Face à elle sévit une répression israélienne de plus en plus musclée. Pour le gouvernement de Benjamin Netanyahou, l’écho de plus en plus grand que reçoit la lutte populaire représente en effet une réelle menace.
Bien qu’elle connaisse des antécédents, la résistance non-violente palestinienne a été réinvestie il y a maintenant cinq ans par le petit village de Bil’in, manifestant depuis tous les vendredis contre le mur de séparation qui l’empêche de cultiver ses terres. Aujourd’hui, outre les nombreux villages qui sur le modèle de Bil’in se sont lancés dans la lutte non-violente contre le mur ou contre les colons, le mouvement a grandi, s’est renforcé et à élargit ses objectifs. Aujourd’hui, l’appel à une campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions à l’encontre d’Israël, signé par plus de cent cinquante organisations de la société civile palestinienne, est soutenu par plusieurs centaines d’organisations partout dans le monde.
Ce mardi (30 mars), les Palestiniens, qu’ils soient en Cisjordanie, à Gaza, en Israël ou réfugiés dans le monde célébraient pour la trente-quatrième fois la Journée de la Terre, en commémoration de la mort de six Palestiniens d’Israël tués lors de manifestations le 30 mars 1976. Des manifestations non-violentes se sont tenues un peu partout cette semaine, et se sont soldées par de nombreuses arrestations, des blessés et un garçon de quinze ans tué par des balles israéliennes alors qu’il manifestait dans le sud de la Bande de Gaza (« Israeli troops kill Palestinian boy on ’Land Day’ », Hürriyet, 31/3/2010).
Depuis les dernières élections et l’arrivée de l’actuelle coalition de droite nationaliste au pouvoir en Israël, la répression contre le mouvement de résistance non-violent durcit de plus en plus. Les raids sur le village de Bil’in sont de plus en plus fréquents (voir site du village de Bil’in). Les colons israéliens, confiants dans le soutien des autorités, adoptent des attitudes de plus en plus provocatrices et violentes vis-à-vis des Palestiniens de Cisjordanie.
Dans Haaretz, l’artiste américano-israélien Udi Aloni remarque que tous les dignitaires du pays ont été recrutés pour lutter contre « le spectre terrifiant de la résistance non-violente contre l’occupation et le régime d’apartheid ». Pour lui, les Juifs israéliens se comportent aujourd’hui comme un « enfant gâté et riche, qui préfère détruire son propre château que de devoir partager son monde et ses rêves avec la population autochtone ». Selon lui, seule une poignée d’Israéliens a pris la bonne décision, celle de soutenir la résistance non-violente palestinienne. Son espoir est de voir ce mouvement adopter un « front binational palestinien et juif pour une solution politique équitable et égalitaire » (« Israelis are behaving like spoiled rich brats », Haaretz, 21/3/2010).
Cette vision est belle mais semble néanmoins prématurée. La proportion d’Israéliens engagés dans la lutte non-violente palestinienne contre l’occupation est infime, et rejetée par la majorité du peuple israélien. Même la gauche israélienne condamne ces « radicaux » qui se battent selon eux contre leur propre pays. Mais le mouvement progresse et offre peut-être à ce jour les seuls espoirs pour un processus de paix plus que jamais dans l’impasse.