Pourquoi les réfugiés palestiniens seront-ils encore souvent oubliés des articles et reportages consacrés à cette journée ? Parce qu’il ne font pas partie du cadre juridique global du Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations unies(HCR) mais de l’UNRWA agence spécialisée de l’ONU fondée en 1949 pour assurer les besoins élémentaires des réfugiés palestiniens ? Par négligence ? « problème » trop ancien ? Parce que ce sont les seuls réfugiés que les agences de l’ONU n’incitent pas à rentrer dans leur foyer… ?
Et pourtant plus de la moitié du peuple palestinien est en exil forcé et constitue avec 4,6 millions de réfugiés pris en charge par l’UNRWA le groupe le plus important, devant les Afghans(3,1 millions ) et les Irakiens(2,3 millions)
Expulsion et dépossession
En 1948, les groupes armés sionistes et l’armée israélienne expulsent, par la force et la terreur, 850.000 Palestiniens.
Ce fut un véritable nettoyage ethnique accompli pour moitié avant la déclaration d’indépendance d’Israël du 15 mai 1948 et avant l’entrée en guerre des armées arabes.
Sur le territoire alloué à un « état juif » par le plan de partage de l’O.N.U et sur le territoire conquis par Israël, seulement 15% des habitants palestiniens non juifs réussissent à rester, mais souvent déplacés de leur ville ou village d’origine. (415 villages sont rasés ou détruits).
Les massacres sont nombreux comme celui de Deir Yacine : 250 morts.
Les Palestiniens se réfugient au Liban, en Syrie, en Cisjordanie et TransJordanie, dans la bande de Gaza... en majorité dans des camps.
Les premiers réfugiés en 1948
Pour être admis à l’ONU, l’état israélien accepte en 1949 la Résolution 194 reconnaissant le droit au retour des réfugiés palestiniens mais s’est depuis toujours opposé à la mise en œuvre de ce droit universel, chassant, tuant ou exilant de nouveau les réfugiés qui avaient réussi à revenir.
En 1967, Israël occupe la Cisjordanie avec Jérusalem-Est, la bande de Gaza, le Golan, le Sinaï. Plus de 200.000 Palestiniens sont de nouveaux exilés, surtout vers la Jordanie.
Une agence spécialisée de l’O.N.U, l’UNRWA, est fondée en 1949 pour assurer les besoins élémentaires des réfugiés (alimentation, santé, scolarisation).La réduction continue du budget de cette agence, sous la pression des Etats-Unis, précarise encore plus la situation des 5 millions de réfugiés notamment au Liban et dans la Bande de Gaza (où 80% des habitants sont des réfugiés), asphyxiée par le blocus israélien. L’éducation des enfants, principal capital des Palestiniens, est aujourd’hui menacée.
La politique israélienne d’expulsion des Palestiniens continue.
Judaïsation à grande vitesse de la Galilée et du Négev dépossédant encore plus les Palestiniens d’Israël.
41% des Israéliens sont favorables au « transfert » des Palestiniens d’Israël ! Des partis ouvertement transféristes ont des élus à la Knesset.
Les 230.000 Palestiniens de Jérusalem-Est sont enclavés par le Mur et menacés de perdre leur « droit de résidence » attribué par l’occupant lors de l’annexion( après l’occupation de 1967).
400.000 Palestiniens de Cisjordanie coincés dans les enclaves entre les colonies ou entre la ligne verte (ligne d’armistice de 1949) et le Mur, privés de leurs terres et de leur eau, sont condamnés à partir pour essayer d’aller gagner leur vie ailleurs.
L’état israélien accélère son emprise sur la vallée du Jourdain (30% de la Cisjordanie) et en exclut les Palestiniens.
Des milliers d’habitations ont été détruites par les bulldozers et chars israéliens. Des familles se sont retrouvées à nouveau sous la tente comme à Rafah.
54.000 Palestiniens sont sans papiers sur leur propre terre et sont à la merci d’une déportation vers la Jordanie lors d’un contrôle sur un barage israélien.
Les Palestiniens des territoires occupés sont de plus en plus en situation de REFUGIES SUR LEUR PROPRE TERRE !
Et cela sous le regard impassible de la communauté internationale, voire la complicité de l’Europe qui se refuse à publier le rapport de ses propres diplomates sur Jérusalem-Est et notamment de la France qui soutient les sociétés Alstom et Véolia pour le projet de construction d’un tramway qui doit desservir et renforcer les colonies de Jérusalem-Est.
A l’occasion de cette journée mondiale des réfugiés, nous rappelons l’existence et la réalité des Palestiniens expulsés en 1948 et 1967 et de leur descendants.
Dans un large consensus , l’état et les partis israéliens sont dans la négation de l’expulsion massive et violente des Palestiniens en 1948 (la Nakba).
Ils refusent aussi le droit au retour des réfugiés, au centre du conflit et de sa résolution, et le principe même de ce droit, au mépris des droits de l’homme, des résolutions de l’ONU et du droit international.
Le droit au retour prévu par la résolution 194 de l’O.N.U n’est pas négociable.
En revanche les réfugiés peuvent renoncer à ce droit [1] et obtenir des indemnisations de l’Etat Israélien pour le préjudice et les biens spoliés.
L’impunité de l’état israélien est totale et son « droit » à l’exception permanente et soutenu par les Etats Unis avec la complicité de la France et de l’Europe !
Le « problème » ce n’est pas les réfugiés, c’est l’expulsion !