Vendredi 24 – Samedi 25 novembre
Utopia Bordeaux
Palestine 33, l’UJFP et la FSE (Fédération syndicale étudiante) organisent les vendredi 24 et samedi 25 novembre la projection de trois films sur la Palestine, centrés sur les réalités vécues par les Palestiniens, que ce soit à Gaza, en Cisjordanie ou en Israël.
Vendredi 24 novembre 2023
20h15 : "Yallah Gaza" de Roland Nurier, en présence du réalisateur
2023, 101 mn
Yallah Gaza est le second film de Roland Nurier, que nous avions invité à Bordeaux fin 2019 pour présenter Le Char et l’Olivier. Comme l’indique son titre, le film est exclusivement consacré à Gaza, à son histoire et à sa situation particulière dans le combat national palestinien.
Construit selon le principe éprouvé d’alternance de séquences prises dans les rues de Gaza (filmées par le documentariste de Gaza, Iyad Alasttal, Roland Nurier n’ayant pas eu la possibilité de tourner sur place) et d’entretiens sur des thèmes variés, le film offre le portrait d’une société vivante, dynamique et beaucoup ouverte que ne le prétendent les clichés réducteurs, généralement négatifs, véhiculés sur elle par la propagande occidentale.
Les explications et les analyses d’un certain nombre d’universitaires ou de spécialistes reconnus de la question palestinienne apportent un éclairage précis sur l’histoire et sur la situation contemporaine avec ses lourdes contraintes, particulièrement celles qui sont liées au sévère blocus imposé par Israël. Jean-Pierre Filiu, l’auteur de l’ouvrage de référence, Histoires de Gaza, ou Leila Seurat, autrice de Le Hamas et le monde, ou encore Sylvain Cypel, un des grands journalistes d’Orient XXI, proposent ainsi un cadre de réflexion fort utile pour comprendre ce qui se joue à Gaza. Mais ils sont accompagnés par nombre de personnalités aux profils très variés allant du réalisateur Ken Loach au chirurgien Christophe Oberlin, qui se rend plusieurs fois par an à Gaza pour opérer et former des médecins locaux, à l’avocat Gilles Devers, ou encore aux infatigables militants antisionistes Pierre Stambul et Sarah Katz.
Cependant à côté de ces contributions plus ou moins attendues, le film donne la parole à un responsable de l’UNWRA et à plusieurs Israéliens juifs dissidents et militants antisionistes, ainsi qu’à une vingtaine d’habitants de la Bande de Gaza, quelques–uns avec des responsabilités politiques (un membre de l’OLP en mission auprès de l’Union Européenne, un ancien Ministre de la Santé du Hamas, ou Maryam Abu Daqqa, la grande militante du FPLP, qui a dû tout récemment interrompre la tournée qu’elle faisait en France à l’invitation de l’AFPS, le petit ministre de la Place Beauvau l’ayant assignée à résidence à Marseille), la plupart étant de simples représentants de la société civile. C’est à travers les réflexions et les témoignages de ces personnes, un ancien pêcheur, un responsable de la pépinière solidaire de Gaza, un vieux réfugié originaire de Ber Sabée dans le Nakab, un jeune historien de Gaza, un prêtre à la retraite, un professeur de dabké, d’autres encore, que le film nous fait comprendre de l‘intérieur ce qu’est la vie à Gaza. Et parmi tous ces témoignages, ceux d’une jeune femme directrice de l’association « We are not number », de la responsable du département de français à l’Université de Gaza, de deux travailleuses sociales, ou d’une éducatrice sportive luttant pour que la place des filles dans le sport soit pleinement acceptée, ne sont pas les moins remarquables.
Voilà donc un film qui donne une image humaine des gens de Gaza, de la société de Gaza, une image aux antipodes des préjugés absurdes qui la présentent comme un monde hostile, hermétique fermé aux valeurs modernes et démocratiques. Et la tragédie que vit la population de Gaza en ce funeste automne n’enlève rien à son intérêt.
Samedi 25 novembre 2023
14h30 projection de "Alam" de Firas Khoury
2022, 104 mn
(Projection suivie d’un débat avec un chercheur en sciences politiques originaire de Gaza, mais sous réserve, étant donné la situation)
Alam, le premier film long-métrage de Firas Khoury, propose une approche très significative de l’identité palestinienne, particulièrement chez les jeunes Palestiniens d’Israël, en lien avec l’histoire de la Nakba de 1948.
Le film met en scène une interrogation sur la place de ces jeunes dans la société israélienne et sur les tentatives de celle-ci, à travers l’institution scolaire, de leur faire perdre toute identité palestinienne.
Tamer, étudiant palestinien, ne se mêle pas de politique ; en même temps, le souvenir de son oncle, un activiste physiquement brisé par l’emprisonnement, pèse lourdement sur son esprit. Il est attiré par une nouvelle camarade de classe, la belle, spontanée et engagée politiquement Maysaa ; pour l’impressionner, Tamer entraîne ses copains dans l’« Opération Drapeau » de Maysaa. Cet acte de résistance vise à remplacer le drapeau israélien de l’école par le drapeau palestinien le jour de l’indépendance israélienne, qui pour les Palestiniens est un jour de deuil commémorant la « Nakba », la Catastrophe.
Si la vie quotidienne des protagonistes du film tourne sur le même pivot que celle des adolescents du monde entier - bachotage pour les examens, altercations avec les parents, recherche d’argent pour acheter des cigarettes et de l’herbe -, le scénario de Firas Khoury reflète la façon dont ces jeunes « vivent une réalité très politique », qui a servi de déclencheur à une lutte pour leurs droits.
« Je suis sûr que la situation ne va pas durer. Je ne suis pas optimiste. Mais je sais que cette nouvelle génération n’acceptera plus l’occupation. J’ai accepté l’occupation quand j’avais leur âge. Je me sentais inférieur aux Juifs. Ils m’ont dit d’être inférieur, et quand j’avais leur âge, je me sentais inférieur. Mais ils ne se sentent plus inférieurs maintenant. » explique Firas Khoury, scénariste et réalisateur palestinien de 39 ans, diplômé de l’Université de Tel-Aviv en master cinéma, qui a déjà plusieurs courts métrages à son actif. Parallèlement à son activité de réalisateur, Firas Khoury s’engage sur la diffusion des films palestiniens et sur la formation des jeunes. C’est ainsi qu’il est l’un des membres fondateurs du « Groupe Falastinema », qui développe des ateliers de cinéma et des projections dans toute la Palestine. Il a aussi enseigné l’expression cinématographique, en particulier à l’École de cinéma du Freedom Theater dans le camp de réfugiés de Jénine.
17h30 projection "Le Piège de Huda" de Hany Abu-Assad
2021, 91mn
Dans ce thriller captivant, inspiré de faits réels, Reem, une jeune mère mariée se rend au salon de coiffure de Huda à Bethléem, en Palestine. Après avoir mis la jeune femme dans une situation déshonorante, Huda exerce sur elle un chantage pour la contraindre à donner des renseignements aux services secrets israéliens, et ainsi l’amener à trahir son peuple... Dans la nuit, Huda est arrêtée par Hasan, un membre de la résistance, ce qui met en danger la vie de Reem et de sa famille. La colonisation et ce qu’elle engendre au quotidien pour les Palestiniens est bien au cœur de ce film.
« Cette histoire est basée sur des faits réels mais les personnages sont fictifs. Il est arrivé que les services secrets utilisent des salons de beauté pour droguer des femmes et les mettre dans des situations compromettantes, les poussant à collaborer. Ils choisissent des femmes vulnérables dans la société arabe, qui ne peuvent obtenir de soutien ni de leur mari ni de leur famille ».
(...)
« Le film traite vraiment de la contradiction entre la trahison et la loyauté. En faisant ce film, j’ai vraiment compris que l’une ne peut exister sans l’autre. Le bien n’a pas de sens sans le mal. Mais ils peuvent changer. Et ils ont un point de contact où ils deviennent presque identiques. J’ai été fasciné par cette dynamique en écrivant le scénario. »
Hany Abu-Assad
Le Piège de Huda est le douzième film de Hany Abu-Assad, réalisateur d’une œuvre (Le mariage de Rana, Paradise now, Omar, Le Chanteur de Gaza) soulignant la force et la singularité d’un cinema palestinien qui, sans souscrire au schéma convenu du cinéma militant, sait aborder avec une grande justesse les combats politiques pour la justice et la liberté.