L’annonce d’une nouvelle conférence internationale sur la question israélo-palestinienne, en novembre à Washington, a fait renaître l’espoir de parvenir à une solution négociée de ce conflit vieux de plusieurs décennies. Mais, en l’absence de stratégie palestinienne pour faire pression sur Israël, les pourparlers risquent de déboucher sur une nouvelle feuille de route ne menant nulle part.
Il est possible que l’Autorité palestinienne en soit consciente, comme le suggère son appel récent à une nouvelle forme de lutte contre l’occupation israélienne. Bien que l’information n’ait guère été relayée par les médias, le gouvernement palestinien a publié fin juillet un nouveau programme politique qui, pour la première fois depuis la création de l’Autorité palestinienne, ne fait pas référence à la “résistance armée” à Israël comme principe de base.
On n’y trouve plus le mot “muqawama”, qui signifie “résistance” en arabe mais est utilisé par les groupes d’activistes pour désigner toutes les opérations, depuis les tirs de roquettes jusqu’aux attentats suicides. Ce nouveau programme, qui a été approuvé par le président Mahmoud Abbas et par le Premier ministre Salam Fayyad, appelle les Palestiniens à lutter pour instaurer leur Etat en recourant à une forme de résistance différente : la “lutte populaire”.
Ce document peut-il avoir un impact majeur sur un conflit dont la solution équitable a toujours échappé aux diplomates et aux militants ? La “lutte populaire” offre-t-elle une option intermédiaire entre les négociations et les exécutions, une option qui pourrait aider à construire un Etat palestinien indépendant ? C’est tout à fait possible.
Les dirigeants du Hamas ont immédiatement dénoncé le nouveau programme et accusé le gouvernement Abbas-Fayyad de trahir les aspirations palestiniennes. Des menaces de mort ont été proférées contre le Premier ministre. “Si Fayyad croit pouvoir effacer le mot muqawama des mémoires, il se trompe. Car ce mot a été écrit avec le sang des martyrs”, a déclaré Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas dans la bande de Gaza. Les partisans du nouveau programme ont répondu que trop de sang avait été versé pour trop peu de bénéfices.
Toujours est-il que, en l’absence d’alternative, des groupes radicaux comme le Hamas, le Djihad islamique et les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa ont pu monopoliser le langage de la résistance, en faisant valoir qu’ils étaient les seuls à lutter pour une Palestine libre et indépendante. Il est possible que les groupes extrémistes finissent par perdre leur emprise. D’autant que les objectifs politiques du programme gouvernemental sont soutenus par la grande majorité des Palestiniens : création d’un Etat dans les frontières d’avant 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale et règlement équitable du problème des réfugiés palestiniens dans le cadre des résolutions des Nations unies.