« Nous sommes les Arabes Palestiniens en Israël, le
peuple autochtone, les résidents de l’Etat d’Israël,
partie intégrante du peuple palestinien et de la
nation arabe, musulmane et humaine.
« La guerre de 1948 a amené l’établissement de l’Etat d’Israël sur 78
pour cent de la Palestine historique. Nous nous sommes trouvés,
nous qui sommes restés dans notre patrie (environ 160 000), à l’intérieur
des « frontières » de l’Etat juif. Cette réalité nous a éloignés du
reste du peuple palestinien et du monde arabe et nous avons été
contraints à devenir des citoyens d’Israël, une minorité dans notre propre
patrie historique.
« Depuis la Nakba de 1948 (la tragédie palestinienne), nous avons
été soumis à une politique de discrimination structurelle extrême, à
l’oppression nationale, à la domination militaire jusqu’en 1966, à la
politique de confiscation de la terre, à l’inégalité dans l’attribution des
budgets et des allocations de ressources, à la discrimination en termes
de droits et à des menaces de transfert. L’Etat a aussi maltraité et tué
ses propres citoyens arabes, comme lors du massacre de Kufr Qassem,
du Jour de la Terre en 1976, ainsi qu’au début de l’Intifada Al-
Aqsa en 2000.
« Depuis la Nakba et malgré tout, nous avons maintenu notre identité,
notre culture et notre appartenance nationale ; nous nous sommes
battus et continuons à nous battre pour parvenir à une paix juste,
globale et permanente au Moyen-Orient qui passe par l’obtention
d’une résolution juste et durable concernant le statut des réfugiés
palestiniens tel que défini par les Nations unies, et par la déclaration
d’un Etat palestinien indépendant.
« Définir l’Etat d’Israël comme Etat juif et utiliser la démocratie au
seul service de sa judaïté nous exclut, crée de la tension entre nous
et l’Etat et l’essence de l’Etat. Aussi nous appelons à un système
démocratique consensuel qui nous permette d’être pleinement actifs
dans le processus de prise de décision et qui garantisse, individuellement
et collectivement, nos droits civiques, nationaux et historiques.
(...)
« Le projet que ce document présente est la continuation de notre
combat pour que se cristallise une vision d’avenir, stratégique et
claire, des Palestiniens d’Israël. L’objectif du projet est de répondre
à la question : « Qui sommes-nous ? Que voulons-nous pour notre
société ? »
Le rapport établit comme fondamentaux les questions suivantes
(résumés) :
■Les Arabes palestiniens en Israël et leur relation à l’Etat d’Israël
Un changement de statut est nécessaire. Il faut préserver l’identité arabe
palestinienne, tout en jouissant de la pleine citoyenneté dans l’Etat et
ses institutions, atteindre l’autonomie institutionnelle dans les domaines
de l’éducation, de la culture et de la religion et obtenir l’égalité complète
avec la majorité juive. Ceci suppose de mettre en place un système
de démocratie consensuelle impliquant la présence de deux
groupes : les juifs et les Palestiniens.
■ Le statut légal des Arabes palestiniens d’Israël
Dans un changement sociétal structurel global, obtenir l’égalité et le
partenariat, et être totalement libérés de la dépendance nationale, de
l’exploitation et de l’oppression.
– La politique de la terre, du plan et de l’habitat
Sont recommandés : l’adoption de lois en faveur d’une justice redistributive
entre citoyens arabes et juifs, l’annulation des lois de confiscation
et de toutes les mesures discriminatoires à l’égard de la minorité
arabe, la reconnaissance de l’oppression historique qu’elle a
subiela reconstruction des institutions israéliennes en charge du plan
et de l’habitat, l’inclusion des villages et des villes arabes dans le territoire
national.
■ la stratégie économique
S’intégrer dans un nouveau système économique, mettre en pratique
un plan de développement et un système de protection sociale qui couvrent
les services de base et donnent des possibilités d’emploi à tous.
Adopter un développement en deux parties : l’entrée sur le marché
du travail israélien, le droit légitime à des opportunités égales pour
l’emploi et l’investissement et la création d’un élan national dans
l’économie vers plus de chances pour la société arabe, moins de
dépendance, vers l’unité sociale et l’égalité.
■ Stratégie de développement social
Il s’agit de créer les conditions susceptibles de garantir la solidarité
et l’égalité des chances, ce qui suppose d’assurer aux femmes des
droits égaux à ceux des hommes en tous points, la participation de
tous, hommes et femmes, au processus de changement social, l’amélioration
du niveau et -donc- des relations sociales. Un équilibre doit
être trouvé entre la croissance, le développement structurel, le développement
local et l’épanouissement individuel, entre l’individu créateur
et innovateur et l’intérêt collectif. Etablir une base sociale solide
à même de nourrir l’identité collective.
■ Conception de l’éducation et plan stratégique pour le système
éducatif
Il est nécessaire de mettre en place une politique éducative qui prenne
en compte le développement culturel, l’accès de tous au savoir et à
la connaissance ainsi qu’à la révolution technologique. Un effort particulier
doit être fait en faveur des femmes.
Ce plan stratégique dépendrait en particulier :
– du droit des Arabes palestiniens à déterminer et administrer eux-mêmes
la politique éducative qui les concerne
– de l’adoption des objectifs dégagés par le Comité de suivi pour l’éducation
arabe en Israël après la quatrième conférence sur l’éducation
de 1994 : une jeune génération qui partage des valeurs et une identité
communes, qui ait confiance en elle ; des professeurs à qui on
donne la possibilité d’exploiter les capacités de leurs élèves ; la conviction
que le système éducatif est la base de tout projet de développement
social, économique, culturel et politique.
■ La culture arabe palestinienne en Israël
La “Palestine historique” est l’élément unificateur entre tous même
si c’est une terre occupée. Le sentiment d’appartenance à la terre
natale demeure primordial pour l’identité nationale et culturelle. Pour
les artistes et intellectuels palestiniens, elle est le lieu de la langue première
d’où surgit le vocabulaire de l’histoire, de la géographie et de
la culture. Elle cristallise l’identité et la conscience palestiniennes, qui
ont résisté à toutes les tentatives de dilution dans une identité réduite
à la « loyauté envers l’Etat ».
Le rapport suggère de créer un département spécifique des affaires
culturelles pour les Palestiniens d’Israël, qui aurait pour mission de
donner droit de cité à l’expression culturelle palestinienne.
■ Les institutions palestiniennes en Israël
La création d’institutions spécifiques dialoguant avec les institutions
étatiques, les autorités locales, le secteur privé et les partis politiques
est un enjeu important qui doit être discuté. L’existence de ces institutions
autonomes devrait promouvoir un changement réel de statut
des Arabes palestiniens.
« [Ces propositions] visent à promouvoir le statut de la société arabe
et à développer un système démocratique équitable et juste pour tous
en Israël. »