Le contexte à Akka (Acre)
En 1948, Akka était palestinienne. Aujourd’hui, les Palestiniens représentent 32 % de la population après des années de judaïsation d’abord à la suite de l’installation de Juifs orientaux puis russes et, à partir de 2008, avec l’arrivée de familles juives venant de Gaza et des colonies (beaucoup de Français), des milieux très violemment hostiles aux Palestiniens.
Avant 1948, 7% du territoire palestinien était occupé par des Juifs, aujourd’hui 7 % du territoire reste aux Palestiniens… Une occupation de long terme mûrement planifiée et finalement officialisée par la loi Etat Nation de juillet 2018.
En mai 2021, les bombardements sur Gaza ont provoqué des affrontements entre Palestiniens et juifs Israéliens surtout dans les villes côtières dites « mixtes » (Akka, Lod, Jaffa...) suivis d’une répression sévère contre les Palestiniens, notamment les jeunes, qui se poursuit, même si elle est absente de nos médias.
Aujourd’hui, la situation est explosive. Des organisations sionistes religieuses font venir des bus de colons pour manifester contre les Palestiniens. Le scénario est connu : provocations, slogans racistes, violences, marquage de maisons qui provoquent les réactions palestiniennes. Dans les médias, on explique que les violences palestiniennes sont les causes des troubles et de la répression par les autorités.
La question centrale du logement
Un ensemble de lois permet de vider les villes de leur population palestinienne. Sur la côte, elles se transforment en en villes touristiques pour Israéliens ou étrangers très aisés, avec l’argument de la sauvegarde du patrimoine !
En 1948, la Nakba a vidé Akka de sa population palestinienne. En vertu de la « loi sur les absents », l’État israélien a mis la main sur la majorité des logements et des terrains « libérés » qui ont été occupés par des Palestiniens réfugiés. En vertu d’une autre loi dite des « logements protégés des familles palestiniennes », certains Palestiniens ont pu garder leurs logements en location pendant trois générations. Mais cette « protection » arrive à échéance avec la 4ème génération.
Il s’agit donc d’une opération de gentrification complexe et discriminatoire, économique mais aussi politique, et de judaïsation forcée. Les expulsions sont en cours et les recours des Palestiniens sont rejetés par la Cour suprême israélienne au nom du « droit pour les communautés juives de vivre séparées des Palestiniens ». Certains quartiers sont désormais interdits aux Palestiniens, tant locataires que propriétaires.
Reste la résistance populaire
À Jaffa, des Palestiniennes menacées d’expulsion sont installées sous des tentes qu’elles refusent de quitter malgré les menaces de la municipalité. Interrogée sur la convergence des luttes des Palestiniens et des luttes féministes, Johayna insiste sur le fait que Tarabout ou Hirakuna sont des mouvements anticoloniaux qui luttent pour l’égalité des Palestiniens, même si les femmes dénoncent la double oppression qu’elles subissent (patriarcat et occupation). La cible des luttes est le contexte global d’injustice. Ainsi, précise Johayna, elle peut lutter aux côtés des Juifs orientaux mais aux côtés des femmes juives, c’est plus difficile car elles laissent de côté les discriminations subies par les Palestiniens. Une militante palestinienne, anticolonialiste ne peut pas se tenir au côté d’une féministe colon. Il y a unicité du combat des femmes mais à condition de prendre en compte les autres oppressions.
Une note d’espoir
Malgré la volonté des Israéliens de diviser la population palestinienne, le mois de mai 2021 a été l’expression d’un puissant mouvement unitaire, notamment chez les jeunes : les familles qui résistent à l’expulsion à Jérusalem Est, les Gazaouis sous blocus, les Palestiniens de Cisjordanie sous occupation, les Palestiniens de 48 face aux colons et la police mènent le même combat contre la politique israélienne. Ce lien nouveau ne peut se développer qu’au niveau de la base car on ne peut pas compter sur les politiques comme Mansour Abbas, caution islamiste du gouvernement Bennett qui estime que « puisque nous ne pouvons pas changer les choses fondamentalement, essayons de grappiller quelques petits avantages ».
Israël est en train d’échouer dans sa stratégie nationale vis-à-vis des Palestiniens qui affirment leur unité. Pour Johayna, « tout rassemblement pour le droit et la justice est un rassemblement pour la Palestine. La liberté est une et indivisible. On doit être solidaire et unis pour continuer le combat ».