Avant la capture, le 25 juin, d’un soldat israélien dans la Bande de Gaza, le gouvernement dirigé par le Hamas rencontrait un certain nombre de difficultés tant par manque d’expérience qu’à cause du boycott israélien et international de ce gouvernement.
Ces difficultés aggravées par le fait que toutes les parties rivales, y compris le Fatah et les factions de l’OLP, se trouvaient exclues du gouvernement créant une opposition relativement forte, avaient commencé à produire les germes d’une critique publique du gouvernement.
Pour ces raisons et pour d’autres, le terrain était prêt pour un éventuel gouvernement d’unité nationale. Après le 25 juin, avec la campagne de violence israélienne contre Gaza ainsi que l’arrestation en Cisjordanie de la plupart des membres du cabinet palestinien et des parlementaires appartenant au Hamas ces efforts ont été gelés.
A l’intérieur du Hamas aujourd’hui, le débat semble se focaliser sur la question de savoir s‘il faut ou non lier les négociations sur le soldat israélien capturé à Gaza avec ce que pourrait faire le Hezbollah en ce qui concerne les deux soldats israéliens capturés sur la frontière israélo- libanaise.
La plupart des membres du Hamas à Gaza ne semblent pas enthousiastes au sujet d’un tel lien et préféreraient un accord qui inclurait la libération de prisonniers politiques palestiniens et la fin des violences contre Gaza en échange du prisonnier israélien et de la fin des tirs de roquettes sur le sud d’Israël.
Si un tel accord devait se matérialiser (des efforts énergiques sont entrepris à cet effet par l’Egypte et par la Présidence de l’Autorité palestinienne) la possibilité d’un gouvernement d’unité nationale pourrait à nouveau émerger.
Il y a deux points de vue à l’intérieur du Hamas concernant une telle possibilité. Il y a ceux qui considèrent encore sérieusement leur devoir gouvernemental et croient qu’un gouvernement de coalition a une plus grande chance de survie et par conséquent d’assurer la victoire du Hamas aux élections législatives de janvier.
Ce courant de pensée soutient également qu’un gouvernement de coalition sera mieux à même de faire face, pour y mettre fin, au boycott international et qu’il pourrait aussi aider à convaincre Israël d’arrêter le blocage des taxes qu’il collecte pour le compte de l’Autorité palestinienne, sommes qui constituent entre un tiers et la moitié des salaires que doit verser l’Autorité.
En effet, le transfert de cet argent pourrait aussi être une condition de tout accord avec Israël concernant le soldat prisonnier.
Néanmoins, il n’y a aucun signal encourageant ni de la part d’Israël ni de celle de la communauté internationale pour indiquer que le soutien à l’Autorité palestinienne pourrait reprendre si un gouvernement d’unité nationale se formait. Cela en dépit de suggestions qu’un tel gouvernement aurait un premier ministre technocrate plutôt qu’ appartenant au Hamas, voire même que le Président Mahmoud Abbas, lui même
prendrait cette responsabilité.
Le manque de tels signaux est utilisé comme argument par l’autre courant de pensée à l’intérieur du Hamas. Ce courant soutient qu’un gouvernement strictement Hamas doit continuer parce que quelle que soit la flexibilité et l’ouverture manifestée par le Hamas sur cette question, il y a peu à attendre en termes de flexibilité de la part des pays donateurs non plus que d’Israël.
Néanmoins, tout accord avec Israël concernant l’échange de prisonniers sera vraisemblablement suivi au moins d’un remaniement gouvernemental. Il pourrait coïncider avec un changement soit dans la composition du gouvernement israélien soit dans un changement de son attitude et de ses positions vis-à-vis de la question palestinienne.
Une des conclusions qu’Israël est invité à tirer de ses crises avec le Hamas en Palestine et le Hezbollah au Liban est que s’en remettre uniquement à sa puissance militaire et à l’usage de la force ne sera pas suffisant pour assurer la sûreté, la sécurité, et la survie d’Israël. Peu importe la force israélienne, l’injustice continuelle qu’il inflige à ses voisins et le manque de toute perspective politique de paix pour une coexistence -l’ensemble de l’expérience des Palestiniens dans les négociations pour un compromis historique basé sur l’échange de la terre contre la paix-
donnera toujours lieu à la résistance
C’est pourquoi, logiquement, on devrait s’attendre soit de la part d’un nouveau gouvernement israélien d’après conflit, soit de la part du gouvernement existant à un mouvement vers un processus politique.
Sans un tel processus, Israël ne peut espérer désamorcer l’hostilité grandissante parmi ses voisins qui est le résultat de son arrogance, de l’usage disproportionné de la force et d’un désintérêt total pour les besoins et les droits de l’autre partie.