55 min
Disponible du 04/08/2020 au 09/10/2020
Prochaine diffusion le mardi 11 août à 20:50
En 1896, Theodor Herzl, journaliste austro-hongrois inquiet de la montée de l’antisémitisme en Europe, publie L’État des juifs, dans lequel il prône la fondation d’un foyer national juif. La Palestine, destination définitivement élue par le mouvement sioniste en 1905, voit débarquer les premières vagues d’immigrants. Ils fondent les premiers kibboutzim, y cultivent les terres achetées aux Arabes. Initialement paisibles, les relations entre les deux communautés se tendent lorsque les Palestiniens réalisent que leur territoire est en train de leur échapper. Après la Première Guerre mondiale et le démantèlement de l’Empire ottoman, la Palestine passe sous mandat britannique. D’abord encouragée, l’immigration juive est drastiquement freinée après la grande révolte arabe de 1936. Les Britanniques, qui redoutent le ralliement des pays arabes aux puissances de l’Axe, entendent ainsi apaiser la colère des Palestiniens, menés par Amine al-Husseini, le grand mufti de Jérusalem et président du Haut Comité arabe, aux sympathies pronazies. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que des milliers de rescapés de l’Holocauste cherchent un refuge, les autorités britanniques, campées sur leurs positions, les refoulent, favorisant ainsi la radicalisation des organisations sionistes. Paradoxalement, l’attentat du King David, le quartier général britannique, joue en faveur de ces dernières : le Royaume-Uni s’engage sur la voie du retrait et l’ONU adopte un plan de partage de la Palestine en deux États en avril 1947. L’Agence juive accepte, les Arabes de Palestine refusent. Dans un contexte de violences extrêmes, Ben Gourion proclame la création de l’État d’Israël le 14 mai 1948. Le lendemain, les pays arabes voisins envahissent l’ancienne Palestine mandataire. Victorieux de ce premier conflit, l’État hébreu s’empare de 26 % de territoires supplémentaires, tandis que 750 000 Arabes palestiniens sont contraints à l’exode.
"Guerre sans fin"
"Et c’est le début d’un aveuglement politique de plus en plus profond", analyse l’historien israélien Élie Barnavi. Soixante-dix ans après la création de l’État hébreu, Blanche Finger et William Karel retracent la genèse de cette "guerre sans fin", qui cristallise toujours les tensions au Proche-Orient, attisées par le "plan Trump" de janvier 2020 et sa partition du territoire très favorable à Israël. Les témoignages à la fois personnels et clairvoyants d’universitaires israéliens et palestiniens, qui ont vécu les événements de l’intérieur, se mêlent à de riches images d’archives – dont celles, poignantes, de l’exode des réfugiés – pour éclairer cette page cruciale de l’histoire contemporaine. Un documentaire limpide et mesuré, qui bannit la polémique au profit de la compréhension.
2e partie
53 min
Disponible du 04/08/2020 au 09/10/2020
Prochaine diffusion le mardi 11 août à 21:45
Les portes désormais grandes ouvertes, Israël double rapidement sa population, les juifs en provenance d’Europe se mêlant aux juifs sépharades chassés des pays arabes. Aux difficultés d’intégration des seconds s’ajoute une situation économique alarmante qui contraint Ben Gourion à limiter progressivement l’immigration. En 1956, le Premier ministre subit un cuisant revers : sous la pression internationale, Israël et ses alliés français et britannique doivent se retirer du Sinaï égyptien, envahi en réaction à la nationalisation du canal de Suez par Nasser. Pendant que les Israéliens affrontent leur passé traumatique au procès Eichmann, les pays arabes s’unissent autour de la question palestinienne. La vague d’attentats commis par les fedayin de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine, fondée en 1964) et la grave récession économique de 1965 poussent de nombreux Israéliens à quitter le pays. En juin 1967, après des mois d’escalade verbale et d’esbroufe militaire, l’État hébreu, qui instrumentalise un prétendu risque d’extermination, détruit l’aviation égyptienne et, profitant de la faiblesse de ses adversaires, annexe le Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie, la partie arabe de Jérusalem et le plateau syrien du Golan. À l’issue de la guerre des Six Jours, un million d’Arabes passent sous administration israélienne et une nouvelle vague de réfugiés vient grossir celle de 1948. Les territoires occupés, qui devaient servir de monnaie d’échange aux négociations d’une paix rejetée en bloc par l’OLP, voient alors se construire les premières colonies.