Après les événements sanglants
à Gaza en juin, beaucoup se
sont demandé ce qui allait se
passer ensuite. La position du Hamas
est claire : le gouvernement dirigé par
Ismail Haniyeh va continuer à appeler
au dialogue. Il va y travailler en exhortant
les parties arabes, islamiques et
autres parties internationales à encourager
le dialogue Fatah-Hamas. Ce dialogue
visera à la réconciliation nationale
et à la fin des désaccords et du boycott,
ainsi qu’à établir un partenariat politique
préalablement rejeté par des parties
influentes qui ont réussi à détourner
le Fatah et à déterminer sa position politique.
- © Haddad, in Al-Hayat
Nous savons que l’administration Bush
veut faire obstruction à tout dialogue
entre le Président Mahmoud Abbas et
Ismail Haniyeh, qu’en vérité elle cherche
à approfondir le fossé entre Palestiniens
et nous n’escomptons pas d’avancée en
ce qui concerne la position des Etats-
Unis. Mais nous pensons à l’après Bush
en renforçant nos liens avec les Etats
européens même si ce n’est pas officiel
et si cela se passe en coulisses. Nous
avons le sentiment que les Européens
comprennent mieux le Hamas ; que les
Européens comprennent que le mouvement
est crédible et qu’il n’exerce pas
de violence hormis dans le cadre de la
résistance légitime à l’occupation.
Il est donc important de clarifier ce qui
s’est passé à Gaza pendant ces journées
sanglantes de juin.
Tout d’abord, cela n’était pas planifié,
contrairement à ce que certains affirment.
Cela s’est produit à la suite de
nombreuses et vaines tentatives pour
contrôler le chaos sécuritaire et après
des agressions flagrantes contre des
membres et des dirigeants du Hamas, dans le mouvement ou parmi les sympathisants.
L’escalade était une provocation
sans équivoque et elle prit une
dimension inacceptable, jusqu’à baser
des assassinats sur la forme d’une barbe
ou la présence aux prières. Il y a eu aussi
des attaques contre des
mosquées et des imams.
La réponse à ces actes
a devancé les tentatives
du Major Général
Burhan Hamad et de la
délégation de la Sécurité
égyptienne de
même que des comités
de suivi national et islamique.
Alors, tout le
monde a été emporté
dans les vagues d’une
guerre que personne
n’avait voulue -même si nos sources indiquent
qu’une aile du Fatah entreposait
des armes et mobilisait des hommes pour
affronter le Hamas et lancer une attaque
contre son aile militaire.
Deuxièmement, il n’y a aucune raison,
aucune logique qui étaye l’affirmation
selon laquelle le Hamas aurait manipulé
les discussions du Caire qui devaient
réformer les services de sécurité, dans le
but de détruire l’unité nationale. Tels que
je me rappelle les événements des dix-huit
derniers mois, à chaque fois que nous
(Fatah et Hamas) étions proches de la
réconciliation, il y avait toujours une partie
décidée à ruiner les rapprochements.
Nous informions en détail le président
Abbas de ces plans et de l’identité des éléments
qui les élaboraient et nous l’appelions
à rejeter les éléments de la corruption
et du mensonge dans certains
des services de sécurité, mais nous n’avons
pas été entendus.
Troisièmement, le Hamas n’a aucune
intention d’apporter des changements
dans la région. Ce qui s’est produit fut
la conséquence de la colère des membres
du Hamas, après quoi les choses se sont
précipitées au niveau de la sécurité. Cela
s’est vu dans l’évacuation massive et collective
des bâtiments de la sécurité, parce
que de nombreux membres des Forces
de la Sécurité nationale et de la garde
présidentielle ne pensaient pas que ce
combat était le leur et qu’ils considéraient
que cela se situait hors du contexte
national.
Mais parce qu’ils sont rentrés
chez eux, toute l’affaire
est apparue comme si
c’était la branche armée
du Hamas qui avait tout
planifié. Ce n’était pas le
cas. Nous l’avons dit à plusieurs
reprises et nous le
redirons : nous ne combattions
pas le Fatah et le
Fatah ne nous combattait
pas. Le combat s’est mené
contre des éléments qui
travaillaient en fonction d’intérêts extérieurs
à nous, israéliens et des Etats-unis.
Contre des éléments
extérieurs
Quatrièmement, le Hamas a affirmé, par
la voix du Premier ministre Haniyeh,
qu’il ne déviera pas des principes auxquels
il croit : l’unité de la patrie, l’unité du
système politique et le
respect de tous les
points de vue palestiniens,
exprimés par la
légitimité des urnes et
le processus démocratique.
Cinquièmement, toutes
les questions restent
sujettes au dialogue,
que ce soit la restructuration des services
de sécurité sur la base de principes professionnels
et nationaux, la formation
d’un gouvernement de coalition nationale,
ou un partenariat politique, accompagné
d’efforts sérieux pour réformer et
restructurer l’OLP afin qu’elle puisse
jouer le rôle de représentation légitime
de notre cause nationale dans la patrie
et à l’extérieur.
Sixièmement, toutes les institutions appartiennent
au peuple palestinien, pas au
Fatah ou au Hamas. Elles doivent être
déconnectées de toute considération ou
divergence factionnelle.
Les efforts de médiation vont finir par porter
leurs fruits, ce mois ci ou le suivant,
et la situation reviendra à la normale en
termes de relations entre les factions et
forces palestiniennes car tout le monde
sait que personne ne peut amener les
Palestiniens à un accord militaire ou politique
sans consensus national. Le président
Abbas échouera lors de la conférence
internationale de l’automne prochain,
vu la poursuite du boycott contre le
Hamas. Il doit se réconcilier avec le
Hamas et avec le gouvernement de
Haniyeh afin de négocier avec de bonnes
cartes en main. Sinon, il ira à la conférence
les mains vides et en reviendra
sans patrie et sans dignité.
Vers des changements aux
Etats-Unis
Il est fort probable que l’élection de 2008
aux Etats-Unis verra la victoire d’un candidat
démocrate à la présidence. Tout
indique qu’il y aura des changements
radicaux dans la politique des Etats-Unis,
en faveur d’un plus grand équilibre en
ce qui concerne le conflit entre Arabes et
Israël.
Les Etats-Unis veulent protéger leurs
intérêts stratégiques au Moyen-Orient,
que la politique dangereuse de l’administration
Bush, complètement favorable
à Israël, a gravement affaiblis. Combiné
à une réactivation du rôle
de l’Europe, nous nous
attendons à un changement
de l’atmosphère politique.
Grâce aux efforts de notre
nation, à la justesse de notre
cause et à l’éveil de la
conscience occidentale,
nous pouvons acquérir
notre indépendance et notre
liberté et établir notre Etat en Cisjordanie
et dans la bande de Gaza, avec Jérusalem
comme capitale.
Ahmed Yusuf est un conseiller
d’Ismail Haniyeh, Premier ministre -Hamas- du gouvernement dissous
en juin dernier.