Israël s’est lancé il y a un an maintenant dans une entreprise de vengeance sans précédent. Une guerre génocidaire contre la population de Gaza : l’intention de détruire un peuple affichée le premier jour ; les dizaines de milliers de morts, les centaines de milliers de blessés, les près de deux millions de déplacés, la destruction des habitations, des hôpitaux, des écoles, des infrastructures, la famine comme arme de guerre, la disparition de tout ce qui permet la vie. Un génocide en cours depuis un an, filmé par les victimes elles-mêmes, mais dont les images sont ignorées par les grands médias.
Un génocide pour lequel la Cour internationale de justice a demandé dès le 26 janvier aux États de prendre les mesures pour le prévenir. Aucun des États qui en avait le pouvoir ne les a imposées à Israël. Pire, ils continuent à armer Israël et ne se donnent pas les moyens d’appliquer les résolutions votées en refusant de prendre la moindre sanction.
Et pendant qu’ils affichent leur soutien inconditionnel à Israël et son "droit de se défendre", ils tentent de faire taire celles et ceux qui dans leurs populations dénoncent les crimes d’Israël en criminalisant toute dénonciation du génocide en cours.
Une guerre contre tout le peuple palestinien, survenue alors que depuis 10 mois, le nouveau gouvernement israélien a amplifié le nettoyage ethnique, la colonisation et une répression féroce en Cisjordanie : centaines d’assassinats, milliers d’arrestations, attaque destructrice et meurtrière du camp de réfugié de Jénine ; le pogrom de Huwara a montré la réalité de la violence des colons encouragés par l’impunité assurée par la présence au gouvernement des ministres Ben Gvir et Smotrich. Ces mêmes colons qui appellent à recoloniser Gaza mais aussi à coloniser la Jordanie et le Liban. Ces colons pour la protection desquels certains bataillons avaient été déplacés de Gaza vers la Cisjordanie début octobre 2023.
Le génocide à Gaza est accompagné d’agressions de grande ampleur en Cisjordanie, jusqu’à fin août, avec l’opération militaire la plus importante depuis la seconde intifada et son lot de destructions et d’assassinats particulièrement dans les camps de réfugiés.
Rappelons que tout n’a pas commencé le 7 octobre, que ce processus de dépossession est en cours depuis 76 ans, et que tous les moyens sont bons pour parvenir au « grand Israël ».
Un an après, les objectifs affichés (l’élimination du Hamas et la libération des otages) ne sont pas atteints. Le Liban est donc celui sur lequel Netanyahou lave l’affront. Même stratégie qu’à Gaza : annoncer l’élimination du terrorisme, viser de manière indiscriminée les civils en dénonçant l’usage de boucliers humains, imposer des déplacements forcés à une population civile terrorisée, bombarder les habitations, passer à une invasion terrestre, rendre des zones dévastées très difficiles à reconstruire, préparer des "zones tampons". Mais aussi bombarder le Yémen et la Syrie. Pourquoi se retenir, pourquoi s’arrêter ?
Rien de tout cela ne serait possible sans le soutien des USA, sans l’impunité d’Israël érigé en norme, sans un deux poids deux mesures dans l’application du droit totalement révoltant. Pas plus que pour Gaza ou en Cisjordanie, les USA et l’Union européenne ne disent stop. Le temps où les USA savaient le faire est révolu. Pire, les assassinats de masse déclenchés par les explosions des bipeurs et des talkies-walkies ont donné lieu à des louanges sur l’ingéniosité d’Israël et Biden a déclaré que l’assassinat de Nasrallah était une mesure de justice.
Le plus inquiétant est que cela s’inscrit dans une tendance plus générale de montée de l’extrême droite où la violence et la politique de la force veulent remplacer le droit et où en France, le ministre de l’Intérieur affirme que l’état de droit n’est pas intangible ni sacré.
À l’opposé nous affirmons qu’il n’y a pas de solution militaire, que seuls le droit et son respect peuvent permettre que justice soit rendue au peuple palestinien. La Cour internationale de Justice (CIJ) a ouvert une voie en statuant que l’occupation du territoire palestinien est illégale, qu’Israël doit y mettre fin, démanteler les colonies, mettre fin au régime d’apartheid et restituer aux Palestiniens les biens confisqués. L’Assemblée générale de l’ONU, elle, exige par sa résolution du 23 septembre l’application de l’avis de la CIJ. Les États doivent donc agir et prendre les mesures immédiates et efficaces pour la mise en œuvre de cette résolution, y compris des sanctions.
Contre le chaos, la guerre et la haine, nous avons choisi le droit et la justice. Il n’y aura pas de paix sans justice.
Anne Tuaillon, présidente AFPS