Finalement, après un dialogue ardu à La Mecque, le Fatah et le Hamas sont parvenus à un accord. La proximité de la Kaaba encourage le peuple à être optimiste et à voir dans cet accord une véritable entente nationale entre les deux principaux mouvements politiques palestiniens. Du moins, espère-t-on, le sang ne coulera plus pour le moindre différend et le blocus international sera allégé. Mais l’état d’esprit des uns et des autres n’en est pas pour autant forcément modifié, et cet accord risque de s’avérer purement formel. Des craintes persistent de voir la situation intérieure exploser de nouveau, causer pour d’autres morts, victimes de guerres picrocholines qui n’ont rien à voir avec les grandes causes religieuses ou nationales.
Une des clauses de cet accord prévoit que le Hamas, ou du moins le gouvernement d’union nationale auquel il participera, reconnaisse les accords signés par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), et plus particulièrement ceux d’Oslo, qui impliquent une reconnaissance de l’Etat d’Israël. Il s’agit d’un net recul du Hamas par rapport aux positions qu’il avait fermement défendues par le passé. Dans l’histoire du conflit israélo-arabe, cela constitue un précédent qui pourrait se révéler extrêmement dangereux pour l’avenir. Car le résultat de cet accord est que l’occupation a été absoute par ceux-là mêmes dont les terres et les villages sont occupés.
Comme me l’avait dit Abdelaziz Rantissi [ancien chef du Hamas] quand je lui avais rendu visite après la première tentative d’assassinat de l’armée israélienne [le 10 juin 2003. Il a été tué lors d’une seconde attaque perpétrée le 17 avril 2004] : "Reconnaître Israël serait une trahison !" Et jusqu’à aujourd’hui, cela reste la position de principe des islamistes palestiniens et constitue une ligne rouge à ne pas franchir.
En ces temps d’échecs et de revers de la nation arabe, nous avons besoin de quelqu’un qui dise non et qui refuse d’entériner la défaite. Dire non est une nécessité politique parce qu’il est toujours possible de dire oui par la suite, alors qu’une fois qu’on a tout lâché, il ne reste plus rien à négocier. C’est ce principe que le Hamas a défendu durant ces dernières années et qui a été approuvé par sa victoire aux dernières élections.
Nombreux sont ceux qui auraient préféré que le Hamas renonce aux rênes du pouvoir plutôt que de reconnaître Israël, parce que tous les honneurs gouvernementaux du monde ne valent pas une position de principe.