Le 3 août 2021, après une détention et un interrogatoire prolongés, le tribunal militaire israélien de Ofer a entendu les accusations présentées par le procureur militaire à l’encontre de Layan Nasir, étudiante palestinienne, âgée de 21 ans. Les accusations portées contre Layan visent son rôle et ses activités présumés au sein du Pôle étudiant démocratique progressiste, une organisation étudiante de gauche jugée illégale en vertu d’un ordre militaire israélien émis par le commandement militaire israélien en août 2020. Après la négation des accusations présentées contre Layan, le tribunal militaire d’Ofer a programmé une séance d’audition de témoins le 24 août 2021. L’arrestation récente de Layan est l’une des dernières en date dans le cadre de l’intensification de la répression exercée par le régime d’occupation israélien contre toutes les facettes de la société palestinienne, en particulier l’expression et le militantisme des étudiants.
Layan Nasir a été arrêtée le 7 juillet 2021. Les Forces d’Occupation Israéliennes ont pris d’assaut son domicile dans la ville de Birzeit en Cisjordanie occupée sous le prétexte de l’arrêter pour un bref interrogatoire. Elle a été menottée, aveuglée par un masque lui couvrant les yeux, avec un autre masque lui couvrant la bouche, et transportée au camp militaire d’Ofer pour interrogatoire. Pendant l’interrogatoire, Layan a exercé son droit à rester silencieuse et a refusé de signer toute déclaration. Lors de sa première audience devant un tribunal militaire israélien, le 8 juillet 2021, sa détention a été prolongée de sept jours. Toutefois, Layan n’a pas été interrogée à nouveau, depuis sa première séance d’interrogatoire. Elle a été depuis transférée et détenue à la Prison de HaSharon. Le 14 juillet 2021, le procureur militaire israélien a présenté une liste d’accusations à l’encontre de Layan. Plus de deux semaines après, les accusations ont été lues au tribunal militaire israélien lors d’une audience le 3 août 2021.
Les accusations présentées à l’encontre de Layan Nasir, étudiante en quatrième année en la nutrition à l’Université de Birzeit, visent principalement son rôle et ses activités dans une organisation étudiante interdite par un ordre militaire israélien. Cet ordre militaire est l’un des plus de 1800 ordres militaires émis par le régime d’occupation israélien depuis sa création, qui visent à criminaliser de nombreux aspects de la vie quotidienne des Palestiniens, y compris la majorité des syndicats étudiants et des partis politiques. Le fait de cibler et de criminaliser les organisations étudiantes en alléguant leur affiliation à des entités « terroristes » viole le droit de la jeunesse palestinienne à la liberté d’association, d’expression et de création de syndicats étudiants.
Les jeunes et les étudiants palestiniens sont systématiquement pris pour cible dans le cadre de la campagne prolongée menée par Israël visant à réduire les Palestiniens au silence. Les étudiants de l’Université de Birzeit ont particulièrement fait l’objet d’attaques systématiques, de raids des FOI, et de détentions arbitraires, qui servent toutesle but ultime d’Israël de maintenir son régime d’occupation et d’apartheid sur le peuple palestinien. Au-delà des agressions physiques, de nombreux étudiants ont été aussi soumis à la torture et aux mauvais traitements pendant leur détention et leur interrogatoire.
De plus, l’arrestation de Layan fait suite à l’intensification de la campagne des FOI contre les étudiants palestiniens, les groupes de jeunes et l’expression estudiantine, avec une recrudescence des arrestations et détentions arbitraires massives d’étudiants palestiniens et la désignation de groupes d’étudiants comme « illégaux. » [1] Les arrestations et détentions arbitraires continuent d’être un élément-clé des tentatives plus larges de l’occupation israélienne pour réprimer la mobilisation et les expressions de solidarité des Palestiniens, en particulier ces dernières semaines [2]. La plus récente campagne d’arrestations massives [3] d’étudiants palestiniens engagés dans des actions de solidarité illustre une fois de plus le recours flagrant des FOI aux arrestations arbitraires comme forme de punition collective contre les Palestiniens, en violation des interdictions absolues du droit international.
Les syndicats d’étudiants, dans leur rôle de représentation de la voix des jeunes, sont des éléments essentiels d’une société démocratique. Dans la société palestinienne en particulier, les syndicats de jeunes et d’étudiants ont contribué à la mobilisation de la résistance populaire et de la solidarité transnationale contre le régime d’apartheid d’Israël et en faveur du changement social [4].
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du Groupe de Travail de l’AFPS sur les prisonniers politiques palestiniens