Depuis le début du mois de septembre 2024, les administrations pénitentiaires de Ramon et Nafha ont annoncé des annulations totales des rencontres entre les Prisonnier.es Politiques Palestinien.nes et leurs avocats respectifs. La raison de cette interdiction repose sur l’imposition d’une quarantaine à tous les détenus afin d’endiguer les épidémies de gale qui sévissent dans ces deux centres pénitentiaires.
Les maladies de peau se développent à très grande échelle dans les prisons israéliennes depuis plusieurs mois et plus particulièrement dans les centres pénitentiaires implantés dans le Neguev / Naqab : Nafha et Ramon. Mais ce type d’alerte est aussi existant dans les prisons de Megido et Ofer, respectivement au nord du territoire israélien et au centre de la Cisjordanie occupée.
Carte des centres pénitentiaires israéliens
Source : Addammeer
Dans un communiqué commun, le Club et la Commission des Prisonniers ont expliqué que l’épidémie de gale frappait actuellement les centres pénitentiaires de Megido, Nafha et Ramon. Les deux organisations ont déclaré que les autorités carcérales israéliennes avaient largement contribué à la diffusion des maladies de peau, que ces dernières se nourrissaient des mesures de restriction imposées aux prisonnier.es et que le risque que les prisons aient utilisé la gale comme outil de torture est très probable.
Pour appuyer cette accusation, les organisations de défense des prisonnier.es palestinien.nes s’appuient sur des centaines de témoignages qui confirment le refus de soigner les maladies de peau des détenus, le refus d’isoler les personnes infectées et les transferts de Palestinien.nes touchées par la maladie dans des cellules où cette dernière n’était pas encore présente.
La diffusion exponentielle des maladies de peau dans les prisons israéliennes repose aussi sur les restrictions imposées autour des questions d’hygiène. Des milliers de témoignages de prisonnier.es et de personnes libéré.es attestent que les restrictions de savon et produits hygiéniques sont systématiques, que les réductions drastiques du nombre de jours de douche et des quantités d’eau sont une norme depuis bientôt un an. Ce à quoi il faut ajouter l’impossibilité de posséder plus d’un vêtement, qu’il faut donc porter sale pendant des semaines ou mouillé après l’avoir lavé.
D’autres enjeux autour de l’épidémie sont plus systémiques telles que la surpopulation carcérale, la quasi absence de lumière naturelle et la faible ventilation des cellules. Mais l’augmentation cauchemardesque du nombre de prisonier.es politiques palestinien.nes a considérablement aggravé ces problèmes.
Leur nombre est passé de 5000 à plus de 9900, parmi lesquel.les 3323 sont détenu.es sans charges ni procès. Ce chiffre ne mentionne pas les milliers de Gazaoui.es kidnappé.es au cours des 11 derniers mois, interné.es dans des camps tout autour de la Bande de Gaza.
Sources : WAFA / Addameer / Club des Prisonniers Palestiniens / Commission des Prisonniers Palestiniens / Palestine Captives
Photo : Palestine Captives
Des camps de prisonniers en mai 2024, lors des premières alertes concernant la diffusion des maladies de peau.