Photo : Les familles de Gaza vivent à côté de montagnes d’ordures et d’eaux usées © UNRWA
La guerre de huit mois menée par Israël contre la bande de Gaza a créé une bombe à retardement mortelle : des sites à ciel ouvert où les déchets en décomposition s’entassent depuis des mois en raison du blocage de l’accès aux principales décharges de Gaza.
Cette situation a entraîné une prolifération de maladies contagieuses, en particulier parmi les personnes déplacées, dans un contexte humanitaire désastreux engendré par l’attaque génocidaire d’Israël, qui a délibérément ciblé et mis hors d’usage des infrastructures vitales.
Avec l’arrivée de l’été et la hausse des températures, la décharge du camp de Nuseirat, dans la région centrale de la bande de Gaza, est l’un des nombreux sites de ce type qui représentent un risque croissant pour la santé des milliers de Palestiniens déplacés qui ont été contraints de chercher refuge à proximité de la décharge.
Sous le soleil brûlant de midi, Mohammed Harb, 10 ans, fouille dans les piles d’ordures du nouveau marché de Nuseirat, à la recherche de morceaux de bois et de plastique pour aider sa mère à préparer la nourriture.
"Nous contractons des maladies respiratoires et des maladies de peau qui se propagent à cause des tas d’ordures près des centaines de tentes de personnes déplacées, ainsi que des odeurs nauséabondes qui s’en dégagent, surtout en ce début d’été", explique Harb à Al-Araby Al-Jadeed, l’édition homologue en langue arabe du New Arab.
Les déchets accumulés créent un environnement fertile pour la multiplication d’insectes tels que les moustiques et les mouches, ce qui contribue à la propagation des infections.
Des montagnes de déchets : Une bombe à retardement
Um Muhammed, 50 ans, décrit la vie près de la décharge de Nuseirat comme une mort vivante, ajoutant : "nous ne pouvons pas dormir à cause de la puanteur dégoûtante qui émane des ordures entassées, des moustiques et des mouches".
Elle raconte que ses jeunes enfants ont contracté une varicelle très contagieuse sans que les autorités ne réagissent.
Aya Hajjaj, une autre résidente déplacée qui a fini par vivre près de la décharge, décrit les conditions de vie à Nuseirat comme "catastrophiques" en raison de l’augmentation considérable du nombre de moustiques, de mouches et d’autres insectes.
"Il n’y a pas de mots pour décrire les souffrances que nous endurons", dit-elle, ajoutant que les enfants de la zone proche de la décharge ont développé des affections cutanées "étranges", tandis que des chiens errants errent dans la zone.
Mohammed Abu Ful, qui vit dans une tente à Nuseirat, explique que sa femme souffre de la gale, ce qui serait dû à la prolifération des insectes.
Nebal Farsakh, porte-parole du Croissant-Rouge palestinien à Gaza, a récemment confirmé avoir enregistré plus d’un million de cas de maladies infectieuses à Gaza, en particulier d’hépatite, et a mis en garde contre la propagation du choléra due à la contamination de l’eau.
Waseem Al-Louh, un employé du conseil de Nuseirat qui s’efforce d’atténuer la crise, explique que "l’accumulation des déchets près des personnes déplacées est due au fait que l’occupation [Israël] a pris le contrôle des principales décharges de l’est de la bande de Gaza".
"Nous ne pouvons pas prendre le risque de nous y rendre, car les chars israéliens y sont stationnés et en empêchent l’accès", ajoute-t-il, assis sur un chariot chargé de piles d’ordures collectées autour des tentes des personnes déplacées.
Il affirme que la municipalité de Nuseirat déploie des efforts considérables pour éliminer les déchets, afin d’éviter une catastrophe sanitaire et environnementale pour les Palestiniens de la région centrale.
À la suite de l’invasion terrestre israélienne de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le camp de Nuseirat, dans le gouvernorat de Deir Al-Balah, est devenu surpeuplé, abritant plus de 300 000 personnes originaires de différentes parties de la bande de Gaza.
La municipalité de Nuseirat s’est efforcée d’accueillir l’afflux massif de personnes déplacées malgré des ressources limitées et des infrastructures inadéquates, en particulier après les assauts militaires israéliens sur les zones nord et est du camp, qui ont laissé une grande partie du camp en ruines.
Le 8 juin, Israël a lancé un assaut aérien, terrestre et maritime massif contre les civils du marché principal du camp de Nuseirat, tuant 274 personnes et en blessant environ 700. Il s’agit de l’un des massacres les plus meurtriers depuis qu’il a lancé son assaut total contre la bande de Gaza à la suite de l’attaque du Hamas du 7 octobre.
Depuis, Israël a délibérément pris pour cible les infrastructures et les services civils, plongeant la bande de Gaza dans une crise humanitaire majeure.
Les réseaux et les stations de distribution d’eau, d’électricité et d’assainissement ont tous été détruits, de même que les routes, les puits et les camions et machines utilisés pour la collecte et l’élimination des déchets.
Traduction : AFPS