Alors que la prisonnière palestinienne Fidaa Damas a lancé sa grève de la faim illimitée, le nombre des prisonniers palestiniens qui continuent leur grève de la faim contre l’emprisonnement par les Israéliens sans inculpation ni jugement s’élève à sept : Jafar Ezzedine, Ihsan Othman, Ahmad Zahran, Mohammed Abu Aker, Mustafa al-Hassanat, Huzaifa Halabiya Bader et Fidaa Damas. Damas, 25 ans, étudiante à l’Université Libre de Jérusalem, est actuellement la seule prisonnière palestinienne détenue en détention administrative sur approximativement 50 prisonnières palestiniennes. Originaire de Beit Umar près de al-Khalil (Hébron), elle est emprisonnée depuis mai 2018.
- Jafar Ezzedine. Photo : alasra.ps
Jafar Ezzedine, 48 ans, est en grève de la faim depuis le 16 juin, au moment où il était prévu qu’il soit libéré après une condamnation à cinq mois d’emprisonnement dans les prisons israéliennes. Au lieu de retourner dans sa famille qui l’attendait à Jénine, il a été l’objet d’un ordre de trois mois de détention administrative, emprisonnement sans inculpation ni jugement. Azzedine est un vétéran de la détention administrative et a déjà effectué quatre grèves de la faim dans le passé contre son emprisonnement sur la base de preuves secrète. Des rapports indiquent que sa santé se dégrade et il éprouve de graves douleurs. En représailles pour sa protestation, il a été jeté en détention au secret et privé de visites de sa famille et de « cantine » (le magasin de la prison). Il a aussi fait part de fréquentes descentes nocturnes de gardes fouillant sa cellule, le privant de sommeil.
- Ihsan Othman
Ihsan Othman, 21 ans, étudiant à l’Université de Jérusalem, est aussi en grève de la faim depuis le 16 juin. Il a été transféré dans un hôpital après la dégradation de son état de santé ; il fait la grève de la faim contre son emprisonnement sans inculpation ni jugement. Il est emprisonné depuis le 12 septembre 2018 ; alors détenu en détention administrative dans le passé, il a participé à la grève de la faim de la Dignité de 2017.
- Le prisonnier palestinien, Mustafa Hassanat, emprisonné sans inculpation, en grève de la faim
Ahmad Zahran, 42 ans, de Deir Abu Mashal près de Ramallah est en grève de la faim depuis le 20 juin, pour protester contre sa détention administrative. Il a auparavant été emprisonné pendant 15 ans dans les prisons israéliennes. Sa grève a entraîné ses camarades détenus aussi en détention administrative, Mohammed Abu Aker, 24 ans, Mustafa Hassanat, 21ans, et Huzaifa Halabiya, 28 ans , à lancer leur propre grève de la faim. Tous les trois ont été transférés le dimanche 7 juillet de la prison du désert du Néguev à la mise au secret en représailles pour leur grève de la faim. Leur matelas est confisqué tous les jours de 6 h à 19 h pour les empêcher de se reposer, malgré le fait qu’ils éprouvent une fatigue extrême à la suite de leur grève.
- Huzaifa Halabiya
Abu Aker et Hassanat sont tous les deux du camp de réfugiés de Dheisheh, ils dirigent les militants et les organisateurs de la communauté. Halabiya est de Abu Dis, à Jerusalem ; il souffre de graves problèmes de santé pour avoir été blessé quand il était enfant, il a été brûlé sur un important pourcentage de son corps et s’est récemment battu contre la leucémie.
Cinq autres prisonniers ont suspendu leur grève après avoir bénéficié d’un accord pour mettre fin à leur détention administrative après 12 jours sans alimentation : les cinq prisonniers de Dura, près de al-Khalil (Hébron) sont les frères Mahmoud et Kayed al-Fasfous, Said al-Nammoura, Abdel-Aziz al-Suweiti et Ghandafar Abu Atwan.
Les détenus administratifs débattent de l’accentuation des démarches de protestation pour faire campagne contre la politique ininterrompue d’emprisonnement sans inculpation ni jugement. Il y a actuellement approximativement 500 Palestiniens emprisonnés sous le coup d’ordres de détention administrative. Emis pour de un à six mois à la fois sur la base de preuves secrètes, ces ordres sont indéfiniment renouvelables. Des Palestiniens passent régulièrement des années à la fois emprisonnés sous le coup de la détention administrative.
La Section des Prisons du Front Populaire de Libération de la Palestine a publié un second communiqué, mettant en exergue les appels croissants à l’action :
« Premièrement, cette semaine, d’autres prisonniers ayant reçu des ordres de détention administrative, dont certains transférés en détention administrative après l’expiration des condamnations injustes qui leur ont été imposées par les tribunaux militaires de l’occupant, vont se joindre à la grève.
Secondement, nous mettons en garde l’administration des prisons et les services de renseignement de l’occupant pour leurs violations ininterrompues des droits des prisonniers en grève de la faim.
Troisièmement, nous exhortons les masses de notre peuple et les forces de la résistance à agir en soutien des prisonniers faisant la grève de la faim par des initiatives, un soutien populaire et de larges activités. Dans cette participation, nous soutenons le rôle dirigeant des comités de Gaza pour soutenir les prisonniers par leurs nombreuses activités en soutien aux grévistes. Ceci est l’un des plus importants piliers pour soutenir la lutte des prisonniers et mettre la pression sur les leviers de la lutte pour les prisonniers et pour les grévistes de la faim en particulier. Nous apprécions aussi l’appel des forces nationales et islamiques à Ramallah pour participer aux actions mardi dans une action populaire nationale pour soutenir les prisonniers et pour rejeter toutes les tentatives de nuire à la cause de la libération nationale palestinienne.
Quatrièmement, nous demandons à tous les mouvements dans la lutte de libération nationale de développer leurs programmes de soutien aux détenus administratifs et de soulever cette questions à tous les niveaux et dans tous les lieux.
Cinquièmement, nous renouvelons notre demande aux anciens prisonniers et détenus administratifs, particulièrement à ceux qui se sont antérieurement engagés dans une grève de la faim, à participer à une journée de soutien comprenant une grève de la faim d’une journée… »
Cette bataille conjointe s’élargira, s’accentuera et demandera tout soutien et toute solidarité pour donner de la force aux prisonniers qui sont engagés dans cette confrontation, pour les rendre capables d’atteindre leurs buts. »
Samidoun, Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens, exhorte toutes les personnes à être solidaires de ces courageux prisonniers qui ont mis leur vie en jeu pour demander la liberté et la fin de ce système injuste de la détention administrative. La solidarité internationale peut les aider à gagner leurs batailles, de telle façon que toute votre participation, les manifestations, les pétitions et les appels téléphoniques puissent jour un rôle en les aidant à obtenir la victoire de la justice et de la liberté.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT prisonniers de l’AFPS