Photo : Réduction de moitié de l’aide humanitaire entrant à Gaza en février © UNRWA
La moitié de la population de la bande de Gaza est exposée à un risque imminent de famine, les pénuries alimentaires approchant des niveaux catastrophiques pour plus d’un million de personnes, a averti la Banque mondiale.
Près de six mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, la Banque, dont le siège est à Washington, a déclaré qu’une action urgente était nécessaire pour éviter que la famine ne fasse des victimes à grande échelle au cours des deux prochains mois.
Les nouvelles données de la Banque interviennent alors que le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé Israël à accorder un accès immédiat et inconditionnel à Gaza pour l’acheminement de l’aide par voie terrestre.
"J’appelle les autorités israéliennes à garantir un accès complet et sans entrave aux voies humanitaires dans l’ensemble de la bande de Gaza", a-t-il déclaré avant une réunion avec le président de la Commission européenne à Bruxelles.
La mise à jour régulière de la Banque a révélé que sur les 2,3 millions d’habitants de Gaza, 1,1 million se trouvaient dans la catégorie de risque la plus élevée, celle des personnes en situation de catastrophe, ce qui signifie un risque de malnutrition aiguë ou de décès. Quatre-vingt-quatre mille autres personnes (38 %) se trouvaient dans la catégorie immédiatement inférieure, celle des personnes en situation d’urgence, pour lesquelles une action immédiate était nécessaire pour sauver des vies. Les 12 % restants appartenaient à la troisième catégorie, celle des personnes en situation de crise. Aucun habitant de Gaza n’a été classé dans les deux catégories inférieures, à savoir les personnes en situation de stress ou les personnes en situation de sécurité alimentaire.
"Les enquêtes menées auprès des ménages révèlent des tendances alarmantes : la quasi-totalité des ménages sautent des repas quotidiennement et une part importante des enfants de moins de deux ans souffrent de malnutrition aiguë", indique le rapport.
La Banque mondiale a déclaré que la famine prévue pouvait survenir à tout moment d’ici la fin du mois de mai et que les conditions étaient exacerbées par un certain nombre de facteurs, notamment des hostilités incessantes, des dommages généralisés aux infrastructures et un accès humanitaire restreint, ce qui entrave l’acheminement des fournitures et des services essentiels.
Citant le nombre de personnes confrontées à une faim catastrophique, M. Guterres a déclaré que les dirigeants devaient "agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard". Il a également renouvelé ses appels au Hamas pour qu’il libère tous les otages israéliens sans condition.
M. Guterres s’adressera aux dirigeants de l’Union européenne lors d’un sommet qui se tiendra jeudi et au cours duquel il leur sera demandé d’adopter des conclusions appelant Israël à éviter la famine. Dans un langage plus dur, le dernier projet de déclaration indique désormais qu’un "accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave" à Gaza doit être accordé "pour fournir à la population civile une assistance vitale et des services de base à grande échelle".
Médecins Sans Frontières, qui a obtenu il y a deux jours l’accès à Rafah pour y installer un centre de soins de fortune, a indiqué qu’il constatait des diarrhées dues au manque d’hygiène et des infections respiratoires chez les enfants, causées par le fait qu’ils dorment dans des tentes en hiver.
Traduction : AFPS