L’occupation de territoires palestiniens par Israël et la discrimination envers la population palestinienne sont « les causes principales » des tensions récurrentes et de l’instabilité, estime une commission d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU dans un rapport publié mardi.
Israël, qui a refusé de coopérer avec la commission, a estimé que le rapport était « partial et biaisé, disqualifié par sa haine pour l’État d’Israël et basé sur une longue série de rapports partiaux et biaisés », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
« Les conclusions et recommandations liées aux causes profondes [de ce conflit] pointent dans leur immense majorité vers Israël, ce que nous analysons comme un indicateur de la nature asymétrique du conflit et la réalité d’un État qui en occupe un autre », écrit la présidente de cette commission, la Sud-Africaine et ancienne Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Navanethem Pillay.
« Mettre fin à l’occupation de territoires par Israël, en pleine conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité, reste crucial pour mettre fin au cycle persistant de violences », peut-on lire dans ce premier rapport rédigé par cette commission.
« Ce qui est devenu une situation d’occupation perpétuelle a été cité par des parties prenantes palestiniennes comme israéliennes comme l’une des racines des tensions récurrentes, de l’instabilité et du prolongement d’un conflit aussi bien dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est qu’en Israël », poursuit le rapport.
Il précise que le document de dix-huit pages a été soumis avant publication aux autorités palestiniennes comme israéliennes.
La commission internationale a été mandatée l’année dernière par le Conseil des droits de l’Homme pour enquêter sur les violations présumées des droits humains commises dans les Territoires palestiniens et en Israël, depuis le 13 avril 2021.
Israël, qui accuse Navanethem Pillay d’être « une militante anti-Israël », estime que l’enquête « a ignoré les véritables raisons qui ont amené Israël à défendre ses citoyens contre des organisations terroristes létales qui commettent un double crime de guerre : tirer sur des civils israéliens à partir de zones civiles dans Gaza ».
Recommandations « largement ignorées »
Les États-Unis, qui ont pourtant rejoint sous la présidence de Joe Biden le Conseil des droits de l’Homme dont Donald Trump avait claqué la porte, ont aussi réitéré leur « ferme opposition » à cette commission, jugée « partiale et biaisée ». Son existence perpétue « une tendance ancienne à réserver un traitement à part injuste à Israël », a déploré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price dans un communiqué.
La commission a été mise en place suite à la guerre de onze jours que se sont livrés Israël et le Hamas en mai 2021, durant laquelle 260 Palestiniens ont été tués par des frappes israéliennes sur Gaza, parmi lesquels des combattants, selon les autorités locales.
En Israël, les tirs de roquettes depuis Gaza ont fait treize morts, dont un soldat, d’après la police et l’armée.
Pour l’heure, la commission a passé en revue les nombreuses recommandations et résolutions déjà existantes, mais elle a souligné qu’elle devrait mener sa propre enquête.
Toutefois, Navanethem Pillay estime que ces recommandations passées « ont été largement ignorées, y compris les appels à ce que Israël rende des comptes pour les violations du droit humanitaire et des droits de l’Homme, tout comme les tirs de roquettes à l’aveugle contre Israël par des groupes armés palestiniens », écrit encore la présidente de la commission.
« C’est ce manque de mise en œuvre doublé d’un sens d’impunité ainsi que les preuves très claires qu’Israël n’a aucune intention de mettre fin à l’occupation et la discrimination permanente contre les Palestiniens qui sont au cœur de ces violations répétées aussi bien dans les Territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est et Israël », accuse-t-elle.
Pour dénoncer la publication du rapport, une vingtaine d’étudiants et de réservistes de l’armée israélienne ont manifesté mardi devant le siège des Nations unies à Genève.