Mohammed Hassan, 21 ans, étudiant palestinien détenu, aurait été testé positif au Covid-19, vendredi 24 avril, deux jours après son arrestation par les forces israéliennes d’occupation dans sa maison familiale du village de Deir Sudan. Mohammed est secrétaire de la Commission des Finances du Conseil des étudiants de l’Université de Bir Zeit ; il a été arrêté en même temps que son camarade Abdel-Rahman Misbah, coordinateur du Bloc islamique sur le campus.
Samidoun, Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens, souligne l’entière responsabilité de l’État d’Israël et de son Service des Prisons quant à la vie et à la santé de Mohammed Hassan et de ses camarades prisonniers palestiniens et exige sa libération immédiate et la libération de tous les Palestiniens emprisonnés.
Mohammed Hassan est le frère de Shatta Hassan, elle aussi prisonnière et étudiante de l’Université de Bir Zeit où elle préside la Convention du Conseil des Étudiants. Elle est emprisonnée sans inculpation ni jugement sous le régime de la détention administrative, un régime qui peut être renouvelé indéfiniment, des Palestiniens ont passé plusieurs années derrière les barreaux sans jamais avoir été inculpés ni jugés.
Le diagnostic du coronavirus a été posé après l’interrogatoire de Mohammed Hassan au centre de détention de la Moskobiyeh, de sinistre réputation. Sa détention vient d’être prolongée pour une durée de huit jours pour le soumettre à des interrogatoires supplémentaires ; à l’annonce du résultat du test, il a été transféré à la Clinique de la Prison de Ramle, selon l’Association Addameer de Soutien aux Prisonniers et des Droits de l’Homme, qui a informé sa famille de son état de santé et a commencé à préconiser sa libération immédiate.
Le centre de la Moskobiyeh est connu pour être le lieu de graves tortures et violences contre les Palestiniens détenus par les forces d’occupation israéliennes, y compris et particulièrement contre les étudiants palestiniens prisonniers. En outre, l’arrestation de Mohammed Hassan et de ses camarades étudiants met en évidence une fois encore la politique israélienne systématique de ciblage des étudiants palestiniens actifs, en vue de leur arrestation et de leur emprisonnement.
Il y a actuellement environ 250 étudiants palestiniens détenus dans les geôles israéliennes, dont 80 de la seule université de Bir Zeit, comme Mohammed et Shatha Hassan. Des milliers d’étudiants palestiniens ont déjà été ciblés en vue, les universités palestiniennes ont souvent été l’objet de descentes des forces d’occupation israéliennes ; les bureaux des organisations étudiantes ont été saccagés, leur biens confisqués et détruits. Les organisations et les blocs d’étudiants sont visés en application des mêmes ordres militaires qui ciblent les partis politiques palestiniens et les autres associations sociales et culturelles.
Même quand les associations étudiantes ne sont pas officiellement étiquetées comme « organisations interdites » par l’occupant israélien, les étudiants détenus sont systématiquement mis en accusation devant les tribunaux militaires sur la base de prétendus « liens » ou affinités idéologiques et politiques avec les partis politiques palestiniens. Des étudiants ont été emprisonnés et condamnés pour avoir organisé des activités culturelles, des foires aux livres, des projections de films et pour avoir tenu des réunions ou avoir participé aux élections annuelles sur les campus.
Cette politique de répression et de criminalisation représente aussi une menace pour la vie et la santé des étudiants, comme le cas de Mohammed Hassan en est une illustration. Les prisonniers palestiniens ont été non seulement privés de visites en tête-à-tête familiales ou juridiques en application de restrictions imposées par le Service des Prisons Israélien en prenant le prétexte du COVID-19, mais aussi on leur a refusé dans la plupart des circonstances de pouvoir appeler au téléphone les membres de leur famille ou leurs avocats. Plus de 140 articles ont été retirés de la « cantine » ou magasin de la prison, parmi lesquels des produits sanitaires indispensables, et on a de façon répétée refusé les tests aux prisonniers, même après qu’il ait été fait état d’exposition à des interrogateurs israéliens et à des gardiens de prison dont l’infection au nouveau coronavirus était confirmée.
Les conditions de vie à l’intérieur de toute prison représentent un risqué élevé de propagation immédiate et mortelle du virus, mais celui-ci est gravement accru par la négligence médicale systématique et les mauvais traitements de la part des Israéliens. Des prisonniers, qui ont été mis en quarantaine pour une probable exposition, ont été jetés dans des cellule de détention au secret, et les violentes descentes d’arrestation et les interrogatoires ont continué, malgré le fait que les interrogateurs et soldats israéliens continuent à se déplacer normalement dans la société et qu’ils mettent les prisonniers palestiniens et leur famille en grand danger d’être exposés. Au moins 67 prisonniers palestiniens ont depuis 1967 perdu la vie en raison des négligences médicales et des mauvais traitements de la part des Israéliens.
Il y a seulement trois jours, le 21 avril, Nour Barghouthi, 23 ans, a perdu la vie après qu’il se soit évanoui dans les toilettes et que les autorités pénitentiaires israéliennes aient eu au moins 30 minutes de retard pour lui procurer une assistance médicale et essayer de le ranimer ; ils n’ont apporté une assistance médicale qu’après une forte clameur, qui a persisté pendant un long moment, de ses camarades palestiniens.
La clinique de la prison de Ramle, où Mohammed Hassan est maintenant détenu - plutôt que d’être libéré pour aller dans sa famille où dans un hôpital pour y être soigné - est notoirement connue parmi les prisonniers palestiniens pour ses mauvaises conditions de vie et de soins ; ils l’ont qualifiée d’ « abattoir » et l’ont étiqueté comme un lieu de « mort lente ».
Samidoun, Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens, insiste sur le fait que le cas de Mohammed Hassan rappelle l’urgente nécessité de sa libération et de celle de ses camarades prisonniers qui sont dans les geôles israéliennes. La situation ne relève pas simplement d’un souci humanitaire pour la santé des prisonniers, mais elle reflète au contraire une politique israélienne raciste systématique de ciblage des prisonniers palestiniens dans un complet mépris de leur vie et de leur santé. La négligence médicale et l’insuffisance des soins constituent une menace constante pour les prisonniers, particulièrement pour ceux qui sont les plus vulnérables au COVID-19.
Source : Samidoun