Jeudi 29 juillet 2004 l’armée israélienne a arrêté Abdel Latif Gheith, directeur d’ Addameer, au point de contrôle (check-point) militaire de Kalandia. M. Gheith, âgé de 63 ans, tentait de passer le point de contrôle de Kalandia vers 14 heures quand il a été arrêté par des soldats israéliens postés là.
Aujourd’hui, 4 août, à 14 heures, l’avocat d’Addameer, M. Mahmoud Hasssan, a pu rendre visite à Abdel Latif Gheith, qui s’ était vu interdire la présence d’un avocat depuis son arrestation.
Dans sa déposition à Maître Hassan, Gheith a déclaré qu’il avait été détenu au point de contrôle pendant un bon moment jusqu’à l’arrivée d’un officier du Shabak, les services de sécurité générale [1], venu l’interroger au point de contrôle militaire. L’officier du Shabak l’a interrogé pendant 15 minutes sur ses activités à Addameer, sur le travail et les activités d’Addameer, et sur les employés d’Addameer.
Peu après l’interrogatoire, les soldats ont escorté Gheith à la colonie de Giva’t Ze’ev près de Jérusalem [2] et de là il a été transféré au camp de détention militaire de Benyamin, à la base militaire d’Ofer dans les faubourgs de Ramallah. Depuis son arrestation Gheith ne s’est vu notifier aucune raison de sa détention et n’a été accusé d’aucun délit.
Les règlements militaires israéliens en cours dans les Territoires Palestiniens Occupés permettent à l’armée israélienne de détenir n’importe quel Palestinien pour une durée de 8 jours sans fournir de raison de la détention.
Bien que Gheith soit résident de Jérusalem, qu’il ait une carte d’identité de Jérusalem et qu’il dépende donc d’un autre système de règles de détention, les autorités d’occupation israéliennes l’ont traité en fonction de la réglementation militaire qui s’appliquent aux détenteurs de cartes d’identité de Cisjordanie [3].
A 16 heures aujourd’hui 4 août 2004, Maître Mahmoud Hassan a été informé que le commandant militaire israélien pour la Cisjordanie avai émis un ordre de détention administrative contre Gheith. L’ordre, signé du 4 août, stipule que M. Gheith, né en 1941, résident de Shu’fat à Jérusalem, serait en détention administrative du 5 août 2004 au 4 février 2005, car il est une menace pour la sécurité de la région
Gheith rejoint ainsi 700 Palestiniens qui sont actuellement en détention administrative, emprisonnés sans accusation ni procès, dont certains ont passé plus de 3 ans en détention administrative [4]
Abdel Latif Gheith, personnalité bien connue à Jérusalem et chez les Palestiniens en général, a passé sa vie à la protection des droits humains et à des activités pour la justice sociale. Récemment il a focalisé l’essentiel de son activité et de son militantisme sur des problèmes de justice sociale et de droits humains liés aux violations des droits des résidents palestiniens de Jérusalem, tout particulièrement contre le Mur d’annexion qui a créé des enclaves de zones résidentielles palestiniennes et qui étrangle la société palestinienne.
M. Gheith est membre du Comité de la Société Civile Palestinienne à Jérusalem et du Haut Comité National Palestinien pour les Prisonniers Politiques.
Le spectre de la détention administrative n’est pas étranger à Gheith qui, comme des milliers d’autres militants palestiniens, a été déjà visé par cette forme de punition arbitraire et dévastatrice. En 1988, au début de la première Intifada, Gheith a été détenu 6 mois de manière arbitraire et, après une courte période de liberté, détenu encore 6 mois en 1989, en détention administrative.
Addameer considère que la détention de Gheith fait partie de la campagne d’oppression systématique en cours menée par Israël qui utilise la détention administrative afin de museler les militants palestiniens, dans le but de détruire le tissu social de la société palestinienne toute entière.
Comme les 700 autres Palestiniens actuellement en détention administrative et les milliers d’autres qui ont été soumis à cette forme de punition arbitraire ces dernières décennies, Gheith est détenu dans un de ces camps militaires connus pour leurs conditions inhumaines de détention. Il est soumis au tourment physique et psychologique de la détention pour une durée indéterminée, sans connaître les raisons de cette détention et sans avoir l’occasion de se défendre contre des accusations qui seraient portées contre lui.
Addameer exige la libération immédiate d’Abdel Latif Gheith et de tous les détenus administratifs qui continuent à être détenus sans accusations ni procès. Addammer exige qu’Israël cesse immédiatement sa politique d’utilisation systématique de la détention administrative.