Photo : La famine est imminente à Gaza, 12 avril 2024 © UNRWA
Un rapport d’un comité spécial des Nations unies a accusé Israël d’utiliser la famine comme arme de guerre et d’appliquer à Gaza des politiques et des pratiques qui pourraient constituer une « possibilité de génocide ».
Le comité spécial était composé de trois États membres : la Malaisie, le Sénégal et le Sri Lanka.
Le rapport, publié dans le cadre de l’examen minutieux de la réponse militaire d’Israël à l’attaque du Hamas du 7 octobre, souligne les conditions difficiles auxquelles sont confrontés les 2,3 millions d’habitants de Gaza, notamment en termes d’accès restreint à la nourriture, à l’eau, aux soins médicaux et aux abris.
« Les politiques et les pratiques d’Israël au cours de la période considérée sont conformes aux caractéristiques d’un génocide », indique le rapport, qui demande instamment que des mesures immédiates soient prises pour protéger la vie des civils.
La commission spéciale a également conclu qu’Israël commettait plusieurs violations du droit international, et pas seulement à Gaza.
« Des civils ont été tués sans discrimination et de manière disproportionnée à Gaza, tandis qu’en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, les colons israéliens, les militaires et le personnel de sécurité ont continué à violer les droits de l’homme et le droit humanitaire en toute impunité », peut-on lire dans le rapport.
La commission a ajouté que les responsables du gouvernement et de l’armée israéliens devaient rendre des comptes, notamment pour avoir utilisé un langage déshumanisant et incité à la violence.
Le rapport ne se limite pas aux mesures prises par Israël pendant sa guerre dévastatrice contre Gaza.
La commission accuse Israël de législation et de mesures « discriminatoires » qui maintiennent une séparation quasi complète entre les Palestiniens et les colons israéliens, en violation de l’article 3 sur la ségrégation raciale et l’apartheid de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.
Les violations par Israël des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et des décisions de la Cour internationale de justice (CIJ) « affaiblissent » l’ordre international fondé sur des règles, a déclaré la commission.
Le rapport recommande aux États membres de l’ONU d’exercer leur influence pour empêcher Israël de mettre en œuvre des pratiques et des politiques qui violent les droits humains des Palestiniens, de mettre fin à tous les transferts d’armes offensives, de demander des comptes aux Israéliens et de revoir les politiques financières qui permettent aux organisations religieuses et caritatives de financer des activités en Israël.
Des fronts multiples
Le rapport est publié à un moment où des actions juridiques internationales sont menées contre Israël.
À la suite de l’attentat d’octobre 2023, l’Afrique du Sud a saisi la Cour internationale de justice (CIJ), accusant Israël d’avoir commis un génocide.
C’est la deuxième fois seulement qu’un État cherche à en poursuivre un autre en vertu de la Convention sur le génocide, après la plainte déposée en 2019 par la Gambie contre le Myanmar, qu’elle accuse de génocide à l’encontre de la population rohingya.
Israël a récemment décidé de rompre ses liens avec l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa), qui a été le principal fournisseur d’aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
Les législateurs israéliens ont invoqué des allégations d’infiltration du Hamas au sein de l’Unrwa pour justifier cette décision, ce qui a suscité l’inquiétude des fonctionnaires de l’ONU, qui craignent que cette décision n’entrave encore davantage les opérations de secours.
Le rapport exhorte les organismes internationaux à accroître leur soutien à l’Unrwa, tant sur le plan politique que financier, car l’agence est confrontée à des difficultés croissantes pour fournir des services vitaux à la population palestinienne.
« Depuis l’escalade du conflit, les responsables israéliens ont publiquement soutenu les politiques privant les civils de nourriture, d’eau et de carburant, indiquant ainsi leur intention d’instrumentaliser la fourniture de produits de première nécessité », conclut le rapport.
Les conclusions des Nations unies sont corroborées par l’enquête menée par la CIJ à la suite de l’affaire de l’Afrique du Sud.
En réponse à cette affaire, la CIJ a ordonné à Israël de prendre des mesures provisoires pour prévenir le génocide, garantir l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza et préserver les preuves d’un génocide potentiel.
Cependant, Israël a rejeté la décision de la Cour, le Premier ministre Benjamin Netanyahu affirmant que l’engagement d’Israël envers le droit international était « inébranlable ».
Traduction : AFPS