Comment rapprocher des communautés méfiantes ? Achraf el Chouli, Palestinien, a ouvert un bar dans un camp de réfugiés. Il fait 34 °C dans le camp palestinien de Burj el Barajneh, au sud de Beyrouth. Burj el Barajneh reste un quartier marginalisé, rongé par la pauvreté. L’afflux des réfugiés syriens a fait plus que doubler sa population. Au premier étage d’un immeuble, la porte du café Jafra est ouverte.
450 000 Palestiniens au Liban
Achraf el Chouli, adossé à un ventilateur, fume une cigarette. « Ici je peux respirer, c’est un espace de liberté », dit-il. Achraf el Chouli a 34 ans, il est palestinien. Il est l’un des 450 000 Palestiniens vivant au Liban. La majorité d’entre eux se trouve toujours dans les camps qui ont accueilli leurs ancêtres en 1948, alors qu’ils fuyaient la création de l’État d’Israël. Deux, voire trois générations plus tard, ils n’ont pas les mêmes droits que les Libanais, et vivent séparés. Né dans un camp au sud du Liban, Achraf est parti vivre à Beyrouth en 2007. « J’y ai vu les bars, les cafés, les concerts ; j’ai voulu reproduire ça dans le camp. »
Dans les camps palestiniens, il est rare de croiser des Libanais. Les cafés sont réservés aux hommes et les jeunes traînent dans la rue. Ouvert en 2015, Jafra offre une alternative. Dans ce café-bibliothèque, on trouve des femmes, des jeunes et des personnes étrangères au camp. « C’est un lieu de rencontres pour tout le monde, où j’essaie de casser les stéréotypes sur les Palestiniens », explique le propriétaire. Chantal est accoudée au bar. Comme beaucoup de jeunes Libanais, elle a grandi dans la peur de l’autre. « Au début, quand je venais au café, nous n’arrivions pas à nous faire confiance. Après avoir beaucoup parlé, nous sommes devenus amis. »