La question de la réforme de l’OLP
est l’une des plus importantes et
complexes sur l’agenda politique
palestinien. L’organisation est considérée
comme la « seule représentante légitime
» du peuple palestinien mais elle est
actuellement dans l’incapacité de transposer
la théorie en réalité pratique acceptée
par tous les groupes palestiniens.
Depuis quarante ans, l’OLP a vécu plusieurs
changements politiques et administratifs
qui ont suscité de nombreuses
questions quant à sa capacité à assumer
les devoirs dont elle est chargée. En
conséquence, tous les grands groupes
politiques -dont le Fatah et le Hamas-
s’accordent sur l’importance de la restructuration
et de la mise en route d’une
sérieuse réforme de l’organisation afin de
la sauver de la négligence et de l’inertie
qui ont caractérisé son fonctionnement ces
dernières années.
L’un de plus gros problèmes dans la
structure de l’OLP est de savoir comment
trouver une solution à la compétition
à laquelle se livrent de nombreux
groupes palestiniens pour avoir de
l’influence et de la représentation tout
en évitant de gonfler inutilement une
structure administrative et bureaucratique
ou de rendre inopérante la capacité
décisionnelle de l’organisation.
Le contrôle strict qu’exerçait le défunt
président Yasser Arafat -imposé pour
partie par sa forte personnalité- a donné
l’impression que l’OLP était son domaine
réservé ou celui de son parti, le Fatah.
C’est en partie à cause de cette situation
que la solution d’Oslo
prônée par l’OLP a
creusé un tel fossé au
sein de l’organisation,
poussant dans l’opposition
des partis qui
étaient déjà bien intégrés,
comme le Front
populaire de Libération
de la Palestine ou
le Front démocratique
de Libération de la
Palestine.
L’établissement de
l’Autorité nationale
palestinienne (ANP) à
la suite de l’accord
d’Oslo a également entraîné une énorme
crise puisque l’ANP a en réalité dépouillé
l’OLP de nombre de ses fonctions importantes
et l’a amenée à disparaître derrière
la ligne d’horizon politique bien qu’elle
fût encore signataire d’accords importants.
En fait, depuis 1993, le rôle de
l’OLP a graduellement diminué et son
déclin se poursuit aujourd’hui. Certains
vont jusqu’à dire que l’OLP vit ses derniers
moments.
Quand le Hamas a décidé formellement
de participer à la vie politique de la nation,
il s’est focalisé sur la réforme de l’OLP
et la restructuration de son programme
politique et de son administration. A la
réunion du Caire en 2005, le Hamas et
le Fatah ont convenu qu’il était important
de commencer par des changements
pratiques. Ce qui a été confirmé par les
accords de La Mecque et le document
de Conciliation nationale. Pourtant, à ce
jour, aucune mesure sérieuse pour lancer
la réforme n’a été prise.
Des propositions de réforme
Néanmoins, le Hamas considère que
l’OLP, correctement réformée, peut jouer un rôle important et efficace sur le front
politique. L’Article 8 du programme du
gouvernement Hamas en mars 2006 traite
de la réforme de l’OLP et précise : « Le
gouvernement réaffirme l’accord auquel
les groupes palestiniens sont parvenus lors
du dialogue du Caire en mars 2005 à
propos de l’OLP et il rappelle à quel
point il est important de poursuivre en
prenant les mesures nécessaires. » Plus
récemment, Khaled Mechaal, dirigeant
du bureau politique du Hamas, a affirmé
que le Hamas entrerait à l’OLP si des
mesures sérieuses étaient prises.
A cette fin, le Hamas a fait
un certain nombre de propositions
de réforme. On y
trouve une remise à plat du
programme de l’OLP, de
façon à préserver les
constantes nationales et à
garantir les droits du peuple
palestinien. Le Hamas a
insisté sur la nécessité que
tous les groupes palestiniens
y participent afin que
l’OLP puisse prétendre vraiment
à être la « seule représentante
légitime » du
peuple.
Enfin, le Hamas a proposé une réforme
administrative des divers organismes de
l’OLP -le Conseil national, le Conseil central
et le Comité exécutif. Le Hamas
considère que des élections régulières
sont la meilleure façon de choisir des
représentants dans ces organismes, plutôt
que la politique de nominations exécutives
et de marchandage entre groupes
qui a eu cours ces dernières années.
Développer, réformer et redonner du pouvoir
à l’OLP sera bénéfique pour la cause
palestinienne. C’est une responsabilité
collective qui commence au niveau des
nombreuses forces politiques et qui monte
jusqu’au gouvernement et à la présidence.
Personne aujourd’hui ne peut nier la légitimité
ni la reconnaissance internationales
que l’OLP a su acquérir sur la scène
internationale. Aussi la réforme et le développement
de l’OLP en tant que notre
maison à tous, tous les Palestiniens et
tous les groupes politiques palestiniens,
sont-ils un devoir qui nous échoit à tous.
Ghazi Hamad est un conseiller
d’Ismail Haniyeh.