Nada Awad, AFPS - PalSol n°75
Le régime d’apartheid israélien est une réalité imposée à tous les Palestiniens. Tout au long des années, Israël a divisé les Palestiniens pour aboutir à une fragmentation géographique, juridique, et politique du peuple en quatre catégories : les Palestiniens réfugiés en dehors de la Palestine mandataire, les Palestiniens qui vivent dans ce qui est devenu Israël en 1948, les Palestiniens de Cisjordanie et Gaza, et enfin les Palestiniens de Jérusalem. Cette fragmentation stratégique du peuple palestinien est un des moyens principaux permettant à Israël d’instaurer le régime d’apartheid et de s’assurer que les Palestiniens ne puissent pas vivre ensemble en tant que peuple et exercer leur droit à l’autodétermination.
Jérusalem : une étude de cas de l’apartheid israélien
Comme tout régime colonial, et afin de pousser la fragmentation des Palestiniens, Israël a créé des systèmes d’oppressions, un exemple étant les restrictions imposées au mouvement des Palestiniens. Depuis plus de 13 ans, Israël impose un blocus sur Gaza, coupant ainsi près de deux millions de Palestiniens du reste de la Palestine. Les Palestiniens de Cisjordanie ne peuvent circuler qu’en Cisjordanie, ou Israël a implanté plus de 100 barrages militaires, leur bannissant l’accès au reste de la Palestine mandataire, dont Jérusalem. Le statut de résident des Palestiniens de Jérusalem leur permet de circuler dans la Palestine mandataire, et de voyager par l’aéroport israélien tandis que les Palestiniens de Cisjordanie, pour voyager n’ont d’autres options que d’aller en Jordanie.
À la suite de son établissement en 1948, et suivant des campagnes d’épurations ethniques, dont l’expulsion de 80 000 Palestiniens de l’ouest de Jérusalem, Israël va légiférer l’expulsion et la dépossession des Palestiniens. La manipulation démographique de la population de la ville de Jérusalem continue aujourd’hui à travers les lois politiques et pratiques israéliennes sur la nationalité et la terre, instaurant un régime d’oppression et de domination raciale.
Dès son occupation et l’annexion de l’est de la ville en 1967, Israël considère les Palestiniens comme résidents dans leur propre ville, un statut précaire et révocable conçu pour faciliter le crime de transfert de la population palestinienne afin d’atteindre les buts démographiques. La révocation des résidences des Palestiniens est une des politiques de transfert les plus directes. À ce jour, Israël a révoqué plus de 14 500 statuts de résidence. Depuis 2003, Israël interdit la réunification familiale entre les Palestiniens de Jérusalem et ceux de Cisjordanie et Gaza, accentuant ainsi le transfert des Palestiniens, obligés de quitter la ville pour vivre avec leurs conjoints.
La politique de planification urbaine israélienne a été conçue pour transférer les Palestiniens de Jérusalem. Ceux-ci ont le droit de construire dans 13 % de l’est de la ville de Jérusalem seulement, des parties qui sont déjà densément bâties. De plus, Israël n’octroie qu’un nombre très limité de permis de construire aux Palestiniens. Obligés de construire sans permis, 90 000 Palestiniens de Jérusalem vivraient avec le risque de démolition selon OCHA. Depuis 2009, Israël a démoli plus de 2 180 maisons à Jérusalem, déplaçant ainsi près de 4 000 Palestiniens. En contrepartie, Israël ne cesse de développer les colonies dans l’est de la ville.
Une leçon que nous avons apprise de l’histoire, c’est que les systèmes d’oppression et de domination ne sont pas défaits par les groupes au pouvoir qui bénéficient de l’impunité pour les violations commises. La société civile a joué un rôle central dans la mobilisation contre l’apartheid en Afrique du Sud. Il est temps, aujourd’hui pour la communauté internationale de reconnaître et combattre l’apartheid israélien.