Les prisonniers palestiniens ont annoncé leur grève de la faim sous le slogan "Notre décision est la liberté", précisant qu’ils avaient rejeté une demande de l’administration pénitentiaire sioniste de reporter leur action à mercredi.
Soutenons-les en faisans du bruit avec les hasghtags #FreeThemAll #StopAD #LiberezSalah #EndAdministrativeDetention !
🚨30 prisonniers politiques palestiniens en détention administrative ont débuté une grève de la faim reconductible ce dimanche 25 septembre 2022, dont Salah Hamouri.#StopAD #FreeThemAll pic.twitter.com/kCO5SDHyRX
— Liberté pour Salah Hamouri (@LiberezSalah) September 25, 2022
Al Jazeera rapporte que les 30 prisonniers ont déclaré que leur détention collective représentait 200 ans.
Rapidement, les grévistes de la faim ont été accueillis par une solidarité internationale, notamment par des tweets de célébrités comme l’acteur Mark Ruffalo et par une grève de solidarité de la part de Leila Khaled, "leadeuse" politique palestinienne et symbole de la résistance.
Take heed. This is not aggression. It’s a plea for justice. https://t.co/JBsSbeRihr
— Mark Ruffalo (@MarkRuffalo) September 25, 2022
L’Association du club des prisonniers palestiniens basée à Ramallah en Palestine note que les prisonniers grévistes appellent à considérer leur lutte contre la détention administrative comme une victoire pour l’unité du peuple palestinien.
L’Association du club des prisonniers palestiniens rappelle également des données clés au sujet de la détention administrative, que l’AFPS a choisi de reproduire ci-dessous :
• Le nombre de détenus administratifs dépasse aujourd’hui 780, dont au moins 6 mineurs et deux femmes détenues, le plus grand nombre d’entre eux se trouvent dans les prisons (Negev et Ofer), et ce pourcentage est le plus élevé depuis le soulèvement populaire de 2015.
• Depuis 2015, les autorités d’occupation ont émis plus de 9 500 ordres de détention administrative.
• Depuis le début de cette année 2022, les autorités d’occupation ont émis environ (1 365) ordres de détention administrative, et le pourcentage le plus élevé d’ordres de détention administrative a été émis en août dernier, et il a atteint 272.
• De fin 2011 jusqu’à la fin de cette année, les prisonniers ont mené plus de 400 grèves individuelles, dont la plupart étaient contre la détention administrative.
• Plus de 80% des détenus administratifs sont d’anciens détenus qui ont fait l’objet de nombreuses détentions administratives, parmi lesquels des personnes âgées, des malades et des enfants.
Voici les noms des 30 grévistes de la faim, parmi lesquels Salah Hamouri, avocat franco-palestinien pour lequel l’AFPS fait pression sur le gouvernement français pour exiger sa libération :
1. Nidal Abu Aker, 54 ans, du camp de réfugiés de Dheisheh, emprisonné sans inculpation ni jugement en détention administrative depuis le 1er août 2022.
2. Ehab Masoud, 50 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 17 octobre 2021.
3. Asim Al Kaabi, 44 ans, du camp de réfugiés de Balata, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 24 août 2022. 4.
4. Ahmed Hajjaj, 44 ans, de Ramallah, emprisonné sans inculpation ni jugement en détention administrative depuis le 24 août 2022. 5.
5. Thaer Taha, 43 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 1er mai 2022.
6. Rami Fadayel, 43 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 5 septembre 2022.
7. Lotfi Salah, 43 ans, de Bethléem.
8. Salah Hammouri, 37 ans, de Jérusalem, emprisonné sans charge ni procès depuis le 7 mars 2022.
9. Ghassan Zawahreh, 40 ans, du camp de réfugiés de Dheisheh, emprisonné sans charge ni procès depuis le 19 août 2022.
10. Kanaan Kanaan, 30 ans, de Hizma, emprisonné sans inculpation ni jugement en détention administrative depuis le 3 août 2022.
11. Ashraf Abu Aram, 36 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 7 juin 2021.
12. Ghassan Karajah, 32 ans, de Ramallah, emprisonné sans accusation ni procès en détention administrative depuis le 11 août 2022.
13. Saleh Abu Alia, 32 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 4 mars 2022.
14. Awad Kanaan, 32 ans, de Hizma, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 2 février 2022.
15. Leith Kassaberah, 31 ans, de Beit Anan, emprisonné sans accusation ni procès en détention administrative depuis le 1er février 2022.
16. Saleh Al-Jaidi, 30 ans, du camp de réfugiés de Dheisheh, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 4 août 2022.
17. Basil Mezher, 29 ans, du camp de réfugiés de Dheisheh, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 12 novembre 2021.
18. Majd Al-Khawaja, 28 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 14 juin 2022.
19. Jihad Shreiteh, 28 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 8 mai 2022.
20. Haitham Siyaj, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 3 novembre 2021.
21. Mustafa Al-Hasanat, 29 ans, de Bethlehem, emprisonné sans inculpation ni jugement en détention administrative depuis le 3 février 2022.
22. Azmi Shreiteh al Barghouthi, 23 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 8 mai 2022.
23. Muhammad Abu Ghazi, 22 ans, du camp de réfugiés d’Arroub, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 13 mars 2022.
24. Ahmed Al-Kharouf, 22 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 13 juin 2022.
25. Nasrallah Barghouti, 22 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative.
26. Muhammad Fuqaha, 22 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 15 mars 2022.
27. Tamer Al-Hajouj, 22 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 15 mars 2022.
28. Raghad Shamroukh, du camp de réfugiés de Dheisheh, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 12 septembre 2022.
29. Zaid Qaddoumi, de Beit Jala, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 16 septembre 2022.
30. Senar Hamad, 20 ans, de Ramallah, emprisonné sans charge ni procès en détention administrative depuis le 18 avril 2022.
Devant la prison militaire d’Ofer où sont détenus de nombreux prisonniers administratifs, les institutions des prisonniers palestiniens et les membres des familles des grévistes de la faim, dont la Société des prisonniers palestiniens et l’Association Addameer de soutien aux prisonniers et de défense des droits humains, ont lu cette déclaration :
Les êtres de cette terre méritent la vie, et aux ennemis de l’humanité, nous disons sur cette terre que cela vaut la peine de se battre pour que nous puissions vivre, et dans le cadre de notre lutte continue, nous entamons aujourd’hui une grève de la faim ouverte. Notre revendication est : de l’air pur, un ciel sans barreaux, un espace de liberté, et une réunion de famille autour de la table. L’exigence de l’occupation est de nous séparer de notre réalité sociale et de notre rôle national et humanitaire, et de nous transformer en fragments secs. Entre notre demande et la leur, l’occupant mène l’odieuse politique de la détention administrative.
Nous sommes les fils de la terre, les héritiers d’Abou Ammar, d’al-Hakim, d’al-Yassin, d’al-Shiqaqi et d’al-Qassim, et les héritiers de tous les martyrs. Partout où nous trouvons cet espace de lutte, nous coupons le chemin et levons l’épée, en réalisant ce qui nous attend : la répression, les abus, l’isolement, la confiscation de nos vêtements et des photos de nos enfants, le fait d’être jetés dans des cellules en ciment dépourvues de tout sauf de nos corps et de notre douleur, les fouilles constantes, les transferts continuels, pas de cigarettes, pas de bouteilles d’eau, nous pouvons à peine prendre une bouffée d’air. Et pourtant, malgré cette lente tuerie, nous annonçons notre cri. Rejeter l’injustice et lutter contre elle est une nourriture pour nos âmes qui volent dans le ciel de la patrie. Par cette lutte, et avec le soutien de notre peuple résistant, nous créerons un lendemain radieux.
Vous, qui êtes enracinés dans la terre, alors que nous quittons les salles de prison pour les cellules et les quartiers d’isolement, nous vous présentons nos excuses et nos remerciements, nos excuses à nos mères, pères, épouses, enfants et proches pour la douleur qui vous accompagne tout au long des jours de grève. Nous vous disons : Notre victoire réside dans votre sourire, et nos excuses à tous ceux qui seront lésés pour leur solidarité par la brutalité et la barbarie de l’occupation. Nous adressons nos remerciements à toutes les forces qui travaillent pour nous soutenir et obtenir notre victoire.
Les personnes libres partout dans le monde, en menant cette bataille contre la détention administrative, qui, nous l’espérons, se poursuivra avec l’adhésion de tous les détenus administratifs, est un maillon important de la chaîne de lutte pour mettre fin à ce crime odieux. Cette lutte est portée sur les épaules d’un groupe de combattants qui ont accepté d’élever leur voix contre l’injustice et les crimes de l’occupation. Sur la voie de la fin de cette politique arbitraire, nous renouvelons notre morale révolutionnaire palestinienne, que les forces de l’oppression n’ont pas été capables de neutraliser ou de confisquer. La volonté rend possible l’impossible, et avec la volonté de notre peuple, nous gagnerons.
Leila Khaled, icône de la résistance palestinienne et membre du Comité central du Front populaire de libération de la Palestine, a annoncé qu’elle faisait une grève de la faim en soutien aux grévistes. Dans une déclaration, elle a salué les prisonniers : "Vous êtes en première ligne pour affronter cet ennemi fasciste criminel. Avec votre grève, vous allez arracher votre liberté et la liberté de votre peuple. Gloire à vous !"
Rédaction et mise en page : AFPS / DD
Sources : Days of Palestine, Association du club des prisonniers palestiniens, Al Jazeera