Nous, élèves avocat·e·s, nous alarmons du génocide en cours contre la population palestinienne et appelons au respect du droit international par le gouvernement israélien.
L’intensification des opérations israéliennes à Rafah depuis le 6 mai aggrave la crise humanitaire que subissent les populations civiles.
Nous exprimons notre solidarité à l’égard des Palestinien·ne·s et exigeons l’arrêt immédiat des opérations militaires menées dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, au Liban et en Syrie. En outre, nous déplorons la persistance de l’occupation par l’État d’Israël des territoires palestiniens en dépit des résolutions des Nations Unies et en violation du droit international.
Le 26 janvier dernier, la Cour internationale de Justice a rendu une ordonnance enjoignant l’État d’Israël à prendre toutes mesures immédiates en son pouvoir pour prévenir la commission d’actes de génocide et à garantir la fourniture d’aide humanitaire à la population civile de Gaza.
À ce jour, le gouvernement de Benyamin Netanyahu ne s’y est toujours pas conformé.
Malgré une seconde ordonnance rendue le 28 mars 2024 et les multiples appels à un cessez-le-feu, les bombardements se sont intensifiés et l’aide humanitaire est toujours entravée, venant aggraver un bilan humain déjà désastreux.
Dans son dernier rapport du 25 mars 2024, la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés a qualifié cette situation de génocide. En six mois, au moins 34 735 personnes ont été tuées dont plus de 14 000 enfants et plus de 78 000 personnes ont été blessées dans la bande de Gaza.
Nous rappelons qu’une offensive sur Rafah, abritant plus de 1,4 million de personnes, n’aurait d’autres conséquences que de parachever le génocide en cours ainsi que la politique d’expansion coloniale. Nous relevons, comme les agences humanitaires des Nations Unies engagées sur le terrain, qu’aucun endroit « n’est sûr » dans l’enclave palestinienne.
Nous dénonçons les violations du droit international par le gouvernement israélien et regrettons que la France n’ait pour l’heure pris aucune sanction en réponse à la politique de Benyamin Netanyahu. Pire encore, des entreprises françaises continuent de vendre du matériel militaire à l’armée de Tsahal.
Nous nous mobilisons pour réaffirmer la prééminence du droit international et des droits humains.
Nous nous élevons contre le génocide, la déshumanisation des civil·e·s, l’occupation illégale et les exactions commises à Gaza et en Cisjordanie. Nous apportons notre soutien aux élèves avocat·e·s et avocat·e·s palestinien·ne·s, alors que toutes les universités et lieux de justice ont été détruits par les offensives israéliennes à Gaza.
Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat et permanent, à la protection de toutes les populations civiles et à la libération de l’ensemble des otages et prisonnier·e·s.
Notre prise de parole s’inscrit dans le contexte du mouvement international étudiant appelant à la fin de l’offensive israélienne en Palestine. Loin d’être « une minorité agissante et dangereuse », ce mouvement transcende les bords politiques pour s’indigner de la violation du droit international et de la multiplication des victimes civiles.
Par ailleurs, nous rappelons notre attachement à la liberté d’expression.
Nous dénonçons le climat délétère et pesant qui empêche la tenue de débats sereins entre élèves avocat·e·s. Les invectives et tentatives de silenciation des élèves avocat·e·s ayant pris position pour le respect du droit international sur les réseaux sociaux ou au cours de leur stage ne sont pas acceptables. Aucun élève avocat·e ne devrait craindre de répercussions, notamment professionnelles, pour avoir exercé sa liberté d’expression dans le respect de la loi.
Spécifiquement, nous condamnons avec fermeté les infractions à caractère raciste, antisémite, et islamophobe dans un contexte de recrudescence de ces dernières.
Dans le même sens, nous dénonçons l’instrumentalisation de l’antisémitisme, le dévoiement de la notion d’ordre public aux fins d’interdire les manifestations et conférences ainsi que le recours à l’infraction d’apologie du terrorisme pour restreindre les prises de position des militants soutenant les Palestinien·ne·s.
Dénoncer le génocide des Palestinien·ne·s n’est ni un acte radical ni un acte extrémiste mais une obligation morale, nous incombant tout particulièrement en tant qu’élèves avocat·e·s en vertu des principes déontologiques de dignité et d’humanité.
Nous nous associons aux résolutions du Conseil de l’Ordre du barreau de Paris du 16 janvier 2024 et du Conseil national des barreaux du 2 février 2024, lesquelles font notamment état de la situation humanitaire alarmante dans la bande de Gaza, de la mort de nombreux civil·e·s — dont des avocat·e·s — et réaffirment l’attachement indéfectible de la profession au respect du droit international.
Toutefois, nous regrettons, à date, que celles-ci ne fassent pas état du génocide en cours en Palestine. Nous appelons les institutions de la profession à le faire et à protéger la liberté d’expression dont jouissent les élèves avocat·e·s, sans crainte de répercussion sur les stages, l’obtention du CAPA ou la prestation de serment.
Enfin, nous condamnons toute relation avec des sociétés privées participant financièrement ou matériellement à la colonisation israélienne. En particulier, nous dénonçons les partenariats de l’EFB et de l’Ordre du barreau de Paris avec la BNP Paribas, entreprise ayant été, entre 2020 et 2023, le plus important financeur européen de colonies en territoires palestiniens.
Futur·e·s professionnel·le·s du droit et citoyen·ne·s, attaché·e·s au droit à l’autodétermination des peuples, nous appelons au respect du droit international, outil de justice nécessaire à l’émergence d’une paix durable en Palestine.