Dans Jérusalem -est occupée, le tramway israélien que construit, en violation du droit international, sur des terres volées à des Palestiniens, la compagnie européenne Veolia, va changer radicalement le paysage.
Veolia et son partenaire Alstom continuent à s’impliquer dans ce projet contesté, attirant l’attention d’institutions financières et d’ organisations de la société civile. Récemment, la Coalition civile pour la Défense des Droits des Palestiniens à Jérusalem, formée de 18 institutions, a mis Veolia sur sa liste noire en tant que compagnie à cibler pour son rôle dans l’affaiblissement des droits humains des Palestiniens, car elle a délibérément ignoré les appels à se retirer du projet de tramway.
Matthijs Bierman, directeur de la banque hollandaise Triodos -qui se développe très vite, a remarqué l’été passé dans leur revue Triodos Nieuws que les clients "votent avec leurs pieds." Chaque fois qu’ils achètent un produit ou un service ils votent en faveur de la compagnie. Cependant, les clients peuvent aussi émettre un vote négatif en boycottant les produits comme ils l’ont fait avec ceux qu’exportait l’Afrique du Sud à l’époque de l’ Apartheid. A la question sur la politique de la banque concernant l’investissement dans Veolia et Alstom, la banque a répondu qu’elle n’investit et n’investira pas dans ces compagnies.
Triodos na veut pas soutenir des régimes dictatoriaux du fait de leur nature antidémocratique.
En Palestine, à cause de l’occupation israélienne, la démocratie est impossible. C’est pourquoi Triodos exclut explicitement des compagnies qui contribuent à la poursuite de l’occupation, comme Veolia, Alstom, Motorola, et Caterpillar.
Dans un entretien publié récemment sur le site Internet du Centre de Recours pour le Commerce et les droits Humains (Business and Human Rights Recourse Center), des analystes auprès d’ une firme suédoise de consultants, Ethix, qui aide les investisseurs à faire des investissements responsables, expliquent que les résolutions des Nations unies sur les colonies sont prises en compte quand elle étudie les compagnies pour ses clients.
Ethix a fait une étude de compagnies qui produisent des véhicules mécanisés afin de détruire les maisons des Palestiniens ou qui manufacturent et livrent régulièrement de l’armement utilisé contre les civils en contravention au droit humanitaire.
Ethix a été informé par des rapports publiés dans les médias de la participation de Veolia et Alstom au projet de tramway à Jérusalem et a jugé que cela n’entrait pas dans les critères internationaux de l’investissement responsable.
Dans le cadre de l’affaire judiciaire menée en France contre Veolia et Alstom les compagnies ont élevé toute une série d’ objections pour éviter une discussion fondamentale au tribunal.
Ainsi, ils ont affirmé au départ n’avoir jamais signé de contrat avec le gouvernement d’Israël. Néanmoins le tribunal de Nanterre a jugé en juin 2008 que Veolia et Alstom devaient soumettre le contrat in extenso du tramway, signé le 22 septembre 2004, y compris ses annexes, de même qu’une traduction légale en français. Début septembre, les compagnies ont remis les documents exigés par la cour et l’audition suivante fut fixée au 24 novembre 2008, quand les avocats représentant l’ Organisation de Libération de la Palestine et l’Association France-Palestine Solidarité présenteront leurs arguments. La cour décidera comment poursuivre après cette audition.
Les fonds de pension hollandais ont exclu des compagnies impliquées dans la production d’armes, à cause de la pression de leurs clients. S’inspirant de cette politique, des militants ont demandé à PGGM, l’un des principaux fonds de pension hollandais, de désinvestir de Veolia, qui est l’une dese 4,500 compagnies de son porte-feuilles. Chaque année, pour PGGM, l’institution indépendante Dutch Sustainability Research passe au crible toutes les compagnies afin de dépister de possibles implications dans des violations des droits humains. Bien que Veolia n’ait pas été pointé par Dutch Sustainability Research, PGGM a promis de faire des recherches sur les activités de la compagnie et de déterminer s’il y lieu d’agir.
Dans d’autres pays européens, des militants ont commencé à peser sur les fonds de pension et les conseils municipaux afin d’exclure Veolia de leurs marchés.
Depuis quelques années, des militants au Danemark, en France, Irlande, au Pays-Bas, en Norvège, Suède et Suisse, envoient un message clair aux institutions de leurs pays qui ne devraient pas traiter avec des compagnies qui tirent profit de l’occupation israélienne. En ignorant les nombreux appels de militants à se retirer du projet de tramway à Jérusalem, Veolia et Alstom n’ont réussi qu’à consolider leur image de compagnies qui ne se préoccupent pas des droits humains et du droit international.