Conçu depuis très longtemps par les Travaillistes, déjà réalisé autour de la Bande de Gaza, le projet de mur/s israélien/s en territoire palestinien est mis en place en Cisjordanie par le gouvernement Sharon depuis juin 2002.
Il est érigé déjà sur près de 200 des quelque 700 kilomètres prévus, du nord de Jénine à Ramallah. Une autre portion tend à enclaver Bethléem plus au sud, à l’isoler de ses villages. Murs de barbelés supposés infranchissables ou énorme clôture de murs de béton de 8 mètres de haut, le Mur s’enfonce très profondément en Cisjordanie, bien loin de la Ligne Verte, la ligne de démarcation issue de la guerre de 1967.
L’avis de la Cour Internationale de Justice à La Haye en juillet 2004 a dit clairement que ce Mur est illégal, que sa construction doit être arrêtée et les tronçons érigés démantelés. La Cour a aussi dit l’illégalité de la colonisation israélienne en Palestine, ce qu’a validé un vote de l’Assemblée Générale des Nations unies, dont l’Union européenne unanime.
A la demande de la Cour Suprême israélienne qui pour la première fois a intégré le droit international dans ses décisions, quelques changements mineurs de tracé ont été acceptés pendant l’été par les autorités civiles et militaires israéliennes.
Pourtant après ces quelques hoquets dus à la pression internationale, la construction se poursuit et s’intensifie et c’est maintenant Jérusalem Est qui est directement menacée.
Au nord de Jérusalem, le quartier palestinien d’al Ram ( 60 000 habitants) est coupé en deux, les enfants n’accèdent plus à leurs écoles de l’autre côté de ce qui était la rue principale. Au cours d’une manifestation, violemment réprimée par les soldats israéliens le 13 septembre, les jeunes palestiniens criaient « laissez nous étudier ».
Au sud-est c’est Abu Dis dont la population est éclatée, séparée par les plaques sinistres qui isolent les étudiants de l’université, les malades de l’hôpital et des soins, les familles de leurs proches. Là le Mur veut comme à Silwan un peu plus à l’ouest, isoler Jérusalem du reste de la Cisjordanie, pour rendre impossible toute perspective d’en faire la capitale de l’Etat palestinien.
C’est maintenant au sud de Ramallah que 8 mètres de béton séparent la ville de son quartier périphérique, imposant aux écoliers ou aux ambulances de longs détours par le check-point de Kalandia où ils se trouvent souvent interdits de passage.
Dans les villages frappés de plein fouet par l’érection du Mur :milliers d’hectares arasés, d’arbres déracinés, centaines de maisons ou marchés détruits au bulldozer, dizaines de puits ou sources confisqués, la protestation est permanente.
Accompagnés par des Israéliens qui refusent la politique d’occupation coloniale de leur gouvernement et par des Internationaux qui tentent de protéger par leur présence la population civile palestinienne, les Palestiniens organisent des manifestations partout en Cisjordanie occupée. L’armée israélienne essaie en général de les disperser avec la violence meurtrière que l’impunité lui permet : balles réelles ou en caoutchouc, gaz lacrymogènes ou incapacitants ont fait de nombreux morts palestiniens et les blessés ne se comptent plus.
A Ram, Budrus, Jayyouz, Khader ou Sikka, les Palestiniens disent NON à l’occupation, à l’expropriation, à la spoliation de la terre et de l’eau, à la déportation déguisée qui se profile.
En parallèle à l’action politique internationale engagée par l’autorité palestinienne, la société civile, les ONGs palestiniennes regroupées dans la Coalition « STOP THE WALL » ou le PENGON (réseau d’ONGs environnementales) organisent la résistance.
C’est à leur demande qu’une semaine internationale d’action contre le Mur est prévue à partir du 9 novembre 2004, anniversaire symbolique de la chute d’un autre mur qu’on avait cru inébranlable.
Ce sont les Palestiniens qui nous demandent avec insistance d’organiser partout des actions solidaires visibles, médiatiques, pour accompagner la pression politique sur nos représentants à tous les niveaux, en France, en Europe et ailleurs. Nous devons exiger de nos gouvernants qu’ils prennent des sanctions contre Israël.
Cette semaine contre le Mur doit mobiliser nos énergies, il faut en faire notre priorité d’action, organiser partout des rencontres, rassemblements, expositions etc., en faire un grand moment d’action et de solidarité citoyenne.
– Le samedi 13 sera une journée centrale de cette mobilisation, avec des manifestations, à Paris et dans toutes les villes et villages possibles.
4 ans après le début du soulèvement palestinien contre l’occupation, les balles israéliennes massacrent les Palestiniens tous les jours, mais n’oublions pas qu’en Palestine le Mur aussi tue, il hypothèque toute perspective de paix dans la région, il tue l’avenir en plus du présent.